Crédit visuel : Hidaya Tchassanti — Directrice artistique
Article rédigé par Tom Chazelle Schulze — Journaliste
Le documentaire « La révolution grise, une mèche à la fois », porté par la comédienne Geneviève Langlois, donne la parole à des femmes qui affrontent les diktats de beauté imposés par la société et plonge ses spectateur.ice.s dans les défis qu’implique le choix de porter ses cheveux gris. La Rotonde a eu la chance de s’entretenir avec Langlois et avec la réalisatrice Léa Pascal.
L’audace de s’assumer
Initialement diffusé sur ICI TOU.TV en mars 2024, et le 6 novembre sur TV5monde, le documentaire a été produit par BlikTV, société de production basée à Ottawa.
Langlois y raconte avoir pris la décision de laisser pousser sa chevelure naturelle en 2018, à l’âge de 53 ans. La comédienne mentionne l’œuvre L’apparition de Sophie Fontanel comme étant le catalyseur de sa décision, et décrit le fait de couper ses cheveux courts et de garder ses mèches grises comme étant un « pari ». Un pari gagnant, dans son cas.
En effet, Langlois explique qu’après sa propre « révolution grise », elle s’est retrouvée plus souvent devant la caméra et a témoigné d’un support qu’elle juge surprenant de la part des réalisateur.ice.s et de son agente à Montréal. Ces dernier.e.s, d’après Langlois, l’ont encouragée à assumer son choix et sa chevelure grise, lui affirmant que c’était « un look gagnant ».
Langlois considère sa décision comme une action qui a pris du courage, surtout dans un monde dans lequel l’image est « hyper importante ». Elle mentionne que les gens autour d’elle restaient « silencieux.ses » au début de son changement, surtout lorsque ses cheveux étaient dans la phase de transition de courts à longs. Elle constate également que cela lui a permis de se démarquer dans le domaine des comédien.ne.s, puisqu’il n’y pas pas beaucoup de femmes qui ont les cheveux « poivre-sel ».
Une production engagée
C’est Langlois qui a proposé à Pascal de produire le documentaire. L’actrice explique que le licenciement de Lisa LaFlamme, lequel a été vivement critiqué et accusé d’âgisme et de sexisme, l’a motivée à proposer le documentaire à la productrice ottavienne.
Pascal explique que, étant donné qu’elle n’a pas les cheveux gris, il ne s’agissait pas d’un thème qui l’interpellait forcément. Cependant, quand Langlois l’a approchée et lui a offert l’idée, il n’y a pas eu d’hésitation. « Geneviève m’a apporté le sujet, et je l’ai écoutée. », raconte-t-elle.
Dans le documentaire, nous suivons plusieurs femmes qui décident de laisser pousser leurs cheveux gris et blancs. Pascal explique que ces femmes ont été trouvées par une annonce de BlikTV. Similairement, les personnes suivies pendant les groupes de discussion, qui ont d’ailleurs eu lieu dans des salles de l’Université d’Ottawa, ont été trouvées à l’aide d’annonces dans des journaux.
L’objectif du documentaire est clair, d’après les deux femmes : montrer que le choix d’assumer ses cheveux gris n’est pas un acte de « négligence apparente », mais peut être un symbole de liberté et d’acceptation de soi, peu importe l’âge.
Selon Langlois et Pascal, la pandémie a joué un rôle catalyseur pour de nombreuses femmes, qui n’avaient plus accès à leurs coiffeur.se.s, de laisser pousser leurs cheveux gris.
Un écho puissant
Depuis sa diffusion, le documentaire a reçu des réactions enthousiastes et de nombreux témoignages, notamment sur les réseaux sociaux, affirme Langlois. Pour elle, le but du documentaire était de briser les tabous sociétaux et d’offrir aux femmes une aide dans leur propre parcours vers l’acceptation de soi. D’ailleurs, de nombreuses femmes ont pris la parole pour partager leur gratitude. Langlois explique être touchée par les retours du public : « Ce petit documentaire fait son bout de chemin ». Elle raconte avoir reçu de nombreux messages de femmes, et même d’hommes, qui se sentent concerné.e.s par la pression sociale liée à l’apparence et la jeunesse.
Les participantes suivies dans le documentaire, quant à elles, affirment à la fin du documentaire avoir vu leur confiance renforcée. Certaines racontent qu’elles ont eu un soutien inattendu et ont eu la réalisation qu’elles ne sont pas seules dans leur cheminement vers la « liberté capillaire ». La comédienne affirme « [qu’il] faut oser le changement » et se réjouit du fait que de plus en plus de femmes assument leur couleur naturelle avec fierté.