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Arts et culture

L’art autochtone à l’Université d’Ottawa : entre innovation et héritage culturel

Antoine Jetté-Ottavi
8 Décembre 2024

Crédit visuel : Sophie Désy — Photographe

Article rédigé par Antoine Jetté-Ottavi — Chef du pupitre Arts et culture

Dans le but de promouvoir la réconciliation et l’autochtonisation, l’Université d’Ottawa (U d’O) a récemment fait l’obtention de nouvelles œuvres d’art créées par des artistes autochtones. Ces œuvres sont affichées sur les murs de la rotonde du pavillon Tabaret, dans le but d’illustrer la diversité et la richesse des cultures autochtones. 

Dominic Lafontaine, dont l’oeuvre « Wanna trade Belts? No.1 » est affichée à Tabaret, est un artiste multidisciplinaire anishinabé de la Première Nation de Timiskaming. Diplômé en arts visuels à l’U d’O, l’artiste explore l’identité culturelle avec humour et innovation dans le but de redéfinir l’art contemporain autochtone, et mêle les arts visuels, l’art numérique et l’art médiatique. Lauréat du prix CALQ 2024, il est activement engagé dans sa communauté. 

De son côté, Jessica Winters, créatrice de « Hair Braiding Booth », également affiche à Tabaret, est peintre autodidacte de Makkovik, Nunatsiavut et vit à St. John’s, Terre-Neuve. Elle s’inspire principalement de sa culture et des femmes de sa famille pour créer des œuvres réalistes célébrant la vie, les traditions et la nature. Diplômée en biologie, elle explore l’art comme un lien entre identité, mémoire et admiration.

Origines et culture comme source d’inspiration

Pour Winters et Lafontaine, le rapport entre la culture et l’art est très différent. Lafontaine s’inspire beaucoup de son identité autochtone, tandis que Winters cherche plutôt à ne pas alimenter le discours selon lequel son art mérite forcément une place et une reconnaissance en raison de ses origines autochtones.« J’aime croire que je mérite du temps et de l’espace parce que je suis une bonne artiste », explique-t-elle.

Cela dit, le vécu et l’héritage ont toujours une grande influence sur la peinture de Winters. Ayant grandi à Makkovik, elle explique tenter de reproduire ce qu’elle y a vu avant de déménager dans le Sud. C‘est à cet endroit qu’elle a réalisé « l’importance de certains aspects de [sa] culture, comme l’artisanat, le lien étroit avec la terre et le fait d’avoir grandi dans une maison remplie de femmes ». Elle reconnaît, à travers son art, la présence de ces femmes, particulièrement de sa grand-mère, comme une contribution à sa culture et à sa vie quotidienne.

Lafontaine, quant à lui, éprouve un grand désir de représentation, où la comédie se lie à ses créations : « je crée des fictions de fausses narratives. C’est l’idée du faux et de l’authentique. L’humour est vraiment au cœur de tout ça. » Lesdites narrations permettent de critiquer l’appropriation entre les cultures, d’après-lui : « Ce qui m’inspire beaucoup, c’est d’utiliser les nouvelles technologies pour questionner l’art autochtone, premièrement, et, en même temps, ma pratique. »

L’importance de l’art autochtone dans les institutions académiques

Là où se rejoignent Lafontaine et Winters, c’est au niveau de la préservation des cultures et du rôle des lieux académiques dans la sensibilisation de la population étudiante. Winters perçoit les espaces scolaires comme des lieux d’inspiration et de connexion : elle espère que l’art exposé dans des endroits publics, comme les universités, permette aux gens de se sentir liés et inspirés. Pour elle, l’art, dans ces contextes, joue un rôle dans l’établissement de liens émotionnels entre les spectateur.ice.s et les œuvres : « comme pour la préservation de toute culture, l’art est une représentation visuelle d’aspects spécifiques ». Bien qu’elle ne se concentre pas spécifiquement sur la culture autochtone dans son art, elle reconnaît que l’exposition de ses œuvres dans les lieux comme l’U d’O peut indirectement contribuer à la transmission visuelle de sa culture. 

Lafontaine considère également que l’art dans les institutions académiques est nécessaire pour éduquer, défier les perceptions et élargir les perspectives. Il souligne l’importance de contester les attentes en matière d’art autochtone dans ces espaces, comme le fait de s’attendre uniquement à des représentations traditionnelles. Ses œuvres, souvent contemporaines et expérimentales, visent à élargir la compréhension de l’art autochtone, en prouvant qu’il peut être innovant tout en honorant ses racines. Pour lui, les lieux académiques offrent une plateforme unique pour explorer et ouvrir les mentalités, ce qui contribue au dialogue interculturel et peut « ouvrir la mentalité des gens qui pensent que c’est juste de l’art autochtone, c’est juste de l’art traditionnel ».

Où trouver ces oeuvres ?

Plusieurs autres œuvres d’artistes autochtones sont affichées à travers le campus de l’U d’O. 

Par exemple, l’installation « Kinistòtàdimin », de Grace Ratt, Tina Nottaway, et Shannon Chief, est installée au pavillon des Sciences sociales. La peinture murale « L’eau, c’est la vie », peinte par les artistes métis et anichinabé Christi Belcourt et Isaac Murdoch, est située au troisième étage du pavillon Fauteux. La sculpture « Elle danse avec la terre, l’eau et le ciel », créée par l’artiste mohawk et oneida David General, peut quant à elle être trouvée sur la pelouse du pavillon Tabaret.

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