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Arts et culture

Mettre à nu le dessin d’après modèle vivant

Culture
17 septembre 2018

Par: Gabrielle Lemire, cheffe Arts et culture

Un modèle féminin pose nu devant une quinzaine de participants, dans une salle du département des arts visuels éclairée aux projecteurs. Cela peut sembler inhabituel, mais c’est une activité courante depuis l’Antiquité, et d’ailleurs un événement qui se produit tous les lundis soirs à 18h30 à l’Université d’Ottawa.

C’est Shawn Phillip Hunsdale, employé à l’Association des professeurs à temps partiel de l’Université et diplômé en arts, qui organise ces séances hebdomadaires de dessin d’après modèle vivant depuis 2010. L’Atelier Denu consiste à dessiner durant deux heures, moyennant la somme de 9$ (afin de rémunérer le modèle nu étudié), ou pendant une heure supplémentaire facultative pour 3$ de plus.

Le nu et le « naked »

« Ce n’est pas de la pornographie », indique Hunsdale. Celui-ci explique qu’un débat fait rage sur la distinction entre l’érotique et le simple fait d’être nu. « Le nu, c’est la forme humaine telle qu’elle est. Le «naked«, c’est la forme humaine telle qu’elle est dévêtue », explique l’organisateur. Aujourd’hui, la pornographie est accessible en deux clics et les images nues circulent librement. Le côté privé de la nudité s’amenuise donc petit à petit. Toutefois, rien n’est comparable à l’étude d’un corps bien vivant devant soi.

Pour l’artiste qui vit sa première fois dans un atelier de dessin de modèle vivant, Francine Filion, diplômée en arts, suggère de ne pas éprouver de gêne. « Ce serait de préparer les gens à être à l’aise avec un corps nu devant eux, de se laisser emporter par l’énergie du groupe », partage l’artiste.

Être modèle nu

Shawn Phillip Hunsdale s’inspire de son expérience personnelle pour organiser ces ateliers : après avoir étudié en théâtre, ce dernier a autant posé comme modèle qu’il a esquissé dans le cadre de ces ateliers. « J’ai appris ce que c’était des deux côtés et j’ai décidé de créer un club étudiant pour présenter ce qu’est le dessin d’après modèle vivant, peu importe leur domaine d’études », explique Shawn.

Établie à Ottawa depuis à peine un an, le modèle féminin présent lundi dernier souligne la dimension anonyme de sa participation aux ateliers et confie son désir de participer au processus créatif. « J’ai cru que ce serait un bon moyen de mettre au défi mes propres perceptions au sujet de mon corps », confie-t-elle, « c’est difficile de ne pas être autocritique ».

Standards de beauté

Une jeune femme qui correspond aux canons de beauté établis par les Grecs à l’Antiquité : voilà ce qu’on retrouve habituellement dans les ateliers de dessin d’après modèle vivant. Hunsdale a cependant une vision moins classique de l’activité. « Il y a du rattrapage à faire et c’est ce que nous visons ici. Dans l’embauche, je me suis assuré qu’on ait plus de diversité au niveau des formes corporelles, des ethnicités et du genre », ajoute-t-il.

Tous les lundi soirs, les participants peuvent s’attendre à une diversité corporelle tout comme à une variation dans la longueur et la difficulté des poses.

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