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Sports et bien-être

Peut-on garder notre identité francophone dans les sports?

Web-Rotonde
10 mars 2013

– Par Léa Papineau Robichaud – 

L’anglais occupe plus souvent qu’autrement une place très importante dans le monde du sport. Christine Dallaire, professeure à l’École des sciences de l’activité physique de l’Université d’Ottawa (U d’O), étudie le rôle du sport dans la construction d’une identité minoritaire, tel les minorités francophones. La Rotonde s’est entretenue avec elle pour en discuter.

D’abord, le sport est le milieu idéal pour exprimer son identité, selon Mme Dallaire. « Le sport est un lieu d’expression des émotions qui est un lieu assez inoffensif pour exprimer son nationalisme ou son identité ethnique ou culturelle. Ça demeure un lieu favorable à l’expression de ces identités-là. »

Des Jeux francophones

Des évènements sportifs comme les Jeux de la francophonie canadienne, les Jeux de l’Alberta ou les Jeux de l’Acadie font partie du processus de construction de l’identité minoritaire. « Ce sont des initiatives mises en place pour prévenir l’assimilation chez les jeunes francophones et les encourager à maintenir au moins une partie d’eux-mêmes en tant que francophone », explique la professeure. Ce type d’évènement n’existe pas dans le milieu anglophone, car dans un milieu majoritairement anglophone il est très facile de pratiquer un sport en anglais. « Un groupe majoritaire, comme les anglophones au Canada, n’ont pas besoin de se donner un endroit pour jouer juste en anglais puisqu’ils vivent en anglais toute leur vie. Ils ne se disent même pas Canadiens-anglais, ils se disent Canadiens simplement. Ce n’est pas une nécessité en milieu majoritaire », justifie Mme Dallaire.

« J’ai étudié, dans le cadre des jeux minoritaires, le fait qu’à l’occasion on va choisir d’aller chercher un arbitre qui ne peut pas communiquer en français, mais qui a une certification ou une légitimité sportive plutôt que de prendre un arbitre qui va être capable de communiquer en français. » Dans un tel cas, la légitimité du français est mise de côté pour la légitimité sportive, ce qui vient complètement contredire le but initial des Jeux francophones selon la professeure.

Sport de haut niveau en anglais

Selon Mme Dallaire, l’athlète francophone qui aimerait faire une carrière professionnelle plus tard doit s’attendre à se retrouver dans un milieu anglophone. « Un athlète qui veut faire une carrière de haute performance au Canada sait très bien, surtout quand on n’habite pas au Québec, qu’il ou elle devra le faire en anglais. » Elle souligne que l’athlète devra faire un choix entre la carrière professionnelle en anglais ou les études universitaires en français sans carrière de haut niveau. « Parce que je fais du sport de haute performance en anglais, cela ne veut pas dire que je n’ai pas une identité francophone que [j’exacerbe pleinement dans d’autre sphères de ma vie]. [Toutefois], ça revient à dire que je ne peux pas vivre en français dans toutes les espaces possibles de ma vie », explique Christine Dallaire.

Le bilinguisme partout

Lorsqu’on se penche sur le cas de l’Université d’Ottawa et son bilinguisme, Mme Dallaire croit que les étudiants en général doivent s’attendre à entendre une langue qui n’est pas nécessairement leur langue maternelle. « Je pense qu’il faut vivre le milieu bilingue à l’Université d’Ottawa et ça veut dire qu’il va y avoir du français et il va y avoir de l’anglais et il ne faut pas être inconfortable quand quelqu’un parle une langue qu’on ne comprend pas. » Ceci s’applique aussi aux athlètes qui doivent s’attendre à entendre parler les deux langues officielles au Canada. En fait, Mme Dallaire croit que le bilinguisme devrait être appliqué partout à l’Université. « Je pense qu’on devrait toujours parler dans les deux langues dans les équipes sportives à l’Université d’Ottawa. Dans tous les milieux en fait, que ce soit le Bureau de la gestion du risque, que ce soit quand je vais chercher mon café à la cafétéria, dans les cours, dans les couloirs, etc. S’il y a un endroit que ça devrait être normal d’entendre les deux langues et que ce soit crédible et légitime, c’est à l’Université d’Ottawa », conclut-elle.

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