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Sports et bien-être

L’art d’avoir un journal intime

Marina Toure
6 avril 2023

Crédit visuel : Marie-Ève Duguay – Rédactrice en chef 

Chronique rédigée par Marina Touré — Cheffe du pupitre Actualités

J’ai eu mon premier journal intime à l’âge de neuf ans. Il était cadenassé et mes parents me l’avaient offert comme cadeau d’anniversaire. J’imagine que c’était pour eux l’occasion de donner à leur fille une opportunité de discuter de ses sentiments quand iels ne seraient pas là pour l’écouter. Mon journal est devenu un compagnon dans ma vie, pas toujours utilisé, mais toujours là quand j’en avais besoin.

Qu’est-ce qu’un journal intime ? Selon le dictionnaire Larousse, il s’agit de notes journalières sur des événements personnels, des émotions, des sentiments et des réflexions intimes. Pour moi, un journal intime, c’est aussi un cahier, un canevas vide pour les idées, parfois même un simple mouchoir. Dès que l’on pose l’acte de discuter de ses pensées à l’écrit et qu’on le fait de manière plus ou moins récurrente, on peut dire qu’on utilise, selon moi, un journal intime.

Un ami intermittent

Quand j’étais jeune, j’ai toujours voulu avoir un journal intime. C’était un objet qui était toujours utilisé par les personnages principaux dans de nombreux films. Le journal devenait un ami avec qui ceux-ci décrivaient leur quotidien et leurs secrets. Je me suis donc toujours imaginé avoir un journal intime et je pense avoir toujours idéalisé l’acte même d’en utiliser un.

Je me souviens encore de la première fois que j’ai écrit dans mon journal. J’avais tellement hâte de pouvoir, comme ces héroïnes dans les films, m’allonger dans mon lit et écrire comme si je parlais à un.e vieil.le ami.e qui m’écoutait sans me juger. Et c’est donc ce que j’ai fait, j’ai discuté de ce qui se passait durant cette période de ma vie. J’ai ensuite fermé mon journal, je l’ai cadenassé et je me suis sentie apaisée sans véritablement comprendre ce que je venais de faire.

Bien qu’à cette époque, je n’ai pas écrit dans mon journal très souvent, je m’y suis remis quelques années après afin d’encore une fois y confier mes pensées. J’avoue qu’il s’agissait aussi sûrement d’une tentative de mieux comprendre certaines de mes actions. Mon journal, ou plutôt mes journaux, sont devenus des compagnons toujours au chevet de mon lit. Non seulement je pouvais discuter de tout, mais en plus en les relisant, je me retrouvais catapultée à des souvenirs de ma vie à l’époque où je l’écrivais.

Évolution personnelle

Je ne peux pas cependant dire que j’ai toujours été fidèle à mon journal. Parfois, je préférais avoir des conversations à haute voix avec mes proches, ou bien je n’avais pas l’énergie, après une longue journée, de prendre mon stylo et d’écrire. Par le temps où j’ai repris l’habitude d’écrire dans mon journal, il avait lui aussi évolué.

L’acte de garder un journal intime était devenu différent, toujours utilisé dans les films ou les médias, il a aussi trouvé sa place sur de nouvelles plateformes. Les journaux intimes n’étaient plus toujours aussi secrets, un simple clic et l’on pouvait découvrir ce que certain.e.s écrivaient dans leurs journaux. Avoir un journal intime n’était plus une simple activité d’adolescente, mais plutôt un outil de développement personnel conseillé par les psychologues.

Lorsque je suis retombée dans l’écriture journalistique, je racontais toujours ma journée, mais j’utilisais aussi mon journal pour discuter de ma santé mentale. À l’aide de questions plus profondes, j’ai appris à analyser mon état actuel, mes objectifs, mes buts, et même mes relations avec mes proches. Tout cela, à l’écrit.

Je n’écrivais plus dans mon journal comme si je partageais ma vie avec un ami lointain, presque comme si j’écrivais une lettre. Au contraire, je me parlais à moi-même dans mes écrits, tout en reconnaissant qu’il s’agissait d’une opportunité de me regarder dans le miroir.

Dépasser l’écrit

Si mon journal intime a été pour longtemps un véritable compagnon, il s’est transformé ces dernières années en une partie de moi-même. Pour certain.e.s, les journaux sont des outils pour manifester, pas dans le sens d’une protestation, mais plutôt pour marquer ce que l’on veut à l’écrit afin de concrétiser certains buts personnels. Il s’agit pour moi de l’un des plus grands bienfaits d’avoir un journal intime : cette capacité de pouvoir discuter de ses objectifs ainsi que la possibilité d’avoir quelque chose à l’écrit que l’on peut relire quand on a besoin de soutien.

Mon journal vit ma vie à mes côtés, ce n’est plus juste quelque chose qui reste au chevet de mon lit. Je l’amène à l’école, au travail, au parc, et à tout moment où je pense qu’il pourrait être nécessaire. Après tout, on ne peut jamais prédire quand on pourrait vouloir écrire.

Je n’utilise pas mon journal tous les jours, et parfois je peux passer un certain temps avant de l’ouvrir. Par contre, il est toujours là pour moi à tout moment. Bien que je reconnaisse aussi qu’avoir un journal intime n’est pas la solution pour tout le monde, on ne peut jamais prédire ce qui pourrait sortir une fois qu’on ouvre une page dans un cahier, sur son ordinateur ou même sur son téléphone !

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