Crédit visuel : Chantal Rochefort – Courtoisie

Entrevue réalisée par Johan Savoy – Journaliste

À l’occasion du Jour des Franco-Ontarien.ne.s, La Rotonde s’est entretenue avec la nouvelle directrice générale de l’Association des Communautés Francophones d’Ottawa (ACFO), Catherine Briand. Elle nous explique son parcours, le rôle de l’Association ainsi que les enjeux actuels et à venir entourant la francophonie dans la capitale nationale et en Ontario.

La Rotonde (LR) : Vous avez récemment été nommée au poste de directrice générale de l’Association des Communautés Francophones d’Ottawa. Quel a été votre parcours avant cette nomination ?

Catherine Briand (CB) : J’ai d’abord exercé plus de dix ans dans le domaine du droit en tant que parajuriste. J’ai ensuite intégré la Chambre de commerce et de tourisme de Gaspé, au Québec, où j’ai travaillé pendant quatre ans, d’abord comme coordonnatrice aux opérations, puis comme directrice générale. À travers ces expériences, j’ai eu l’occasion de siéger dans plusieurs comités concernant le développement économique et social. 

J’éprouve, de manière générale, un grand intérêt pour la concertation, ce qui me motive à toujours m’impliquer le plus possible dans les milieux communautaires.

LR : Quel est votre rapport à la francophonie et qu’est-ce qui vous motive dans la défense de cette cause ?

CB : Le français est ma langue maternelle ainsi que celle de ma famille, elle occupe donc, forcément, une place importante dans ma vie. De plus, je trouve que c’est une langue d’une richesse absolue.

L’ACFO a pour mission de mettre en valeur les intérêts de la communauté francophone tout en favorisant son rayonnement à grande échelle, et c’est quelque chose qui m’a réellement interpellée au moment de prendre ce poste. 

Mon rôle dans l’association fait d’ailleurs écho à ce que j’ai pu réaliser par le passé lorsque j’étais à la Chambre, c’est-à-dire épauler les membres et me placer à leurs côtés dans la défense de nos enjeux. La concertation au niveau politique à propos du développement social, culturel et économique me tient énormément à cœur ; pouvoir agir tout en me plaçant en défenseuse de la cause francophone représente donc une grande source de motivation. 

LR :  La mission de l’ACFO est de représenter et de défendre les intérêts des francophones dans la capitale nationale. Quels sont les objectifs et les défis à venir pour votre association ?

CB : Si on se réfère aux sondages qui ont été récemment réalisés à propos de la qualité du service en français, on s’aperçoit qu’il y a un certain nombre de lacunes dans les services sociaux, dans le secteur de la santé ou encore dans les instances judiciaires. Ceci nous prouve qu’il y a encore un travail considérable à réaliser dans les mois et dans les années à venir pour améliorer la situation de la francophonie de façon générale.

Nous voulons réellement rendre possible l’accès aux services en français, dans les secteurs d’activités où ce n’est pas toujours possible actuellement, et c’est ici que réside certainement notre plus grand défi. 

LR : Quelles seraient, selon vous, les actions à entreprendre afin d’améliorer la situation de la langue française en Ontario et plus généralement au Canada ?

CB : Nous devons donner de la visibilité aux enjeux liés à la francophonie par le biais des médias ou auprès des acteur.ice.s politiques. Il est nécessaire qu’il y ait une véritable prise de conscience quant au fait que tou.te.s les citoyen.ne.s doivent pouvoir avoir accès aux divers services, et ce, dans leur langue. Nous allons donc travailler fort dans ce sens, de manière à ce que la voix de la communauté soit entendue. 

LR : L’Université de l’Ontario Français a finalement ouvert (virtuellement) ses portes le 9 septembre dernier après des années de lutte et d’incertitude. Qu’est-ce que cela représente pour vous ? 

CB : C’est bien entendu un pas dans la bonne direction. Cependant, nous allons continuer à suivre les engagements qui ont été pris en ce qui concerne les études postsecondaires en français. 

Les établissements scolaires francophones forment les futur.e.s travailleur.euse.s qui intégreront par la suite des milieux de travail également francophones, il est donc d’une importance capitale de continuer à veiller au développement de ces institutions qui jouent un rôle majeur dans la sauvegarde et la transmission de notre langue. L’ouverture de l’Université de l’Ontario Français à Toronto constitue donc une base de travail intéressante sur laquelle il faut s’appuyer pour continuer à œuvrer. 

LR : Le 25 septembre, comme chaque année depuis 2010, sera célébrée le Jour des Franco-Ontarien.ne.s. Quel rapport votre Association entretient-elle avec cet événement ?

CB : La journée du 25 septembre est très significative pour les Franco-Ontarien.ne.s, et c’est également le cas pour notre association. Diverses activités vont d’ailleurs rythmer cette magnifique journée, telle qu’entre autres, la symbolique levée du drapeau au Patro.

L’ACFO sera également représentée puisque nous aurons notre propre kiosque au Festival franco-ontarien afin de prendre part aux festivités durant cette fin de semaine.

LR : Le 20 septembre ont eu lieu les élections fédérales. Quelles sont vos attentes vis-à-vis des candidat.e.s qui ont été élu.e.s dans les circonscriptions de la ville d’Ottawa ?

CB : Nous espérons pouvoir entretenir de bons rapports avec les député.e.s. Une bonne communication, claire et respectueuse, est toujours primordiale pour pouvoir faire avancer les dossiers.

Nous allons nous assurer que les engagements qui ont été pris en ce qui concerne les investissements dans les espaces communautaires francophones soient respectés. 

L’immigration et la modernisation de la Loi sur les langues officielles seront également des sujets sur lesquels nous aurons un œil attentif, mais avant tout, nous espérons pouvoir travailler dans un esprit de coopération avec les différent.e.s acteur.ice.s politiques.