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Sports et bien-être

L’anxiété de performance : le stress invisible des étudiant.e.s

Daphnée-Maude Larose
4 octobre 2023

Crédit visuel : Nisrine Abou Abdellah — Directrice Artistique 

Article rédigé par Daphnée-Maude Larose — Journaliste 

On vit dans une société où la productivité et la performance sont récompensées ; le niveau de réussite de chacun.e.s traduirait leur valeur. Ce type de mentalité pèse sur plusieurs, parfois à en développer des troubles anxieux tel que l’anxiété de performance. Quels en sont ses impacts ? Quelles personnes sont les plus touchées? Et surtout, comment la surmonter ?

Anxiété ou stress ?

Ryan Aberback, étudiant au doctorat en psychologie expérimentale, affirme qu’il est nécessaire de comprendre ce qu’est l’anxiété de performance. Celle-ci se caractérise par une peur de l’échec ou d’effectuer des fautes dans un contexte où l’on devrait performer tel que l’école ou les compétitions sportives. Le chercheur remarque qu’elle est intimement liée au stress. Il la définit comme étant «la réponse de l’organisme à un stresseur, c’est-à-dire un événement, un objet, un comportement ».

Il s’agit d’une réponse biologique du corps humain, ainsi que d’un moyen de défense, renchérit Laurence Boileau-Perreault, étudiante au doctorat en psychologie expérimentale. Elle remarque que le stress est un état temporaire et que son arrivée est rapide, tandis que l’anxiété se caractérise par une appréhension et des craintes constantes. Florian Choquet, intervenant psychosocial, spécifie  que «là où le stress vient nécessairement d’une situation concrète, l’anxiété de performance peut parfois venir uniquement de l’individu qui exerce une pression sur lui-même». 

La crainte d’échouer ou de commettre des erreurs touche tout le monde ; elle est une partie essentielle du fonctionnement des humains, avance Choquet. Cependant, il mentionne que les individus neurodivergents ou les personnes vivant avec un handicap ressentent, en moyenne, plus d’anxiété de performance que ceux.celles qui sont neurotypiques ou dans la norme physique. Il précise que ceux.celles-ci doivent constamment s’ajuster à des standards qui ne sont pas adaptés à leur réalité. Il donne l’exemple d’une personne sur le spectre de l’autisme qui pourrait vivre de l’anxiété puisqu’elle peut « avoir du mal à comprendre les subtilités de la communication non verbale et les sous-entendus ».

Aussi positive que négative

Aberback nomme certaines conséquences de l’anxiété de performance comme la fatigue, l’irritabilité, le trouble du sommeil, le sentiment d’agitation ou de tension. Il ajoute que, parfois, l’anxiété s’intensifie à un tel point que plusieurs sont incapables ou refusent de faire certaines tâches. C’est ce qu’on appelle un comportement d’évitement, annonce Boileau-Perreault. Celui-ci peut créer des obstacles à l’accomplissement professionnel, académique et social puisqu’il empêche le développement de nouvelles compétences, continue-t-elle.

Lorsqu’elle atteint un haut niveau, l’anxiété de performance peut se répercuter sur un travail, indique Choquet. En effet, il souligne que les personnes anxieuses rencontrent des difficultés à se concentrer, ce qui les amène à commettre des erreurs.

«L’anxiété est souvent perçue de manière très négative», observe le doctorant en psychologie expérimentale, mais elle peut aussi être positive. L’anxiété est un facteur de motivation qui peut provoquer une plus grande productivité, énonce-t-il. Boileau-Perreault détaille qu’«une certaine dose d’activation nous aide à survivre, être alertes et bien concentrés». Pour cela, elle estime qu’il faut être apte à comprendre et à contrôler son anxiété. En voyant un échec comme une occasion d’apprendre, l’anxiété devient extrêmement positive, selon l’étudiante.

Surmonter son anxiété de performance

Choquet avoue que «la plupart du temps, les individus qui vivent de l’anxiété de performance se mettent une pression démesurée par rapport à ce qui est vraiment attendu d’eux ». Il est alors nécessaire pour eux d’établir des critères spécifiques et réalistes pour évaluer leurs performances, déclare-t-il.

Boileau-Perrault affirme que la première étape pour s’aider est de «reconnaître et accepter» son anxiété. Être conscient de son propre fonctionnement psychologique et prendre du recul sur nos pensées anxiogènes permet une remise en question, atteste l’intervenant. Aberback offre des exemples d’exercices de pleine conscience tels que l’écriture dans un journal et la méditation.

Lorsqu’un.e de vos proches souffre d’anxiété de performance, Choquet recommande de démontrer que «vous l’appréciez pour qui il.elle est, et que votre appréciation ou votre affection pour lui.elle n’est pas dépendante de son niveau de performance». Il conseille aussi de les encourager à aller chercher de l’aide auprès de professionnel.le.s de la santé mentale.

Si le manque de fonds est un enjeu, plusieurs organismes communautaires proposent des services en santé mentale, souligne-t-il. L’Université d’Ottawa offre également de multiples ressources pour le bien-être de ses étudiant.e.s. 

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