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Marche pour le climat d’Ottawa-Gatineau 2024 : un réveil à l’inaction climatique

Hai Huong Le Vu
26 septembre 2024

Crédit visuel : Hai Huong Lê Vu — Journaliste

Article rédigé par Hai Huong Lê Vu — Journaliste

Le 21 septembre dernier, Fridays for Future Ottawa, avec CAFES Ottawa, Horizon Ottawa et Écologie Ottawa, a organisé une marche visant les acteur.ice.s majeurs que ces organisations accusent de nourrir le réchauffement climatique au Canada. Cet événement appelait ceux.celles-ci à cesser le financement et le soutien des énergies fossiles et à renforcer leurs engagements climatiques.

Cette occasion vise entre autres la Ville d’Ottawa, la Banque Royale du Canada (RBC) et l’Association canadienne du gaz (ACG). « Ces organisations nous ont trop longtemps dit que le changement climatique est de notre faute, que nous sommes à blâmer », affirme CAFES Ottawa dans un communiqué de presse.

Le profit mène, la planète traîne

Devant le bâtiment de la RBC sur la rue Bank, Alexandra Stratas, présidente du club Climate Justice Climatique de l’Université d’Ottawa (U d’O), prononce son discours, divulguant que cette banque détruit selon elle l’environnement depuis 2016, avec une dépense de 256 milliards de dollars américains sur les énergies non renouvelables. 

En entrevue avec La Rotonde, Stratas détaille que cette institution a rendu les communautés autochtones malades, détruit leurs ressources alimentaires, leur maison, leur terre et nuit à leur mode de vie. La présidente poursuit en dénonçant l’administration de l’U d’O, qui a autorisé RBC à faire une branche sur le campus. Il s’agit de l’entité qui investit le plus dans les projets d’énergies fossiles dans le monde, avance-t-elle.

Présente à la marche, Clara Thibodeau, étudiante en psychologie en quatrième année, déplore que ces grandes entreprises lancent des projets sans consultation environnementale. Devant le bâtiment de l’ACG, la représentante de Dernière Génération accuse cette dernière d’écoblanchiment du gaz naturel, et de négliger la santé publique avec un pipeline de 800 kilomètres sans évaluation environnementale ni accord foncier, au nom du profit.

Des promesses à l’abandon

Mia Kennedy, étudiante en troisième année en science politique et en affaires publiques à l’Université de Concordia, évoque le programme Évolution énergétique adopté par la ville lors de la cérémonie d’ouverture devant l’Hôtel de Ville. Selon elle, la ville a promis, en 2019, d’allouer un milliard de dollars annuellement pour devenir carboneutre. Pourtant, « ils n’ont alloué que 5 millions de dollars pour le climat l’année dernière », expose-t-elle.

L’activiste continue en dénonçant les coupes dans le transport en commun, pendant que la Ville dépense 112 millions de dollars pour élargir une route à Barrhaven. Thibodeau ajoute que la réduction de la fréquence des trains à 10 minutes à midi et en soirée a frustré de nombreux usager.ère.s, notamment les étudiant.e.s de l’U d’O qui fréquentent le campus chaque jour. 

Ruby Swartz, organisatrice de Fridays for Future Toronto et l’une des oratrices pendant la marche, s’inquiète du retard de la municipalité dans la transition vers les énergies vertes. Elle appelle à abandonner les énergies fossiles afin de limiter le réchauffement global à 1,5 °C. Elle dénonce également l’obstacle posé par la Ville d’Ottawa, qui a temporairement interdit la construction de panneaux solaires et d’éoliennes. « La ville travaille-t-elle à garantir un avenir vivable pour les générations futures ? », interroge Swartz.

Un activisme qui concerne tout le monde

« So..so…so…solidarité » est l’un des chants des manifestant.e.s lors de la marche climatique. « C’est un mouvement de solidarité qui connecte les gens de tout âge, » affirme Stratas. Son club, en partenariat avec le Syndicat étudiant de l’U d’O et d’autres organisations, a organisé un rassemblement avant l’événement pour renforcer le sentiment de communauté, surtout pour les nouveaux.elles participant.e.s aux événements de ce genre.

« Le changement climatique est un grand problème intersectionnel », affirme la présidente de Climate Justice Climatique de l’U d’O. Cette dernière précise que le mouvement climatique a aussi pour objectif de décoloniser la pensée dominante, et de se reconnecter avec les cultures autochtones.

Face à l’urgence climatique, Stratas célèbre que l’U d’O a retiré ses investissements directs dans les énergies fossiles en 2023 et prévoit de le faire pour les investissements indirects d’ici 2030. Bien qu’elle salue cette initiative, elle reste déçue de la présence de RBC sur le campus. Thibodeau, partageant le même avis, souhaite davantage de projets écologiques à grande échelle. Elle applaudit néanmoins les espaces verts de l’Université.

Les jeunes sous-estiment leur influence, observe la présidente. Elle s’indigne que les étudiant.e.s paient des frais de scolarité, utilisés par la suite pour financer les énergies fossiles. Pour Stratas, la population estudiantine a la capacité de s’opposer à cette utilisation, en discutant avec les professeur.e.s et la direction de l’U d’O. Thibodeau souhaite que les dirigeant.e.s uottavien.ne.s, les entreprises et les gouvernements consultent davantage les jeunes et pensent aux générations futures, afin de lutter davantage contre le réchauffement climatique.

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