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Éditorial

«Elle me dit: écoute une chanson franco!»

Rédaction
1 juillet 2019

Par Emmanuelle Gingras

Ce texte risque d’être tricky. Plusieurs choses doivent être prises en considération et il est difficile de généraliser un sujet si vaste, celui-ci étant la promotion de la musique francophone dans les écoles secondaires en Ontario. Ce texte a donc pris la tournure d’un porte-parole pour la jeunesse franco-ontarienne avant tout.

En entrevue avec La Rotonde, Christian Ricard, finissant du secondaire à Timmins, a affirmé que, selon lui, la musique : « […] est la meilleure façon (de promouvoir la culture) parce que ce n’est pas tout le monde qui lit, mais pratiquement tout le monde écoute de la musique ». Ainsi, aussi importante soit-elle pour contribuer à la francophonie, comment la musique est-elle promue dans des contextes d’école secondaire Ontarienne et quels en sont les lacunes et avantages?

*N’oublions pas avant tout ici que certaines communautés francophones en Ontario sont plus petites dans certaines régions. La promotion culturelle n’est pas toujours la même partout. 

Une question d’appartenance culturelle

La Rotonde a contacté une trentaine de Franco-ontariens sur la page Facebook Je suis Franco-Ontarien, afin de discuter avec eu de leur avis concernant le sujet en plus d’avoir fait quelques entrevues individuelles téléphoniques avec des étudiants d’écoles secondaires francophones à travers l’Ontario français.

D’après les réponses données, la grande majorité des gens écoutant de la musique franco-ontarienne y ont été exposés dans leur jeunesse. 

Pour Christian de Hearst, la question est sérieuse; très peu d’étudiants autour de lui semblent y être exposé plus jeunes. Celui-ci explique donc qu’il ne connaît que très peu de gens avec qui discuter culture comme ceux-ci semblent difficilement s’y intéresser. Celui-ci ne manque toutefois pas d’encadrement artistique valorisant la culture franco-ontarienne à son école, selon lui.

Viennent donc ceux ayant subi leur première exposition à la culture franco-ontarienne au secondaire : « Pour des gens, c’est la seule place où tu peux écouter ce genre de musique là », affirme Camille Sigouin, gestionnaire des communications de liaison à la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne.

Toutefois, pour Claudie Lachapelle, répondante à la publication Facebook de La Rotonde, le désir fervent de son institution scolaire à valoriser le français vient parfois éclipser l’anglais. « On se fait mettre tellement dans la bouche qu’il faut parler en français que lorsqu’on devient adolescent, on veut se rebeller et parler/s’exprimer en anglais à la place ».

La diversité musicale

Ne généralisons pas ici. Plusieurs écoles secondaires ont des encadrements artistiques élaborés et concrets. 

Toutefois, pour Lo Lantage de St-Charles de Garnier à Whitby, l’isolation culturelle est ressentie. Celle-ci explique que les Franco-ontariens de son école n’écoutent que de la musique anglophone. « Et à mon école, c’est catholique, alors ma musique même francophone ne passe pas. Les profs choisissent la musique, c’est peut-être pour ça que les élèves ne s’intéressent pas à la musique francophone ».

Pour Christian, ce genre de cadre devient frustrant, car l’appartenance culturelle est difficile à affirmer : « Les gens pensent que ce n’est pas “cool” (la musique choisie) […] À notre âge on veut juste être conforme, on a peur en tant que franco-ontarien de montrer notre fierté. »

Pour Félix St-Denis, cocréateur des Jeux franco-ontariens et de l’Écho d’un peuple, les codes d’éthiques sont les mêmes dans toutes les écoles : « S’il existe de la redondance dans certaines écoles, ce n’est certainement pas par manque de variété de chansons francos (de toutes les origines), peut-être par manque de connaissance »

La Rotonde a par la suite discuté avec Miguel Martin, un animateur culturel de Casselman. Celui-ci explique que les contrats varient d’un conseil à l’autre et certaines écoles ont moins de rigueur quant aux règlements concernant la diffusion de musique francophone dans des contextes culturels. 

Toutefois, sa devise est stricte; tout ce qu’il permet aux jeunes d’écouter ou d’insérer dans leurs projets d’implication culturelle, « c’est 100 % francophone ». Celui-ci explique que la plupart de la musique francophone qu’il propose est québécoise, sous avis que la musique franco-ontarienne peut parfois trop souhaiter aller chercher le plus de monde possible. La communauté musicale plus petite qu’au Québec, la diversité se faisant moins grande.

Celui-ci précise sur le travail qu’il y a à faire avec la musique francophone en général, et comment la recherche est beaucoup moins accessible que la musique anglophone. Toutefois, Miguel est heureux de pouvoir faire découvrir de la musique francophone à ses étudiants et vice-versa, comme il s’agit pour plusieurs du seul lieu d’exploration culturelle francophone.

« J’essaye d’inviter les jeunes à aller chercher des choses qu’eux aiment », explique l’animateur culturel. Malgré les barrières au niveau de contenu inapproprié, qu’il considère comme nécessaire dans un contexte scolaire, celui-ci affirme que la liberté des choix musicaux des jeunes est importante.

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