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Arts et culture

Histoires d’immigration : un pont culturel 

Marie-Ève Duguay
9 novembre 2021

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Article rédigé par Marie-Ève Duguay – Cheffe de pupitre Arts et culture 

En janvier dernier, les Éditions David annonçaient un concours invitant les nouveaux.elles arrivant.e.s, les gens issus de l’immigration ainsi que les individu.e.s des communautés d’accueil à partager leurs histoires liées à l’immigration. Le 30 octobre, le recueil Histoires d’immigration a été lancé officiellement, rassemblant les textes d’environ 40 auteur.e.s ayant été retenu.e.s suite au concours.

Travail collectif

Le comité d’orientation artistique chargé du projet est formé de Ama Ouattara, de Kalula Kalambay et de Monia Mazigh. Ensemble, ils et elles ont coordonné les efforts nécessaires à la collection des textes et ont supervisé la création du recueil.

Les trois membres du comité sont eux.elles-mêmes issu.e.s de l’immigration. De fait, Ouattara est auteure et photographe documentaire ottavienne d’adoption et originaire de la Côte d’Ivoire. Kalambay, quant à lui, est auteur et artiste visuel de la République démocratique du Congo. Mazigh, personnalité politique et auteure de quelques romans et recueils de textes, vient de la Tunisie.

Mazigh mentionne que c’était dans l’espoir de donner la parole aux immigrant.e.s francophones et aux personnes originaires des lieux d’accueil que s’est rassemblée leur équipe et qu’est éventuellement né le projet. Ouattara souligne également que le livre a donné la parole à des auteur.e.s originaires de tous les continents et que de l’aide en rédaction était fournie. « Le projet était l’opportunité parfaite pour ceux et celles qui voulaient partager leurs histoires, qu’ils.elles soient auteur.e.s ou non », illustre Ouattara.

Prise de parole 

À travers 40 courts récits, Histoires d’immigration explore des thèmes comme le choc culturel, la quête identitaire et le processus d’immigration, affirme la photographe documentaire.

Mazigh, dont le texte Mon diagramme de Venn a été publié dans le recueil, explore effectivement ces sujets. Son texte autobiographique raconte d’ailleurs le moment où elle est arrivée au Canada en tant qu’étudiante et les sentiments qu’elle éprouvait à l’époque. « Le texte parle des défis que [l’immigration] posait pour moi : quitter mon pays natal, venir m’établir, ne plus avoir d’ami.e.s et essayer d’en faire de nouveaux.elles, vivre avec la solitude et le sentiment qui me poussait à retourner à la maison en sont quelques exemples », explique-t-elle.

« J’essaye également de répondre à la question “qui suis-je ?” dans mon texte, en gardant compte de toutes mes identités : je suis Canadienne, immigrante, francophone, femme, musulmane… Tout cela m’a mené au diagramme de Venn, dans lequel je suis au centre. C’est un symbole qui représente pour moi l’inclusion et l’appartenance », poursuit-elle.

Mazigh explore également le défi de « devenir l’autre » : elle fait comprendre qu’ « une fois qu’on [quitte son pays natal], il y a toujours quelqu’un qui nous rappelle qu’on n’est pas chez nous, ou du moins qu’on ne l’est pas assez ». D’après Ouattara, c’est un thème présent dans de nombreuses histoires de l’œuvre.

Kalambay, quant à lui, mentionne que son texte relève de son expérience personnelle avec le long processus d’immigration, entre autres. En racontant les étapes requises pour faire rentrer ses trois enfants dans le système scolaire de la province ontarienne, Kalambay explore « les embûches administratives et le spectre des démarches nécessaires pour venir s’installer au Canada ». Son histoire s’ajoute à celles des autres auteur.e.s d’Histoires d’immigration pour montrer les différents angles morts du processus d’immigration.

Tisser des liens 

Pour Mazigh,  le livre « répond à un manque, un vide » et complète bien les autres histoires des individu.e.s qui peuplent le Canada. Elle croit que le tout « humanise les personnes qui ont immigré. Lorsqu’on parle de l’immigration, c’est souvent dans un sens péjoratif. Moi, j’y vois plutôt le contraire : c’est une richesse qui permet un apprentissage mutuel. Ce livre est la preuve que l’immigration est présente, et qu’elle a une histoire importante ».

En plus de faire ressortir l’importance du recueil pour les gens qui veulent immigrer, Kalambay souligne que le livre l’est tout autant pour le pays d’accueil. « Ceux et celles qui font les lois et les instruments d’accompagnement des immigré.e.s doivent être au courant de ce que vivent ces individu.e.s afin de pouvoir améliorer le processus []. Ceux.celles qui reçoivent les gens issus de l’immigration doivent également être en mesure de connaître leurs nouveaux.elles voisin.e.s et de comprendre les charges émotives qu’il.elle.s portent », explique-t-elle. Histoires d’immigration offre ainsi un point de vue approfondi qui laisse place à la compréhension.

Les membres du comité s’entendent pour dire qu’il est important pour les communautés d’accueil et pour les individu.e.s qui immigrent de former un tout uni. Selon eux.elles, Histoires d’immigration est devenu un pont entre les communautés, et le recueil représente ainsi un tremplin nécessaire vers l’inclusion.

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