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Arts et culture

Just In : questionnement sur la politique spectacle

26 octobre 2019

Crédit visuel : Cath Langlois

Par Clémence Roy-Darisse – Cheffe du pupitre Arts et culture

Du 24 au 26 octobre 2019, à 19h30, la pièce Just in, présentée par le Théâtre du Trillium à la Nouvelle Scène Gilles Desjardins, propose un one-man show éclectique sur la place du spectacle en politique. Écrit par l’homme de théâtre Lucien Ratio et joué par lui-même, dans une mise en scène de Jocelyn Pelletier, le monologue de ce dernier prend l’allure d’un conte politico-fantastique. 

À l’affiche tout juste après les élections du 21 octobre dernier ainsi que la réélection de Justin Trudeau, la direction du Trillium et son équipe savait que ce spectacle allait être d’actualité. « C’est sûr que c’est un plaisir d’avoir Just in et ça tombe très bien dans la saison » explique Louis-Philipe Roy, assistant à la direction artistique et aux relations publiques.  

La pièce portrait l’histoire d’un homme se réveillant au lendemain de sa victoire politique. Après une soirée arrosée, il réalise qu’une vidéo compromettante à son sujet circule. Il essaiera de se rappeler la soirée tout en continuant à maintenir le pouvoir.

Univers politico-fantastique

Le spectacle propose deux volets :  la parodie politique mais aussi l’univers fantastique du conte, déployés sur la musique électro de l’auteur-compositeur québécois de musique Milimetrik.

Inspiré du mythe des reptiliens, la voix de monstres qui pourchassent le protagoniste et ponctuent sa quête vers le pouvoir. Le monologue comporte plusieurs voix narratives oscillant entre le réel et l’irréel, le rationnel et la folie. Elles racontent tantôt les événements passés puis plongent dans la tête du personnage pour faire parler ces monstres qui le hantent. 

L’écriture du texte a débuté durant le premier mandat de Justin Trudeau. Intrigué par la montée fulgurante en popularité de ce dernier, Lucien Ratio a compris que celui-ci faisait de la politique autrement. Il a été inspiré par la mise en scène du personnage public Justin Trudeau, son côté image, sa campagne entre autres autour des selfies

Lorsque le politicien s’est incrusté dans le métro de Montréal en 2015, pour prendre des selfies, le comédien s’est dit : « y’est donc ben hot, mais après [il s’est] dit (…); y’est filmé, y se sert de ça pour faire un stunt publicitaire ». 

Mise à nu du politicien 

La présence fragile du protagoniste, en état perpétuel d’alerte, questionne le côté « humain » des politiciens qui donnent des allures premières de personnages, voir parfois de dieux.

« Je pense que [les politiciens], c’est des personnages qu’on créer, qu’ils n’existent pas, on vote pour de quoi qui n’existe pas » explique Lucien Ratio. Il ajoute en exemple que Justin Trudeau a réussi à vendre l’image d’un parti progressiste et vert malgré l’achat du pipeline et l’affaire SNC Lavallin. En affichant l’hypocrisie politique, le spectacle entend aussi faire réfléchir les spectateurs quand à leurs responsabilités d’électeur.trice ; « je pense qu’on a les politiciens qu’on mérite […]. Je pense qu’à la base, ça part des électeur.trice.s» ajoute-t-il.  

Derrière les fards et la perfection de l’image se dévoile un homme ordinaire et torturé, souffrant tout le long du spectacle; « il pense qu’il a le contrôle mais il l’a pas, il pense qu’il est le chef mais il l’est pas, il a des ficelles qui le tirent », précise Ratio. Louis-Philipe Roy indique que le spectacle permet aux politicien.e.s « de se rapprocher de plus en plus du peuple, de les retrouver ».

En écrivant ce personnage «croche», trompant sa femme, profitant de son entourage et ne pensant qu’à lui, Lucien Ratio a rapidement dessiné involontairement une victime de sa propre machine. 

Just In questionne à la fois les rapports des politicien.e.s à leur image et le devoir des électeur.trice.s à scruter la machine et dégager le vrai du faux. 

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