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Arts et culture

La représentation de la communauté LGBTQ+, un dilemme dans le septième art

Jacob Hotte
7 mars 2023

Crédit visuel : Marie-Ève Duguay – Rédactrice en chef  

Chronique rédigée par Jacob Hotte – Journaliste

Dans un monde hyperconnecté, la place des médias dans la société ne cesse de croître, notamment celle des médias de diffusion, dont le cinéma et les séries télévisées. A l’adolescence, certain.e.s vivent une crise d’identité, caractérisée par un sentiment de désorientation, qui peut pousser à chercher des représentations dans ces médias. Un sentiment d’attachement peut alors être ressenti lors du croisement de personnes dont l’histoire est similaire à la nôtre.

La situation peut souvent se compliquer encore plus pour de jeunes personnes queers. Non seulement se questionnent-elles sur leur identité en tant qu’adolescent.e.s, mais ce phénomène est aussi présent en ce qui concerne leur identité sexuelle et/ou de genre. Pour celles et ceux qui ne sont pas « out », les médias peuvent servir d’outil d’exploration par rapport à leur identité et aider au développement d’un sentiment d’appartenance. Toutefois, il y a un grand manque de représentations pour la communauté LGBTQ+. De plus, lorsque la représentation est stéréotypée, la nuisance qu’elle apporte peut l’emporter sur ses côtés bénéfiques.

Représentation adéquate, pourquoi ?

Selon mon expérience personnelle, la représentation dans le milieu cinématographique a toujours été un moyen de découvrir une plus grande diversité de personnages, qui sont tous aussi différents les un.e.s des autres. Provenant d’un milieu relativement conservateur, celui-ci était dominé par une démographie majoritairement blanche et cishétéronormative. C’est donc par les médias de diffusion que j’ai pu d’obtenir une plus grande ouverture d’esprit. J’ai pu découvrir une multitude d’identités présentes dans plusieurs de mes séries télévisées préférées, comme Riverdale, Shadowhunters, Euphoria ou même Sex Education, lors de mon parcours au secondaire.

Cependant, il faut l’avouer, la représentation qui y était présente n’était pas toujours la meilleure. Ce ne fut que lors du commencement de mon adolescence, soit vers la fin des années 2010, que des personnages queers sont apparus en plus grand nombre dans le septième art. Avant cela, il était pratiquement impossible pour une personne de la communauté de s’y voir représentée sans avoir à délaisser certaines parties de son identité, telles que sa sexualité.

Des stéréotypes qui limitent la visibilité

Le manque de représentations n’est pas le seul défi présent. En ce qui concerne les personnages hommes et queers représentés au cinéma, l’industrie semble ne pas vouloir se décrocher de deux stéréotypes sur-utilisés.

En premier lieu, on a le stéréotype du Gay Best Friend, ou GBF, soit un homme gay hyperfémininisé, dont l’histoire dépend entièrement de celui de sa meilleure amie, souvent un des personnages principaux de l’histoire. Ce cliché est souvent utilisé lors de comédies romantiques ou lors de drames d’écoles secondaires (pensez à Mean Girls, Isn’t It Romantic ou Emily in Paris). Cette représentation renforce souvent l’idée que si un homme est féminin, il est homosexuel, et vice-versa. Il est vrai que les notions de sexualité et d’expression de genre peuvent s’entrecroiser, mais il faut cependant retenir que celles-ci peuvent aussi exister indépendamment l’une de l’autre.

Le deuxième stéréotype concerne les personnages queers qui sont représentés à travers une lentille plus hétéronormative. Si on prend Love, Simon comme exemple, le personnage principal, Simon, ne représente pas adéquatement ce qu’être queer signifie pour la majorité de la communauté. Le film représente Simon comme une personne queer correspondant aux normes hétéronormatives, soit un gay « pas comme les autres ». L’homosexualité du personnage de Simon est certes présente dans la scène de son coming out, dans laquelle on le voit affronter de l’homophobie, mais cela dure une fraction du film, avant qu’il revienne à sa vie ordinaire pré-coming out. Le film ne fait que démontrer une partie minime de l’expérience queer. Il semble que l’on est tenté de minimiser le parcours des personnes non-hétérosexuelles afin d’éviter le malaise du public hétérosexuel.

Une résolution à tout cela ?

Comme les personnages queers, les acteur.ice.s de la même communauté sont souvent réduit.e.s à leur sexualité lorsque vient le temps de se faire sélectionner pour des rôles. Plusieurs rôles queers se font encore jouer par des personnes cisgenres et hétérosexuels, et il est difficile pour les acteur.ice.s qui font partie de la communauté de trouver un succès dans l’industrie. Il serait nécessaire que les acteur.ice.s cishets refusent de tels rôles afin de permettre aux acteur.ice.s queers d’y exceller. Permettre aux voix de la communauté LGBTQ+ de se faire entendre ne fera qu’aider à l’amélioration de la représentation de ses membres.

Il faudrait aussi penser à autre chose qu’au profit. Il semble que les compagnies de production se soucient davantage d’obtenir le plus grand public possible pour leurs œuvres cinématographiques que de tenter des représentations justes. Lorsque les personnages queer son présents, il s’agit souvent d’hommes gay blancs, ce qui ne permet pas aux films et aux séries télévisées de représenter de manière satisfaisante la réelle diversité de la communauté. Ainsi, les femmes queer et particulièrement les femmes queer racisées sont peu représentées, empêchant plusieurs de se retrouver parmi ses œuvres qui dominent la culture populaire.

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