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L’U d’O entend consolider son engagement envers les peuples autochtones

Crédit visuel : Jessica Malutama – Co-rédactrice en chef

Article rédigé par Sandra Uhlrich — Journaliste

Depuis 2017, l’Université d’Ottawa (U d’O) s’est engagée dans le processus de Vérité et Réconciliation. Au mois de mai dernier, deux annonces ont marqué l’avancée de cet engagement : le lancement du deuxième Plan d’action autochtone (PAA) ainsi que l’exonération des frais de scolarité pour les étudiant.e.s issu.e.s des nations algonquines. Ces étapes importantes cherchent à cultiver les relations entre l’Université et les Premières Nations. 

Renforcer le processus d’autochtonisation à l’U d’O

En 2017, le Bureau des Affaires autochtones (BAA) a vu le jour avec comme objectifs de décoloniser et d’autochtoniser l’U d’O, au travers de diverses politiques et initiatives. Tareyn Johnson, directrice du BAA depuis sa création, a largement contribué à l’élan d’actions sur le campus. 

Elle définit le processus d’autochtonisation comme l’addition des savoirs et manières de faire autochtones aux structures existantes. En complément, un travail de décolonisation — et donc de soustraction aux structures existantes — est essentiel afin de créer l’espace nécessaire à l’autochtonisation. Johnson insiste sur la complémentarité de ces deux processus : l’un ne fonctionne pas sans l’autre. 

Afin de faciliter ce processus, l’équipe de Johnson a élaboré un PAA plus complet et accompli. Inspiré du wìgwàm Anishinaabeg, il se décline en quatre cerceaux symbolisant les piliers de la communauté : 1) Établissement ; 2) Facultés, départements et programmes ; 3) Espace physique ; 4) Communauté autochtone. 

Johnson explique que « les gens sont vraiment investis et souhaitent accompagner cette démarche [d’autochtonisation], ils.elles ne savent simplement pas par où commencer ». D’où la création du PAA, outil transversal et multidimensionnel, qui souhaite redéfinir les fondations même de l’U d’O.  

Intégration des savoirs autochtones dans la salle de classe

Intégrer des savoirs autochtones directement dans la salle de classe est un aspect fondamental du processus d’autochtonisation du PAA. 

Dans cette démarche, Quanah Traviss, président du Indigenous Advocacy Group, souligne la nécessité d’intégrer une approche intersectionnelle : « Nous ne voulons pas seulement parler des questions autochtones au Canada, nous voulons parler de toutes sortes de questions d’un point de vue autochtone. » 

Son groupe de revendication contribue à cet objectif par la création de courtes vidéos informatives sur divers sujets, tels que des projets de loi, la mémoire d’activistes autochtones ou encore l’importance du jour de la robe rouge. 

Mike Diabo, conseiller spécial au BAA, souligne également la nécessité d’entreprendre l’intégration des savoirs dans une dynamique de réciprocité. Il ne s’agit pas simplement d’extraire le savoir autochtone sans prendre en compte la communauté qui le préserve et le contexte plus large dans lequel il s’inscrit. 

Traviss souligne que l’Association des étudiant(e)s autochtones (AÉA) a maintes fois plaidé auprès de l’administration centrale « pour plus de respect envers les connaissances autochtones et envers notre présence dans le monde, au sein de la salle de classe ». Cependant, cette intégration des savoirs dépend beaucoup de l’initiative personnelle des professeur.e.s. 

Comme le souligne Johnson, aucun temps de planification supplémentaire n’est actuellement accordé aux professeur.e.s pour cette addition à leur contenu de cours, bien que le BAA puisse leur offrir un certain soutien. Traviss précise cependant qu’il « y a des professeur.e.s qui réussissent vraiment parce qu’ils.elles prennent le temps d’apprendre ce que cela signifie une intégration réussie ». 

Relations entre les communautés autochtones et l’Université 

Le quatrième cerceau du PAA se focalise sur la création de liens avec les communautés. C’est aussi sur cet aspect que souhaite se concentrer Johnson dans les années à venir. Selon elle, les relations entre les communautés autochtones et l’U d’O doivent être redessinées, puisqu’elles ont longtemps été définies par l’étroite histoire qu’entretenait l’Université avec les pensionnats autochtones. 

En effet, la congrégation qui a fondé et dirigé l’Université de 1846 à 1965 – les Oblats – a joué un rôle important dans l’établissement des pensionnats autochtones et plus largement dans le génocide des Première Nations, Inuit et Métis. 

En mai a été annoncée l’exonération des droits de scolarité pour les étudiant.e.s issu.e.s des nations Anishinabeg. C’est un pas dans la bonne direction, selon Johnson, qui souligne cependant qu’il « s’agit d’un geste d’excuse obligatoire qui n’a que trop tardé. Nous avons dépassé depuis longtemps la simple gentillesse ». 

Traviss ajoute que c’est une façon de reconnaître le privilège que l’U d’O a d’exister sur la terre des peuples algonquins, « ainsi que tout le savoir et l’enseignement que ces nations ont partagés avec nous en tant qu’institution ». 

Traviss mentionne qu’un.e étudiant.e sur cinquante est d’origine autochtone, ce qui est non négligeable. Il s’exprime : « L’université peut faire et dire tout ce qu’elle veut pour faire avancer le dossier de l’autochtonisation, des relations avec les communautés et du respect des peuples autochtones, mais elle ne parviendra jamais à ses fins tant qu’elle entretiendra des positions contradictoires. » 

Il mentionne notamment la reconnaissance officielle de l’implication de cette dernière dans les pensionnats autochtones, et qui tarde à venir, bien que des cérémonies officielles pour la Vérité et Réconciliation aient lieu depuis plusieurs années. 

De plus, il revendique la cessation du partenariat de l’Université avec la RBC, jugeant que « la Banque Royale du Canada a à maintes reprises violé le respect des peuples autochtones […] et qu’un partenariat avec cette banque ne témoigne pas d’une Université réellement prête à participer à une pleine réconciliation ».

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