Crédit visuel : Dawson Couture — Co-rédacteur en chef
Article rédigé par Feriel Dakhlaoui — Bénévole
Restez éveillé.e pendant 24 heures peut altérer les fonctions cognitives et occasionner davantage de mauvaises décisions en raison d’une désensibilisation émotionnelle. C’est ce que révèle une étude menée par des chercheur.euse.s de l’Université d’Ottawa (U d’O) portant sur les effets d’une nuit blanche sur la prise de décision. Si une soirée sans sommeil génère diverses répercussions chez l’individu, que dire de plusieurs nuits de sommeil perturbées ? Existe-t-il un moyen de retrouver un repos équilibré ?
Un sommeil difficile à trouver
Joseph De Koninck, professeur émérite en psychologie à l’U d’O, évoque que le fonctionnement de cette époque moderne est le principal facteur des difficultés de sommeil. Il donne comme exemple les lumières, que ce soit dans la rue ou au téléphone, qui bloquent la sécrétion de l’hormone de mélatonine nécessaire pour réguler le rythme circadien. Ce cycle de 24 heures est régulé par une horloge biologique propre au corps humain, qui est responsable de l’éveil et du sommeil en fonction de plusieurs facteurs telle que la présence ou l’absence de la lumière, explique Karianne Dion, étudiante au doctorat en psychologie à l’U d’O. Dion souligne aussi l’importance du stress et de l’anxiété, qui sont tout deux des causes de manque de sommeil. De Koninck renchérit en évoquant l’insomnie psychophysiologique, pendant laquelle une personne réfléchit à ses problèmes avant de s’endormir.
Dion ajoute qu’en raison du stress lié aux études et à l’instabilité financière, les étudiant.e.s représentent un groupe à risque s’agissant des troubles du sommeil. Amel Kaufid, étudiante en deuxième année du programme de communication, témoigne que les révisions, la période des examens et le travail à temps partiel sont à l’origine de l’interruption de sa routine de sommeil et incarnent des déclencheurs de stress.
Les risques d’un repos insuffisant
Le sommeil et le fonctionnement de l’être humain au niveau cognitif, physique et émotionnel sont fortement corrélés, affirme De Koninck. Tout ce que l’étudiant.e apprend et mémorise durant une journée d’école n’est consolidé que durant le sommeil, explique-t-il.
Dans le cas d’un manque de sommeil, le professeur déclare que certaines tâches dont les études dépendent, telles que la mémorisation, la concentration, l’attention et le jugement, deviennent alors difficiles à accomplir pour l’étudiant.e. « À cause de la fatigue générée par le manque de sommeil, il m’est difficile de me concentrer en classe et je passe ma journée à compter les minutes pour pouvoir rentrer chez moi pour me reposer », avance Kaufid.
L’étudiante en doctorat rapporte par ailleurs qu’un déficit de sommeil sur le long terme se répercute simultanément sur la régulation des émotions ainsi que sur la santé physique et mentale de la personne. Le risque de maladies physiques, neurologiques et troubles psychologiques augmente alors, selon De Koninck.
Zhuo Fang, scientifique des données en imagerie cérébrale à l’U d’O et co-autrice de l’étude sur le sommeil, explique que plus le manque de sommeil s’étend, plus il devient difficile au cerveau et au comportement humain de revenir à l’état dans lequel ils étaient avant de subir les perturbations. De Koninck soutient l’idée que les troubles du sommeil peuvent être à l’origine d’une dépression, en raison de jugements et de prises de décisions hâtives basées sur une humeur maussade.
La possibilité de retrouver un sommeil sain
Kion avance que les problèmes de sommeil sont différents d’une personne à une autre. Ce qui est le résultat de l’anxiété pour certain.e.s étudiant.e.s ne l’est pas automatiquement pour tous.tes, témoigne Kion. De Koninck propose d’identifier « ses ennemis de sommeil » tel qu’une consommation excessive de café — un stimulant pour maintenir l’éveil —, le stress ou le manque d’activité physique.
Selon le professeur, la durée de sommeil est également à considérer. Il expose que les quatre stades de sommeil — léger, lent-profond, profond et paradoxal — se déroulent sur une durée de sept à huit heures afin qu’une personne puisse accomplir une nuit de sommeil complète.
Accorder la priorité au sommeil au quotidien est une solution sur laquelle Dion insiste. Faire de sa nuit une priorité passe par l’instauration d’une certaine routine qui est compatible à l’horloge biologique, clarifie-t-il. Pour suivre sa recommandation, Dion conseille le respect du même horaire pour le coucher et le réveil, la réduction de l’exposition à tout objet qui dégage de la lumière le soir et la préservation du lit que pour le sommeil.
Dans le cas d’un éveil qui doit être maintenu obligatoirement durant la nuit, Fang recommande « d’éviter de prendre des décisions importantes ou [d’]effectuer des tâches importantes telles que la conduite ».
Le 17 mars, de 19 h à 20 h, se déroulera une séance de yoga au pavillon Montpetit. Cette activité offre aux étudiant.e.s de pratiquer des exercices de respiration tout en appliquant différentes postures de yoga, afin de réduire le stress et d’aller dans le sens du rééquilibrage de l’horloge biologique, tel que préconisé par le professeur.