Crédit visuel : Sophie Désy — Photographe
Article rédigé par Antoine Jetté-Ottavi — Chef du pupitre Arts et culture
Du 7 au 10 novembre se tenait l’Ottawa Canadian Film Festival (OCan), événement qui a attiré des artistes de partout à travers le Canada. La Rotonde a pu s’entretenir avec Zachary Chabot, le président du jury de la 8e édition, et Jith Paul, le cofondateur du festival, afin de discuter des intentions de l’événement et du processus de sélection des films.
D’hier à aujourd’hui
Le festival OCan trouve ses racines dans le Treepot Film Festival, apparu en 2011. On y présentait une série de 10 productions basées à Ottawa et des créations canadiennes indépendantes, telles que des courts-métrages, des documentaires, des clips musicaux et même quelques longs-métrages, le tout étant organisé par Paul. Vers 2014, plus de 150 films sont apparus dans le festival. En 2015, suite à des critiques enthousiastes envers le Treepot Film Festival, un groupe de réalisateur.ice.s et de collègues se sont réuni.e.s pour créer l’Ottawa Canadian Film Festival.
Avec la création du festival, Paul souhaitait principalement promouvoir des créateur.ice.s indépendant.e.s du cinéma et les faire reconnaître auprès du grand public, tout en gardant une structure formelle et soutenue. En 2017, Ottawa a assisté à la première projection du festival, qui s’est popularisé mondialement grâce à la possibilité d’y assister autant en personne qu’en ligne.
« [L’OCan] a commencé dans une petite salle et est maintenant diffusé au cinéma historique Bytowne à Ottawa. Nous sommes maintenant un festival qui se qualifie pour les prix Écrans canadiens. L’évolution d’année en année a été majeure », souligne Chabot, en parlant de son excitation pour la progression du festival et le futur de l’événement dans les prochaines années. Il aimerait fortement le voir grossir, tout en continuant de promouvoir le cinéma indépendant du pays. Il espère que son impact permettra d’influencer les cinéastes de la région et de continuer à rendre Ottawa un lieu légitime pour le cinéma canadien.
Le rôle du jury
Le président du jury explique que la sélection a débuté avec le visionnement des 200 soumissions envoyées lors des inscriptions au festival. « Nous avons eu des discussions sur les films qui nous intéressaient et, ensuite, nous avons créé une longue liste de films potentiels à programmer », déclare-t-il. Par la suite, Chabot s’est installé devant la liste et a fait les choix des films qui allaient former le festival. Deux critères sont importants lors de cette sélection finale : la disponibilité des films, ainsi que la variété des sujets et des genres.
D’après les organisateur.ice.s, le choix est souvent difficile, puisque chaque œuvre a quelque chose à dire. Néanmoins, parfois, certaines sont unanimement appréciées dans leur créativité : c’est d’ailleurs le cas pour « La folle traversée de Philippe », « Désync » ou « The Steak ». Une narration qui se démarque, pour le jury, est celle qui résonne avec le public canadien : les organisateurs sont toujours à la recherche d’« [une] bonne histoire universelle avec un traitement original ».
Un monde artistique inclusif
OCan est reconnu pour sa pluralité, parmi ses choix de films, mais aussi ses artistes. En effet, chaque année, le festival engage de nouveaux.elles juges afin d’assurer la représentation de tou.te.s dans le cadre des analyses artistiques par le comité votant.
Lors de la projection du 8 novembre, La Rotonde a été témoin de cette diversité au sein des différents films présentés. Le documentaire « Silent Cries » était d’ailleurs diffusé : le film a été réalisé par Navalik Tologanak, qui y partage son expérience dans les pensionnats autochtones. Nous y voyons également une réunion entre le Pape, qui s’excuse pour les crimes de l’Église, et les communautés autochtones, qui s’expriment sur leurs ressentis face au traumatisme communautaire et aux répercussions encore présentes.
Dans le cadre de l’événement, il était possible d’assister à des films canadiens de toutes les provinces, dont le Québec, qui se démarque avec son approche francophone accompagnée de sous-titres en anglais. Plusieurs autres langues sont apparues sur le grand écran, comme l’arabe et l’inuktitut.
Paul ajoute que, selon lui, la clé du succès de ce festival est le soutien envers la diversité et l’inclusion : les organisateur.ice.s du festival cherchent à agrandir le banc de réception de films pour les juges afin d’introduire le plus de points de vues et de genres envisageables.