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Kevin Page: Immersion dans la culture du secret au Parlement

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30 novembre 2015

Boni Guy-Roland Kadio

« Nous voulons que les étudiants apprennent davantage sur la politique publique, et Kevin Page était la personne idéale. » Voilà comment Nicholas Zelizniak, vice-président des affaires universitaires de l’Association étudiante des études internationales et politiques, a ouvert la soirée. Lundi dernier, Kevin Page, ancien directeur parlementaire du budget, était présent au pavillon des Sciences sociales pour parler de son nouveau livre, portant sur la « culture du secret » au sein de la politique canadienne.

L’ex-parlementaire a tenu une discussion sur son plus récent livre, Unaccountable : Truth and Lies on Parliament Hill. Page a également rappelé son expérience, tant dans ses difficultés que dans ses accomplissements.

Écrire sur son expérience est un appel « aux jeunes générations pour réparer nos institutions qui deviennent faibles ». Son rôle en tant que directeur parlementaire du budget consistait à donner des analyses financières à la discrétion des parlementaires pour leur permettre de mieux « élever le niveau du débat et jouer leur rôle d’imputabilité du gouvernement ».

Il dit avoir rencontré plusieurs difficultés dans l’exécution de sa fonction. En effet, souligne-t-il, il y a eu plusieurs manœuvres pour miner l’indépendance du bureau parlementaire du budget, dont la coupure gouvernementale d’un tiers de son budget de fonction, la réticence du gouvernement de fournir des informations, notamment quant aux coûts relatifs aux efforts militaires, comme en Afghanistan, et la politique d’incarcération.

Pour Jean-Pierre Kingsley, ancien directeur général des élections du Canada et professionnel en résidence de l’École supérieure des affaires publiques et internationales de l’U d’O, il existe des exemples de tactiques du secret, comme celle d’inclure beaucoup d’informations dans les notes de service, plus précisément celles des mémoires de cabinet, et inclure dans une demande d’information un aspect lié à la sécurité, ce qui allonge les délais que la loi impose pour la préparation des réponses.

Tout ceci nuit à la démocratie canadienne, explique l’orateur, car « moins on donne de renseignements au peuple auquel il a droit, moins la démocratie est performante. La démocratie repose sur le droit de savoir des électeurs et des électrices sur l’imputabilité du gouvernement. »

Gary Levy, titulaire de la chaire de recherche Bell sur la démocratie parlementaire canadienne de l’Université de Carleton, n’irait pas jusqu’à parler de « culture du secret », car il y a des choses qui doivent rester confidentielles pour de bonnes raisons, comme la sécurité nationale, le maintien de la solidarité du cabinet et les préparations budgétaires, qui sont secrètes pour prévenir que des individus les utilisent pour obtenir un avantage économique. Il parlerait plutôt d’une « culture de paranoïa » où les gouvernements sont très réticents à partager de l’information au-delà de ce qui est raisonnable.

Des mécanismes pour freiner le secret? « Le commissaire de l’accès à l’information devrait être appuyé davantage par les fonctionnaires et par les bureaux de ministres dans les demandes d’accès à l’information. Ensemble ils devraient trouver une façon de pénaliser les gens qui retiennent indûment les informations demandées ou ceux qui soustraient du public les informations », propose Kingsley. Les experts, tout comme Kevin Page, s’accordent aussi sur un point : le gouvernement précédent était excessivement réticent.

Enfin, Page a conclu sa présentation en encourageant les jeunes étudiant.e.s à s’intéresser et à participer davantage à construire la démocratie parlementaire canadienne. « Les jeunes doivent prendre le risque de faire une différence pour réparer les institutions. »

 

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