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L’option de note satisfaisant/non satisfaisant : une fausse bonne idée ?

Camille Cottais
26 novembre 2021

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Article rédigé par Camille Cottais – Cheffe du pupitre Actualités

Le Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO) fera pression sur l’Université d’Ottawa (U d’O) pour pousser celle-ci à offrir à tou.te.s les étudiant.e.s de premier cycle la possibilité de choisir, pour un cours par semestre, le système de notation satisfaisant/non satisfaisant (S/NS) plutôt qu’une note alphanumérique. Celui-ci n’est cependant pas sans répercussions pour les étudiant.e.s, les professeur.e.s et le système académique dans son ensemble.

Lors de l’Assemblée générale du SÉUO du 15 novembre dernier, une motion était particulièrement attendue : celle proposant de faire pression sur l’Université afin de réduire le stress lié aux notes. Cette motion, adoptée à la quasi-unanimité, proposait d’inciter l’administration de l’U d’O à introduire un système de notation plus compatissant pour les étudiant.e.s en première année, et surtout à offrir la possibilité de recevoir un résultat final S/NS, remplaçant une éventuelle mauvaise note, pour tout le premier cycle.

Ce système était déjà possible durant les semestres d’hiver 2020, d’automne 2020 et d’hiver 2021. Il s’agissait d’une mesure exceptionnelle visant à répondre aux difficultés engendrées par la pandémie de COVID-19. Certain.e.s étudiant.e.s souhaiteraient cependant le voir se pérenniser.

Pandémie et stress lié aux notes

La motion a été proposée par Ryan Banfield, étudiant en science politique et administration publique à l’U d’O. Selon lui, la pandémie de la COVID-19 a rendu plus difficile l’obtention d’excellentes notes, particulièrement pour les étudiant.e.s ayant des problèmes de santé mentale ou des difficultés d’apprentissage. Il dénonce le stress relatif à l’obtention de bonnes notes et ses conséquences négatives sur le rendement universitaire.

Yara Elmasry, étudiante à l’U d’O en deuxième année d’informatique, est à l’initiative d’une pétition demandant à l’Université d’offrir l’option de notation S/NS pour le semestre d’automne 2021. Interrogée par La Rotonde, elle évoque une charge de travail particulièrement lourde ce semestre, ainsi que des difficultés rencontrées par beaucoup d’étudiant.e.s pour s’adapter au mode d’enseignement bimodal.

Ce sont les principales raisons pour lesquelles elle a décidé de lancer cette pétition, signée à ce jour par plus de 2 700 étudiant.e.s. En outre, elle rappelle que l’Université Carleton a annoncé offrir cette possibilité à ses étudiant.e.s et encourage l’U d’O à en faire de même. Elle mentionne également qu’obtenir une note qualitative plutôt que quantitative est également possible pour ceux.celles en immersion française à l’U d’O, et ce pour leurs quatre premiers semestres.

Derek Voitic, étudiant en science politique, est quant à lui opposé à cette motion. S’il reconnaît que la pandémie a un impact négatif sur les résultats des étudiant.e.s, il pense « qu’il y aura toujours quelque chose qui aura un effet négatif sur les notes de quelqu’un à l’université ».

Selon Voitic, nous avons fait le choix de poursuivre nos études universitaires, malgré des conditions loin d’être idéales. « La qualité du travail que nous soumettons est le résultat de nos capacités et devrait être notée comme telle, même en temps de pandémie », déclare-t-il.

Peu de chances d’aboutissement

Lia Bosquet, commissaire aux affaires francophones du SÉUO, se prononce à titre personnel contre la motion : « Je me positionne contre, mais puisque les étudiant.e.s ont voté en faveur, on fera campagne pour, car nous sommes là pour représenter les étudiant.e.s. »

Cependant, elle juge que celle-ci a très peu de chances d’aboutir, car l’Université demeure peu ouverte à ce sujet. « Nous avons peu d’espoir que l’Université change de position », admet-elle, rapportant qu’il a déjà été très difficile de la convaincre lors du semestre dernier.

Banfield reste réaliste : il ne s’attend pas à ce que l’Université réponde à toutes les demandes de sa motion. Il déclare cependant avoir voulu rédiger une motion importante et ambitieuse dans l’espoir que l’administration de l’Université donne au Syndicat une partie de ce qu’il demande.

Une dévalorisation des diplômes ?

Bosquet craint que l’option de notation satisfaisant/non satisfaisant provoque une inflation des notes et ainsi dévalue les diplômes universitaires. Elle rapporte que la moyenne pondérée cumulative nécessaire pour certains programmes de maîtrise a été augmentée pour cette raison.

C’est selon elle la raison pour laquelle l’Université refuse d’offrir cette option. Si elle admet que cela était important au début de la pandémie, elle ne pense pas qu’il s’agisse de quelque chose de tenable à long terme. C’est particulièrement le cas, selon la commissaire, pour les étudiant.e.s voulant continuer en maîtrise et en doctorat, car les standards seront plus hauts et leurs dossiers moins bons si une note satisfaisante y est inscrite. « Beaucoup d’étudiant.e.s ne se rendent pas compte qu’ils sont en train de se pénaliser avec cela », finit-elle.

Selon Elmasry, les personnes qui jugent que cela dévalorise leur diplôme peuvent simplement ne pas utiliser cette option, mais elles ne devraient pas empêcher les autres d’en bénéficier. C’est également l’avis de Banfield, qui estime que c’est aux étudiant.e.s de juger eux-mêmes si l’utilisation de la notation satisfaisant/non satisfaisant est la bonne option pour elles.eux, en tenant compte des avantages et des inconvénients.

Revenir à la normale 

Voitic a déclaré lors de l’Assemblée générale qu’il était temps, après deux ans de pandémie, de « revenir à la normale ». Selon lui, l’option satisfaisant/non satisfaisant est une mesure exceptionnelle, qui ne peut donc pas rester de façon permanente.

Banfield, au contraire, souhaiterait que ce système reste pérenne pour les étudiant.e.s bénéficiant d’aménagements scolaires. Il aimerait également que le système de notation soit plus compassionnel pour les étudiant.e.s en première année, même après la pandémie. Ces dernier.e.s peuvent en effet, selon lui, éprouver des difficultés pour transitionner de l’école seconde vers les études postsecondaires.

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