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Éditorial

Les changements escomptés se font attendre

Web-Rotonde
9 décembre 2013

– Par Ghassen Athmni –

Le crépuscule de cette année 2013 se prête parfaitement à une revue des épisodes en relief de la session d’automne et à un examen de la tendance générale qu’a suivie la politique étudiante lors des derniers mois. Tout au long des treize éditions publiées depuis septembre, l’équipe de La Rotonde a essayé, à travers ses textes de nouvelles, ses éditoriaux, ses chroniques, ses illustrations et ses photographies, de discuter certains des enjeux que nous croyions les plus importants et de susciter les débats que nous considérions primordiaux. S’il est indéniable que la somme des réactions ne permet pas de dire qu’il y existe un engouement monstre, en revanche, les échos qui en ont résulté constituent des indices qui pourraient nous encourager à aller de l’avant. Le moment est donc venu de synthétiser les faits saillants enregistrés sur le campus ces derniers mois et de tenter d’en tirer quelques conclusions.

La participation se fait rare

L’implication de la population étudiante continue de faire défaut. Proportionnellement au nombre total d’étudiants, la politique étudiante attire peu de participants. Les élections partielles et le référendum organisés par la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa ont tous deux enregistré moins que 4 % d’usage du droit de vote. On aura beau dire que les conditions dans lesquelles ces deux scrutins ont été tenus n’étaient pas des plus faciles pour obtenir une grande influence, il reste que des pourcentages aussi bas représentent un échec, pas uniquement pour la FÉUO en tant que corps, avec ses exécutifs, ses administrateurs et ses autres agents impliqués dans les échéances électorales.

Cela confirme aussi les difficultés du modèle de démocratie représentative avec lequel fonctionne la FÉUO en ce moment. Le nombre de personnes qui ont un attrait pour les choses communes est probablement plus important. Il est clair que sur ce plan, la taille de l’Université est un facteur qui joue contre les politiciens étudiants. Même si cela ne constitue pas du tout le facteur qui pèse le plus dans la balance, il est clair que solliciter autant de votes potentiels et diffuser sur une telle envergure est une besogne bien difficile. Vu qu’il n’est pas possible de modifier la taille des effectifs, il faudrait peut-être réfléchir à se doter de nouveaux moyens qui garantiraient l’obtention de résultats concluants en ce qui concerne les taux électoraux ou référendaires. Il est possible de revoir les stratégies appliquées en ce moment, d’enquêter dessus afin d’en déterminer les lacunes.

L’une des raisons qui poussent à croire que les étudiants peuvent s’impliquer plus est le fait que la participation est plus importante lors des élections (non partielles) qui, dans un exercice qui ressemble à ce qu’on voit au niveau étatique, mais à périodicité plus fréquente, est une occasion pour les étudiants de choisir leurs représentants. On dirait donc qu’on est devant un phénomène semblable à celui que connaissent les élections étatiques, une participation épisodique et ponctuelle qui vient, pour quelques jours seulement, clore une période de démission et de désintérêt, ou au mieux, d’inaction. À certains égards, c’est donc ce sentiment de ne devoir rien de plus que voter une fois par an qui fait que plus de la moitié de ceux qui votent en hiver ne participent plus pendant douze mois. Un autre donnée qui semble indiquer qu’il est possible de maximiser l’implication des étudiants est le fait qu’il y a eu plus de personnes qui ont signé la pétition pour tenir un référendum sur les Assemblées générales (AG) que de personnes qui ont donné leur voix (qu’elles soient pour ou contre).

Comme nous l’avions abordé dans de précédentes publications, les éléments extérieurs à la politique étudiante jouent beaucoup dans l’aliénation, avec l’obligation de travailler de longues heures et les tonnes de travaux relatifs aux cours et aux examens, la croyance que l’université n’est qu’un moyen d’obtenir des diplômes et des emplois et qu’il ne faut pas perdre son temps à s’occuper d’autres enjeux s’installe facilement.

Les hausses semblent inévitables

L’un des moyens de contrer cette tendance est de trouver une solution au problème des frais de scolarité. Dans le premier éditorial de l’année, avait été pointée l’intangibilité de la praxis des groupes qui veulent s’y opposer, ni la FÉUO, ni les autres organisations qui pourraient le faire, ne semblent aujourd’hui adopter une stratégie ou un plan concret qui permettrait de créer et de canaliser un mouvement contre les hausses qui seront très probablement décidées par le Bureau des gouverneurs en fin d’année, après la fin de la session d’hiver. Le scénario de l’année dernière a de très fortes chances de se reproduire cette année, avec quelques dizaines d’étudiants perturbant une réunion, de quoi gêner les membres du Bureau dans leur confort oui, sauf que l’objectif est moins de les gêner que d’obtenir des résultats concrets.

Les élections qui se profilent doivent avoir cette question au centre de leurs débats, et les candidats qui déclareront vouloir lutter pour un gel ou pour une baisse, devront exposer une stratégie claire et des objectifs précis qu’ils s’engageront à atteindre. Mais les programmes électoraux, et plus généralement les exécutifs et les administrateurs de syndicat étudiant, ne peuvent rien faire s’il n’y a pas de grande mobilisation. Cette grande mobilisation ne doit pas être une ou deux manifestations sans lendemain, mais doit être maintenue sur une longue période, par le biais de débats, de discours et d’actions, jusqu’à aboutir à des résultats concluants. Que ce soit cette année ou dans le futur, les décisions risquent toujours d’être prises après le départ du plus gros de la population, soit pendant l’été.

D’autre part, les AG qui feront probablement leur retour sur le devant de la scène au même que les élections hivernales pourraient être l’un des outils proéminents de cette lutte. Elle permettrait de démocratiser la question et d’offrir un cadre libre de toute contrainte, à tout un chacun pour y exprimer ses opinions et influencer la position syndicale sur la question. Un cadre qui permettrait enfin de rendre compte de la réalité de la situation, de savoir ce que veulent réellement les étudiants tout au long de l’année, surtout après avoir élu leurs représentants, qui devront à ce moment-là rendre plus de comptes et s’expliquer sur leur politique et leurs choix plus souvent.

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