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La maîtrise de l’anglais, bientôt un prérequis pour la réussite du programme ?

Web-Rotonde
25 juillet 2017

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Par : Nicolas Hubert-Journaliste 

Le 8 janvier 2017, le Centre des droits étudiants (CDÉ) de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) avait publié un communiqué intitulé « Un autre affront au Français commis par l’Université d’Ottawa » dénonçant la nomination de plusieurs professeurs unilingues anglophones à des postes de direction de la Faculté des sciences de la santé, dont notamment celle de Wendy Sword, Directrice et doyenne associée de l’École des sciences infirmières. La Rotonde tente de faire le point sur la situation du bilinguisme à l’École des sciences infirmières.

La communauté étudiante francophone marginalisée et sous-représentée

Selon plusieurs échos reçus par La Rotonde de sources préférant conserver l’anonymat, la communauté étudiante francophone du programme en sciences infirmières tendrait en effet à être marginalisée et sous-représentée, tandis que la nomination d’une directrice non francophone influencerait négativement le travail des professeurs de l’École. Ces derniers, en plus de se voir imposer l’Anglais comme langue de communication avec la direction, serviraient de fait comme interprètes auprès de cette même direction lors de ses échanges avec des interlocuteurs francophones.

Alors que ni l’Association des Professeurs de l’Université d’Ottawa (APUO), ni les corps fédérés de l’École des sciences infirmières ne souhaitent s’exprimer à ce sujet, Chloé Lessard, étudiante de quatrième année au programme du baccalauréat, témoigne de la marginalisation de la communauté francophone. « Il y a rarement un étudiant francophone qui nous représente dans le UNSA (Undergraduate Nursing Student Association) », notamment en raison du peu de votes acquis aux représentants de la communauté, fait-elle savoir.

« En fait, pour être honnête, lorsque je suis rentrée à l’université, je ne savais même pas que l’UNSA existait », poursuit Lessard en expliquant qu’« il n’y avait aucun contact entre les nouveaux étudiants et l’UNSA sur le côté francophone sauf pour la Semaine 101 et même cela, l’accueil des étudiants francophones est difficile à impliquer ». Lessard tient néanmoins à souligner que son expérience en tant qu’étudiante francophone au sein de l’École est « incroyable, on est un plus petit groupe ce qui permet de faire plusieurs liens et l’entraide est magnifique ».

L’U d’O fait abstraction des plaintes reçues

Le vice-recteur aux études de l’Université d’Ottawa (U d’O), Michel Laurier, promettait en janvier qu’un suivi de la situation et du respect du bilinguisme serait effectué par la Commission permanente des affaires francophones et des langues officielles à ce sujet, dont il est également le co-président. Il semblerait néanmoins que l’administration de l’université tende à faire abstraction de la situation.

La directrice du Centre des droits étudiants, Mireille Gervais, souligne n’avoir reçu aucune plainte en ce qui concerne spécifiquement le respect du bilinguisme et l’accès aux services en français. La Gestionnaire des Relations avec les médias de l’U d’O, Neomie Duval, nous fait également savoir qu’ « aucune plainte n’a été soumise à ce sujet [auprès de] la Commission permanente des affaires francophones et des langues officielles », au sujet de l’enseignement et de l’accès au service en français et qu’une seule plainte a été recensée, il ya quelques mois, au sujet de l’École des sciences infirmières.

Un constat qui étonne Jean-Daniel Jacob, professeur à l’École des sciences infirmières, qui affirme pour sa part que de nombreuses plaintes ont été déposées par son initiative et celle de plusieurs de ses collègues auprès de cette même Commission permanente. Néanmoins, Jacob précise que « cette Commission permanente là n’a pas d’autorité, tout ce qu’elle peut faire c’est appeler la doyenne et faire des recommandations, faire des observations ».

Un problème pour l’ensemble des étudiant.e.s francophones du Canada

Si cette situation influence négativement la communauté francophone de l’U d’O inscrit dans les programmes de premiers cycles ou des cycles supérieurs en sciences infirmières, elle révèle également une discrimination structurelle des francophones. Les examens nationaux des étudiant.e.s en sciences infirmières sont désormais affiliés, depuis janvier 2015, aux examens de l’organisation américaine National Council of State Boards of Nursing (NCSBN).

« Cela devient le même examen que les gens aux États-Unis (le NCLEX) et c’est là qu’il y a eu un problème », explique le professeur Jacob tout en soulignant que cette délocalisation génère de nombreux problèmes d’équités en matière de l’accès aux ressources en français. « Il n’y a pas de maisons d’édition en français qui a développé des outils de pratique en français », poursuit-il avant d’appeler à une plus grande adaptation de l’examen aux contextes culturels et législatifs du Canada. Une situation que confirme Lessard, « le NCLEX n’a pas une bonne traduction des définitions et des mots, ce qui n’encourage pas les étudiants à le faire en français. Pour le matériel utilisé, il vient difficile à trouver tout ce que nous avons besoin ».

Pour Jacob, « les étudiants francophones sont extrêmement désavantagés ». Une constatation partagée par Lessard qui précise que les deux communautés étudiantes ont « des règlements différents et des attentes différentes. C’est une étape qui ne devrait pas se passer puisque nous devrions tous apprendre la même chose ». « Même entre nos propres manuels francophones et les notes de cours parfois, il y a une différence significative. Je trouve cela injuste que nous, les étudiants francophones finissons par être en retard dans nos normes et nos façons de prodiguer les soins à cause de notre langue et le retard de traduction », s’indigne Lessard en expliquant que pour cette raison, et en dépit d’avoir effectué ses études en français, elle pense réaliser son examen en Anglais.

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