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La crise de l’épicerie : des citoyen.ne.s et des étudiant.e.s affamé.e.s

Daphnée-Maude Larose
9 décembre 2023

Crédit visuel : Nisrine Abou Abdellah — Directrice Artistique

Article rédigé par Daphnée-Maude Larose — Journaliste

Une hausse inquiétante dans les demandes de services des banques alimentaires a lieu à Ottawa. Le coût de la vie et l’inflation augmentent énormément en laissant plusieurs avec des difficultés financières ; certain.e.s ne peuvent même plus subvenir à un besoin de base, celui de se nourrir. Ces dernier.ère.s souffrent ainsi d’insécurité alimentaire. 

Elaine Laberge, chercheuse à l’Université de Carleton, caractérise l’insécurité alimentaire comme l’incapacité d’assurer son propre accès ou celui de sa famille à une alimentation saine et à des ressources durables. Il est question d’être obligé.e de prendre la nourriture que personne ne veut pour être capable de se nourrir — que ce soit à l’épicerie ou aux banques alimentaires, soutient-elle.

De fortes répercussions

Les effets de ce manque sont très nombreux et touchent les étudiant.e.s sur de multiples niveaux, affirme Laberge. « Cela affecte leur capacité d’apprentissage et d’étude, ainsi que leur sentiment de sécurité et d’appartenance », partage-t-elle. L’insécurité alimentaire, selon elle, atteint leur santé physique et mentale. Il est impossible d’être bien quand l’on ne reçoit pas de la nourriture saine régulièrement, exprime la chercheuse.

Laberge donne comme exemple une équipe de travail universitaire qui souhaite effectuer ses tâches à un des pubs sur le campus. Il est probable qu’un.e des étudiant.e.s ne puisse pas se joindre à eux.elles pour des raisons financières, mais il.elle aura l’air de ne pas vouloir contribuer au projet de groupe, explique-t-elle.

La chercheuse affirme qu’il est très anxiogène de ne pas savoir quand aura lieu son prochain repas et qu’ainsi s’ajoutent des maux de ventre d’anxiété à ceux de la faim. Lorsque des parents sont incapables d’offrir de la nourriture à leurs enfants, cela crée un environnement à la maison qui est particulièrement angoissant pour tous.tes, précise-t-elle.

Un service nécessaire ignoré par le gouvernement

Comment est déterminé le seuil de pauvreté ? Laberge énonce qu’au Canada, il est défini par des économistes à l’aide d’une méthode nommée « la mesure du panier de consommation » (MPC). Cette mesure consiste à remplir un panier d’aliments et de biens qui représentent le niveau normal et modeste de ce dont a besoin une famille. Lorsque celle-ci n’est pas apte à se payer ces denrées, elle est jugée comme pauvre. Laberge soutient que cette logique ne considère aucunement les expériences d’individus vivant en pauvreté. « Le fait que nous sommes dépendants des banques alimentaires veut dire que le gouvernement n’a pas besoin d’observer les raisons systémiques pour lesquelles il y a des citoyens qui vivent en situation de pauvreté alimentaire », révèle-t-elle.

Radio-Canada mentionne que le Canada est le seul pays estimé comme riche qui ne fournit pas de programme alimentaire dans les écoles. La chercheuse croit ainsi que le gouvernement canadien devrait offrir ces derniers pour les enfants de la garderie jusqu’à la douzième année. « Ce pays dispose de suffisamment d’argent pour y parvenir », affirme-t-elle. Laberge précise que l’idée n’est pas de diviser les pauvres des autres, mais d’assurer une bonne alimentation saine pour chacun.e. Cette solution, selon elle, soulagerait plusieurs parents et retirerait l’énorme charge que portent les banques alimentaires à l’heure actuelle.

Un programme d’alimentation pour les étudiant.e.s

Tarran Maharaj, coordinateur de l’éducation sur le service alimentaire à l’U d’O et candidat au doctorat, discute du programme qu’il a commencé. Ce projet consiste à enseigner aux étudiant.e.s à prioriser les aliments saisonniers, locaux et promotionnels puisqu’ils sont moins coûteux, explique-t-il. Il leur montre ensuite comment les cuisiner, poursuit-il. Selon le candidat au doctorat, il leur transmet une manière de combattre l’insécurité alimentaire à un niveau individuel. Il souligne que : « Ce n’est pas une solution à grande échelle, mais elle permet une réduction de la pauvreté dans la vie de [ces étudiants]. »

Les participant.e.s ont la chance de partager un repas de leur pays, développe Maharaj. Il exprime qu’en faisant une recette d’une différente culture, on apprend à connaître l’autre et ses goûts. « On vient à accepter et à aimer autrui », soutient le coordinateur.

Le programme n’est pas exclusif, mais il peut seulement accueillir un nombre limité de participant.e.s. C’est pourquoi Maharaj encourage ses élèves à partager leurs connaissances avec les autres. Il exprime que : « Ce programme a changé ma vie, parce qu’il crée une communauté et un système de support humain. »

Le coordinateur croit que ce type de projet contribue à réduire la dépendance aux banques alimentaires, ce qui leur permet d’aider plus d’individus. Laberge invite les membres de la communauté uottavienne ayant besoin d’accéder aux services d’une banque alimentaire à ne pas hésiter à le faire. Une d’entre elles est située sur le campus de l’U d’O au local 0015 du pavillon Jock-Turcot.

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