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Arts et culture

Les revers du palmarès

Web-Rotonde
12 mars 2012

CHRONIQUE – Turlupinades

Catherine Dib | Chef de pupitre
@catherinedib

Les décomptes. On en fait au nouvel an, on en écoute à la radio, on aime en retrouver dans nos revues hebdomadaires et ils pullulent sur internet.

« Voilà, on a mijoté pour vous le meilleur d’aujourd’hui, ne cherchez pas plus loin. » Le format, je dois l’avouer, est séduisant. On flanque d’un chiffre l’œuvre d’un moment et hop! on la remet à sa place. Dossier clos. Pas le temps d’analyser ça, franchement.

On accorde beaucoup trop d’importance à ces évaluations, on aime ces certitudes. Tout comme on aime savoir quels films sont en lice aux Oscars, pour distinguer la bon lot du mauvais. L’alpha de l’epsilon, catégorisation dystopique tout droit sortie de l’œuvre d’Aldous Huxley.

Le danger, à imposer ces décomptes, ces étoiles ou ces pointages aux œuvres d’art, est d’en simplifier la compréhension. En effet, une fois la catégorisation accomplie, on est soulagé par ce système binaire gagnant/perdant : aucune analyse supplémentaire n’est nécessaire. Tout le contraire de la façon de découvrir les complexités qui ornent la démarche créative de l’artiste.

Et ça ne s’arrête point là, ce réseau de palmarès, tel qu’on retrouve à l’entrée de la librairie ou d’un HMV près de chez nous, limite les œuvres dignes d’être connues. Ce réseau de palmarès garde donc les artistes de renom dans ce circuit fermé, ouvrant rarement la brèche à l’underdog.

On va bien sûr contester ces classifications de temps à autre, remettre en question leur validité, mais il reste que leur influence donne une visibilité indubitable aux œuvres sélectionnées, qu’on le veuille ou non.

Le culte de la personnalité prévaut toujours. On se rassure dans ces instances supérieures qui peuvent décider de ce qui est bon pour nous, notre propre jugement ne valant plus grand-chose. Ces podiums donnent lieu à des grils panini-sur-le-pouce que l’on prend sur le go, mais réduisent malheureusement la découverte des arts à un simple jeu de consommation. Une fois de plus, notre monde prouve que ce qui lui importe, c’est le combien plutôt que le pourquoi.

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