Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique
Chronique rédigée par Thelma Grundisch – Journaliste
Sortie le 8 janvier 2021 sur Netflix, la série Lupin, dans l’ombre d’Arsène a beaucoup fait parler d’elle. Que ce soit grâce au rôle de l’emblématique acteur et humoriste français Omar Sy, ou à une bonne stratégie de communication, elle semble avoir compris et appliqué la recette du succès.
Dans cette histoire adaptée des aventures d’Arsène Lupin, écrite par le romancier français Maurice Leblanc, Sy incarne Assane Diope, un « gentleman cambrioleur » passionné par l’auteur. Sous l’identité de ses multiples pseudonymes, il vole les riches, toujours avec finesse et subtilité, tout en tentant de régler ses comptes personnels pour venger son père.
Moderniser le passé
Cette adaptation remise au goût du jour a d’ailleurs permis de dépoussiérer les livres de Maurice Leblanc qui ont connu une monumentale hausse des ventes après la sortie de la série. En effet, d’après le Journal de Montréal, les librairies indépendantes du Québec ont vendu plus de romans d’Arsène Lupin au cours des deux semaines après la sortie de la série que durant les dix années précédentes. Des professeur.e.s témoignent même sur les réseaux sociaux de cet engouement, en particulier chez les jeunes habituellement peu friands de la lecture, qui se mettent à dévorer les œuvres de Leblanc, même à l’école.
Notons également que l’histoire, qui se passe originellement au début du 20e siècle, est jouée ici dans le présent. C’est la première fois qu’un acteur noir incarne le personnage, ou un dérivé ici, du personnage d’Arsène Lupin, représenté dans les autres adaptations cinématographiques des romans en question par un homme blanc et moustachu. Cela démontre bien l’évolution de notre société et de la représentation au cinéma, comme l’illustre le fait qu’une femme noire incarnera le mythique agent 007 à l’occasion du prochain film de la saga, alors que James Bond sera exilé en Jamaïque.
Effort de publicité remarqué
La spécialité du personnage de Diope est de se fondre dans la masse et d’entrer dans la peau d’autres personnages ; c’est sur cet aspect que la promotion de la série a été lancée. Sy a lui-même collé des affiches promotionnelles de la série dans des stations du métro parisien, déguisé en agent d’entretien, sans que personne ne se rende compte de rien.
C’est de manière tout aussi impromptue qu’il a annoncé la date de sortie de la deuxième partie de la série, révélant que celle-ci était affichée sur sa bannière Twitter depuis bien longtemps. Le comédien s’est alors approprié la célèbre réplique de son personnage, en déclarant : « Vous l’avez vue, mais vous ne l’avez pas regardée ».
Visage familier
Comme un grand nombre de séries originales Netflix avant elle, Lupin s’est rapidement hissée à la première place des contenus les plus vus sur la plateforme dans de nombreux pays. Le plus surprenant reste qu’elle ait atteint la tête du classement américain, ce qu’aucune production française n’avait réalisé jusque-là, les contenus français n’étant généralement pas populaires aux États-Unis, du moins pas avant qu’ils ne soient réadaptés à l’américaine… Mais le film Intouchables qui donnait l’affiche à Sy avait déjà fait exception à la règle. C’est avec ce film mythique que l’acteur a commencé à se bâtir une réputation dans le pays, et a ensuite décroché des rôles remarqués dans de grandes productions américaines, telles que Jurassic World, X-Men ou encore À vif.
Je pense que la série ne serait pas ce qu’elle est sans Sy comme acteur principal. Celui qui s’illustre par son charisme et son éloquence, a tout de même été élu personnalité préférée des Français, et plus d’une fois ! Sa popularité en a tout de même pris un coup ces derniers mois : l’acteur a dénoncé publiquement les violences policières dans une lettre ouverte en juin 2020, demandant « une police digne de notre démocratie [française] », pour finalement incarner, trois mois plus tard, un agent des forces de l’ordre dans le film Police. Le public lui a reproché son hypocrisie, et a même appelé aux boycotts à son encontre sur les réseaux sociaux.
Je dirais que la série ne se démarque pas par son originalité, puisqu’elle est un peu clichée et reste facilement prévisible, mais qu’elle rayonne de par la performance de Sy et son charme naturel. Il est donc très facile de se laisser emporter par l’histoire, et de regarder les cinq épisodes en une soirée.