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Arts et culture

Défendre la planète, un vers à la fois

Culture
1 octobre 2021

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Article rédigé par Marie-Ève Duguay – Cheffe du pupitre Arts et culture

Le collectif Projet TERRE est un recueil de poésie paru le 14 septembre dernier aux Éditions David, à Ottawa. Nelson Charest, co-directeur du projet et professeur du Département de français à l’Université d’Ottawa (U d’O), précise que le collectif rassemble la voix d’une trentaine de poètes. Il révèle qu’avec leur plume, les auteur.e.s cherchaient à s’exprimer sur la crise environnementale et à inviter les habitant.e.s de la planète à réfléchir sur le besoin pressant de protéger leur alma mater.

Charest, qui a surtout été responsable de la logistique derrière la création de l’œuvre, a travaillé pendant quelques années avec son co-directeur Michel Thérien, poète résidant à Ottawa, afin d’assurer la publication du livre. Il confirme d’ailleurs que l’idée du collectif est née avant la pandémie et trouve principalement ses racines dans le discours prononcé par Greta Thunberg plus tôt en 2019. « Cette jeune fille a été capable de dénoncer ce qui n’allait pas devant une grande assemblée de dirigeant.e.s. Son “How dare you?” nous a beaucoup frappé.e.s, et nous avons voulu reprendre cela dans le recueil », explique-t-il.

Par et pour la collectivité

Charest mentionne qu’outre Zachary Richard, qui est un Américain de la Louisiane, tou.te.s les poètes ayant participé au projet sont originaires des quatre coins du Canada. Le professeur de l’U d’O illustre que la question écologique doit forcément passer par la collectivité et dépasser les générations, et qu’il était ainsi nécessaire de rassembler plusieurs talents locaux, jeunes et moins jeunes, pour parler de la crise dans le cadre de Projet TERRE.

Éric Charlebois, poète ontarien et auteur de trois poèmes dans le livre, souligne que les travaux des nombreux.euses contributeur.ice.s font preuve d’une « superbe complémentarité ». Clara Lagacé, qui a publié en 2017 son recueil En cale sèche chez les Éditions David, a également contribué à Projet TERRE. D’après elle, le collectif a été l’occasion parfaite pour les auteur.e.s de  « prendre une pause et réfléchir sur la manière dont nous pouvons aider à sauver la Terre ».

Loin d’un texte idyllique

Charest signale que la poésie retrouvée dans le recueil s’éloigne des vers et de la prose romantiques qui sont souvent associés à ce genre littéraire : « Ce n’est pas un chant de la nature. On parle surtout de la rage, de la pollution, de la frustration associées à la situation ; c’est fait avec de la véhémence, c’est un cri. » Lagacé acquiesce en affirmant que ses quatre poèmes en prose sont plutôt négatifs. Elle poursuit que la lourde densité et le rythme rapide de son texte font allusion à son incapacité de s’arrêter et de réfléchir sur la situation climatique.

Si les poèmes de Charlebois sont similaires en apparence avec les autres textes qu’il a déjà publiés, ils sont bien différents en contenu. Il indique d’ailleurs que ses poèmes L’âge de la terre, L’âge du thermos et L’âge des humains enfin terriens sont moins défensifs et beaucoup plus abrasifs. Dans ses textes, il «  passe à l’attaque pour les générations à venir et pour les générations qui sont déjà là, parce qu’[il] aime croire que nous faisons encore partie de l’avenir ».

Le co-directeur du projet affirme que Projet TERRE a permis une exploration du genre poétique, « comme si la crise climatique nécessitait que l’on s’exprime différemment pour se faire comprendre ». Charest mentionne également que le projet rassemble plusieurs styles différents : Daniel Lavoie a écrit un slam, qui s’éloigne de son genre habituel, et le texte de Zachary Richard est suivi d’un court récit. Le professeur de français croit que cet éclatement poétique « rime beaucoup avec l’actualité politique et sociale ».

Plus qu’un recueil de poésie

Charlebois fait comprendre que de grands changements seront nécessaires pour sauver la Terre. Il termine en indiquant que pour en venir à une réconciliation avec la planète, il faut apprendre à dialoguer avec elle : « On se demande souvent ce qu’on peut faire pour supplémenter ce dialogue et participer à la lutte climatique, quelque chose de plus que de remplir sa boîte bleue, sa boîte verte, sa boîte brune. » Pour Charlebois et les autres poètes ayant participé au recueil, Projet TERRE est un tremplin vers cette réconciliation.

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