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Sports et bien-être

La santé mentale post-pandémique : où en sommes-nous ?

Jacob Hotte
12 mars 2023

Crédit visuel : Marie-Ève Duguay – Rédactrice en chef 

Article rédigé par Jacob Hotte — Journaliste

La santé mentale est souvent perçue comme étant un sujet difficile à aborder au quotidien. Or, la pandémie a eu un impact considérable sur l’état mental de l’ensemble de la population. Ses répercussions, y compris les nombreux confinements obligatoires ou encore l’inflation, n’ont qu’exacerbé ce phénomène, tout en limitant l’accessibilité des services. Maintenant que la société semble tranquillement retrouver un équilibre, qu’en est-il des ressources offertes en santé mentale ?

Selon Jacques Bradwejn, professeur honoraire en psychiatrie à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa (U d’O) et doyen fondateur d’Ottawa Shanghai Joint School of Medicine, la pandémie a eu un impact sur les problèmes de santé mentale des personnes les plus vulnérables. Il affirme que lors des confinements, le déroulement des traitements s’est compliqué pour la clientèle qui nécessite de la psychothérapie. Bradwejn explique que ce phénomène est le résultat de la fragilité des structures de santé mentale avant même la pandémie.

Pour le meilleur comme pour le pire

Bradwejn affirme que pour la majorité de la population, les confinements ne semblent pas avoir causé autant de problèmes que ce qui avait été estimé. En réalité, ce dernier suggère que la partie de la population qui possédait déjà une bonne santé mentale a pu s’y adapter et s’en sortir relativement bien. 

Pour ceux.celles moins fortuné.e.s, cependant, leur réalité semble diverger de celle de la masse. Bradwejn précise qu’a été observée une hausse des complications liées à la santé mentale des personnes atteintes de troubles psychologiques, que ce soit en raison de l’isolement ou de la difficulté d’accès aux services de soutien.

Les populations marginalisées, de leur côté, ne semblent pas avoir été épargnées. Alexandre Baril, professeur en travail social à l’U d’O, laisse entendre que la pandémie a nui, mais aussi été bénéfique pour certains membres de la communauté LGBTQ+. En entrevue avec La Rotonde, le professeur explique qu’avec le confinement, plusieurs procédures médicales, dont celles utilisées par les personnes transgenres, ont été annulées ou rendues inaccessibles. Cependant, cet isolement aurait aussi permis un certain soulagement des pressions sociales liées aux normes de genre, fait-il remarquer.

Baril mentionne également la réalité des communautés qui, pré-pandémie, dépendaient beaucoup d’interactions et d’activités sociales. Leur santé mentale a été particulièrement affectée par l’isolement social, souligne-t-il.

Un débalancement de l’offre et de la demande

Tim Aubry, professeur en psychologie à l’U d’O, fait remarquer que les licenciements causés par la pandémie ont provoqué des changements importants dans la disponibilité des services de santé mentale. Selon lui, la situation a eu un impact considérable sur la situation socio-économique de plusieurs individus, mais aussi sur leur santé mentale en raison de ce stress financier.

Le professeur renchérit que la hausse de la demande a également influencé l’accessibilité des services en santé mentale. Plusieurs psychologues ont dû mettre fin à leur liste d’attente étant donné que celle-ci s’allongeait continuellement, insiste-t-il.

En guise de solutions

Pour les membres de communautés marginalisées, Baril affirme que plusieurs organismes inclusifs — féministes, queer, etc. — existent et fournissent des services gratuits, comme des sessions de thérapie individuelle ou en groupe. Il affirme que les activités organisées par ces organisations permettent aux individus d’extérioriser leurs émotions par l’art, des engagements communautaires, ou encore des interactions entre les usager.ère.s de ces services.

En ce qui concerne les étudiant.e.s postsecondaires, le professeur en service social fait remarquer qu’il existe des services qui leur sont offerts gratuitement. Il souligne le fait que plusieurs institutions ont investi plus d’argent dans les budgets des ressources de soutien en santé mentale depuis la pandémie, afin d’accommoder les besoins des étudiant.e.s.

De même, Bradwejn recommande l’utilisation de programmes de soins par étapes, ou « stepped care », comme la pratique intrinsèque, une ressource développée à l’U d’O qui introduit une méthode en six étapes. Celle-ci fait usage de la littératie psychologique afin de permettre la durabilité du bien-être, tout en aidant à bonifier le bonheur, explique-t-il.

Aubry, quant à lui, propose une démarche similaire, soit celle de la psychothérapie structurée que plusieurs organismes offrent, dont l’Ontario Structured Psychotherapy Program. Ce type de psychothérapies est de courte durée et favorise la compréhension des liens entre les pensées, les émotions et les comportements dans le but d’acquérir des techniques d’adaptation personnelles, développe-t-il. Retrouver son entrain Ontario est une autre solution recommandée par le professeur. Il s’agit d’une ressource gratuite qui offre des séances individuelles d’accompagnement en santé mentale. Les utilisateur.ice.s du programme sont alors guidé.e.s tout au long de leur parcours par des accompagnateur.ice.s qui les aident en faisant des suivis auprès d’eux.elles.

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