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Éditorial

Les mécanismes salvateurs

Web-Rotonde
30 septembre 2013

 

 

 

 

 

 

 

– Par Ghassen Athmni –

L’Université d’Ottawa (U d’O), tout comme la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO), n’ont surement pas apprécié ce que le Justice Centre for Constitutional Freedoms (JCCF) leur a adressé cette semaine (voir page 3). Loin de moi l’idée d’accorder plus qu’il n’en faut de crédit à l’organisme unilingue anglophone albertain. Mon propos découle directement de la publication du Campus Freedom Index, mais il est important d’avertir nos chers lecteurs pour les rassurer sur le fait qu’il ne s’agit ici que d’une conjoncture qui nous permet de continuer à essayer de susciter un débat autour des institutions administratives et estudiantines de l’U d’O.


Des mécanismes propres aux campus

Afin d’éviter que des rapports du genre aient un quelconque écho, non pas que le Campus Freedom Index en ait eu sur le campus, et s’il n’en a pas eu ce n’est surement pas pour les bonnes raisons, il faudrait penser à se doter de moyens qui permettraient plus d’adhésion des étudiants. En accord avec la thèse défendue dans l’Éditorial du 23 septembre, les Assemblées générales (AG) seraient évidemment une réponse convaincante. Le Conseil d’administration de la FÉUO concentre, selon la constitution du syndicat, les pleins pouvoirs et peut décider sans supervision ou obligation de rendre compte à un organe désigné. Il serait intéressant de voir si la campagne pour l’instauration des AG aboutit positivement et prévoit un tel mécanisme de contrôle des organes exécutifs par la population étudiante.

Une telle configuration permettrait de lutter toute exclusion potentielle, tous les étudiants auront accès aux réunions des AG et y auront le droit de parole. Cela permettrait aussi d’enrichir les débats, d’approfondir les concepts et de consolider les principes qui régissent la politique et les affaires étudiantes.

Envahir tous les espaces 

Une autre problématique implicitement et inconsciemment soulevée par le Campus Index Freedom s’offre aux étudiants. Celle du rapport à l’administration. Encore une fois, il n’est pas question de reprendre les allégations du JCCF ou de fonder un argumentaire sur ses notations. Simplement, certains des points invoqués dans le rapport, aussi bien sur le plan théorique que sur le plan factuel, portent effectivement à confusion et questionnent assurément le bien-fondé des politiques de l’U d’O. Cependant, le questionnement ne doit nullement s’arrêter là où ceux qui interprètent les problématiques de liberté fondamentale avec une abstraction dénaturante, digne d’une équation mathématique, choisissent de jeter leur ancre. Si les politiques administratives engendrent de telles équivoques, pour ne pas dire autre chose, c’est aussi et surtout parce que ceux qui sont l’essence véritable de l’Université n’ont aucun droit de regard sur ce qui se trame.

Le Bureau des gouverneurs, le meilleur des exemples, est composé par une majorité qui ne subit aucunement ses décisions. Avec seulement deux représentants, les étudiants n’y représentent aucun poids. Il n’existe à l’U d’O, ni ailleurs, aucun mécanisme institutionnel qui oblige les décideurs de répondre de leurs actes devant ceux qui en subissent quotidiennement les conséquences. D’ailleurs, excepté les discours officiels, qui suivent par définition un seul vecteur, et dans lesquels ont ne recèle qu’une information inutile ou inintelligible, il n’existe aucune communication entre la population étudiante et les dirigeants universitaires. Nous avons l’affligeante impression que cet ordre est implacable, qu’il est là par respect pour une certaine tradition et qu’il est impensable de le perturber ou d’en questionner le bon sens. Cette absence d’interaction autour des enjeux primordiaux suggère que l’un des principes fondateurs de l’institution universitaire est le paternalisme exacerbé, lui-même issu de la perception des étudiants comme des mineurs incapables d’être impliqués dans des processus de prise de décision ou du moins dans les débats qui s’y juxtaposent.

L’Université, tout comme tout ce qui l’encadre, est un terrain qui offre et force une multitude de combats potentiels pour la communauté étudiante. Les associations groupes et les individus militants se doivent d’envahir tous les espaces possibles, y compris dans l’institution afin de pouvoir jouer leurs rôles. Concrètement, cela se traduirait par l’exigence d’accroître la représentativité des étudiants dans les organes décisionnels et dans des organes de supervision, ainsi que par d’incessantes adresses au corps enseignant et au corps administratif dans le dessein de traduire les aspirations étudiantes. Évidemment, cette évolution exige un attroupement des forces étudiantes dont la prépondérance serait massive, mais encore une fois, fidèle à sa ligne de défense des intérêts étudiants, La Rotonde se doit de lancer un appel pour la rupture avec l’attentisme et la passivité.

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