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La communauté étudiante a parlé : cessons les relations avec RBC

Marina Toure
17 février 2023

Crédit visuel : Wikimedia Commons

Article rédigé par Marina Touré – Cheffe du pupitre Actualités

Depuis plusieurs années, les activistes pour le climat, ainsi que les Premières Nations, font campagne pour le désinvestissement dans les combustibles fossiles au Canada. Les grandes banques canadiennes font partie des plus grands investisseurs au monde dans les combustibles fossiles. Parmi elles se trouve la banque RBC, qui possède une succursale sur le campus de l’Université d’Ottawa (U d’O), à UCU. Quels sont les combats menés par les groupes activistes pour faire cesser ce partenariat ?

La banque RBC est le 5e financeur des combustibles fossiles au monde et le premier au Canada, insiste Evelyn Austin et Shana Quesnel, respectivement coordinatrice de l’organisation Banking on a Better Future et membre de l’équipe exécutive de Justice Climatique à l’U d’O. Selon Austin, non seulement cet investissement est un danger pour la planète, mais les projets d’extraction au Canada violent souvent gravement les droits des communautés autochtones. La construction de ligne tuyau se fait souvent à travers leurs terres, sans leur consentement ni respect de leurs droits ancestraux, dénonce-t-elle.

Constat actuel

Quesnel rappelle que son groupe mène une campagne de désinvestissement depuis 2021 à l’U d’O. Une campagne qui a porté ses fruits au début de l’année 2022, lorsque l’Université a annoncé son plan de désinvestissement dans les combustibles fossiles d’ici 2030, ajoute-t-elle. Cette victoire n’a cependant pas annoncé la fin des activités de son groupe, car l’U d’O n’a pas pour autant cessé ses relations avec la banque RBC.

Le Syndicat étudiant de l’U d’O (SÉUO) a fait passer à l’Assemblé générale de l’automne 2022 une motion qui encourage les clubs à effectuer leurs affaires bancaires dans des unions de crédit. Cette motion mettait aussi en place la suppression de toute mention de la banque RBC sur le site web du SÉUO. Zachary Flahaut, Commissaire des clubs et des services au SÉUO, explique que cette motion a permis d’accélérer un processus qui avait déjà débuté au sein du Syndicat, soit leur volonté d’eux-mêmes s’aligner avec leur position de désinvestissement.

Cependant, il annonce que le Syndicat a tout de même choisi de laisser la liberté aux clubs quant à leurs affaires bancaires. Si l’on peut trouver sur site du Syndicat une liste d’unions de crédit fournie par Banking on a Better Future, cela reste pour lui un choix assez difficile. Bien souvent, celles-ci n’ont en effet pas de branches locales à Ottawa, poursuit-il.

C’est une pensée partagée par Austin, qui reconnaît la difficulté d’accès aux unions de crédit pour certains services. Il n’en reste pas moins que pour elle, cela est la meilleure alternative aux banques. Les unions de crédit n’investissent pas dans les combustibles fossiles, et offrent une véritable «avenue pour le changement», confie-t-elle. Elles permettent notamment à chaque membre de l’union de s’exprimer, contrairement aux grandes banques, conclut-elle.

Pression et attaques

Austin et Quesnel ont donc décidé de prendre le chemin de l’activisme pour apporter le changement qu’elles jugent nécessaire. Ce n’est pas pour autant sans risque, comme le montre la venue de l’équipe de sécurité du campus à la manifestation organisée par Justice Climatique à l’U d’O. Quesnel, qui a participé à la manifestation, note son sentiment d’inconfort face à la venue de la police sur les lieux. Si cela n’est pas la première fois qu’un.e représentant.e de la banque RBC menace, ou envoie la sécurité, continue-t-elle, elle affirme ressentir une certaine pression face à son activisme.

Il s’agit tout même selon Austin du meilleur moyen pour tenir les institutions bancaires responsables de leurs actions. «La pression publique est la meilleure solution pour apporter le changement», insiste-t-elle. En effet, la communauté étudiante représente une base de clientèle future pour des banques comme RBC, ajoute-t-elle. La banque tente selon elle d’impressionner les étudiant.e.s en organisant tous types d’événements sur le campus. C’est donc pour elle le meilleur moment pour «s’y rendre et poser des questions difficiles sur leurs investissements».

Comme le mentionne Quesnel, ce n’est pas un combat temporaire. Flahaut dévoile que le Syndicat discute mensuellement avec l’administration de leur position sur le désinvestissement, notamment sur la fin des relations avec la banque RBC. Quesnel et Austin invitent les étudiant.e.s à se questionner sur l’omniprésence de ces institutions. Il faut selon elles se méfier de la manipulation exercée par RBC, soit par exemple le financement de projets pour l’environnement durable, mais sans pour autant régler les causes du problème, soit cesser les investissements, dénote Quesnel.

Il est donc nécessaire selon Flahaut, Quesnel et Austin de continuer à s’investir dans les campagnes et les réunions, afin de faire représenter les opinions des étudiant.e.s quant à la place des institutions bancaires dans les universités.

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