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Arts et culture

Entre inspiration et exploration, rencontre avec Mishka Lavigne

Culture
10 octobre 2020

Crédit visuel : Jonathan Lorange

Par Thelma Grun­disch – Jour­na­liste

Mishka Lavigne, autrice de théâtre et littérature, scénariste et diplômée de l’Université d’Ottawa a présenté en mars dernier sa pièce Copeaux au théâtre de la Nouvelle-Scène Gilles Desjar­dins. Gagnante du Prix littéraire du Gouverneur général en théâtre francophone il y a maintenant un an, elle partage aujourd’hui un retour sur son oeuvre.

La Rotonde (LR) : Votre dernier livre, Copeauxest sorti le 7 octobre dernier. Pouvez-vous nous  expliquer de quoi il parle ?

Mishka Lavigne (ML) : Copeaux, c’est l’histoire d’une relation amoureuse qui se désagrège tranquillement au fil du temps et se termine sans grand coup d’éclat, sans moment de rupture […], qui se fendille, qui tombe en morceaux. Créée avec un processus d’écriture de plateau, on a commencé à travailler là-dessus, le metteur en scène Éric Perron et moi, en 2015 avec deux comédiens Frédérique Thérien et Marc-André Charette. Nous avons commencé le processus avec du travail de mouvement, du travail d’improvisation, du travail physique et à partir de l’univers de l’artiste visuel Stefan Thompson; tout ça a mené à l’écriture du texte. 

LR : Comment vous est venue l’inspiration pour la pièce ?  

ML : C’est un peu quelque chose qu’on voit dans les univers de Stefan, cette idée-là du temps qui passe, de la nature qui est quelque chose d’un peu magique. Le processus de Stefan s’inscrit dans le temps parce que c’est un artiste qui fait des choses éphémères […], il fait ses propres pigments et papiers, alors ces pigments peuvent s’altérer au fil du temps. 

Avoir une œuvre de Stefan chez soi, c’est la voir peut-être évoluer sur une longue période aussi. Il y avait quelque chose de fascinant avec ça, quand on a commencé […]. L’idée de la nature, du cycle des saisons, du temps qui passe, le fait que les choses peuvent se désagréger ou se terminer. Ce sont des thèmes qui sont rentrés dans le travail de la pièce. 

LR : En quoi l’univers de Thompson vous a-t-il inspiré pour cette histoire ?

ML : Il y a vraiment cette idée-là de créer des hybrides d’animaux […]. Cette espèce d’univers-là, ça fait très fantasmagorie, très rêve. Et Copeaux, c’est vraiment un univers de rêves, les personnages sont constamment en train de se raconter leurs rêves, d’essayer de trouver les symboles à l’intérieur de ça. Le travail de Stefan Thompson est venu ouvrir cette porte-là du rêve ou du réalisme magique.

LR : À quoi le titre Copeaux fait-il référence ?

ML : Ça représente vraiment les morceaux, les fragments, toutes les petites choses qui se désagrègent une à la fois d’un ensemble […] ça renvoie aussi au bois, à la forêt, ce qui fait partie des univers de Thompson. Ça renvoie au naturel aussi, et aux symboles qui sont créés.

LR : Votre texte balance entre le théâtre et la poésie. Est-ce que c’est quelque chose de nouveau, que vous avez voulu explorer dans ce livre ?

ML : Ça a quand même une facture assez poétique, et c’est surtout parce que le travail de Thompson et tout le travail de corps qu’il y a eu avant l’écriture du texte […] a mené à cette espèce de style là […], comme étant quelque chose de plus cohérent pour l’univers qu’on essayait de créer. Il y a beaucoup d’images, beaucoup de métaphores […] la poésie, c’est quelque chose de très personnel, donc travailler plus près de cet univers poétique, c’était pour garder cet aspect personnel-là. 

LR : Pourquoi avoir décidé d’utiliser deux personnages sans nom ?

ML : Pour moi, les personnages de Copeaux, c’est vraiment des archétypes, c’est un « lui » et un « elle » parce que c’est les comédiens qu’on avait approché au départ […] mais ça aurait pu être deux hommes, ça aurait pu être deux femmes, […] ça aurait pu être n’importe quel âge […].

Il y a quelque chose de très universel dans cette relation-là qui s’effrite, tout le monde a déjà rencontré ça, même si c’était pas une relation amoureuse […]. Cette idée-là faisait que, pour moi, ces deux-là étaient plus des figures et ça reste dans l’univers de rêve.

LR : La représentation de la pièce devait avoir lieu en mi-mars dernier à la Nouvelle Scène Gilles Dejardins, comment vos plans ont-ils été chamboulés par la COVID-19  ?

ML : Nos deux dernières représentations ont été annulées à cause de la COVID-19. Ça a été extrêmement crève-cœur cette semaine-là, parce que ça avait tellement bien commencé […]. C’est vraiment cinq ans de travail qui se sont arrêtés de cette façon-là, j’ai l’impression que mon texte et notre production, notre spectacle, n’est pas allé à la rencontre de son public comme il l’aurait dû et c’est dommage.

Ça a été un énorme deuil à vivre pour moi, pour toute l’équipe. […] Il y a une volonté de tout le monde que ce spectacle renaisse […], on attend et on espère, mais pour le moment il faut attendre de voir ce qu’il se passe du côté de la situation sanitaire. 

Retrouvez ici l’entrevue qu’elle avait accordé à La Rotonde en mars dernier.

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