Par Christopher Bernard
La compagnie Aficionado Studios a suscité la controverse cet été avec la publication d’une vidéo controversée visant a attirer les nouveaux étudiants à une semaine d’initiation indépendante de celle organisée par l’Université d’Ottawa (U d’O). Intitulée Ottawa Frosh 2014, la publicisation de l’événement a créé une polémique alors que la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) tente de tourner la page sur les événements qui ont marqué l’année 2013-2014.
En juillet dernier, une vidéo promouvant Ottawa Frosh 2014, un événement censé concurrencer les semaines 101 des différentes universités de la capitale nationale, est rapidement devenue virale sur le web. La vidéo promotionnelle mettant en vedette la consommation d’alcool, des images à connotation sexuelle et montrant des scènes de consommation de drogues, avait suscité la controverse lors de sa parution.
Réactions sur le campus
La FÉUO avait réagi très fortement à cette vidéo, par la voix de sa vice-présidente aux communications, Nicole Desnoyers, qui avait tenu à se dissocier de l’événement. Cette dernière a critiqué très vertement le contenu de la vidéo, la qualifiant d’« excessive dans tous ses aspects ».
Malgré tout, la vidéo avait alors créé tout un engouement pour cette « Semaine 101 privée ». La compagnie derrière la vidéo, Aficionado Studios, a déclaré plus tôt ce mois-ci avoir vendu plus de 500 trousses. Étant donné la nature privée de l’événement et le fait qu’il soit ouvert à tous les étudiants majeurs de la capitale, il est impossible de savoir si plusieurs étudiants de l’U d’O seront présents lors du Ottawa Frosh 2014.
La Rotonde a mené des entrevues auprès d’étudiants, qui ont mis de l’avant que la vidéo et l’événement n’ont pas créé beaucoup de vagues en dehors de la capitale nationale cet été. Questionnés sur l’événement, la majorité ont simplement répondu qu’ils en n’avaient pas entendu parler. La minorité informée a semblé n’accorder que très peu de crédibilité à l’événement.
Culture du viol
Cette controverse s’ajoute alors que la FÉUO tente de se remettre des événements qui ont secoué l’Université l’année dernière. Plus particulièrement, deux événements ont jeté la lumière sur ce que le Syndicat étudiant qualifie de « culture du viol » présente sur le campus.
En mars dernier, une conversation Facebook entre différents leaders étudiants ayant des propos associés au viol, dirigés à l’endroit de la présidente de la FÉUO, Anne-Marie Roy, avait fait surface et créé une polémique d’un niveau rarement vu à l’Université d’Ottawa. La direction de l’U d’O avaitw répondu à la crise en créant un Groupe de travail sur le respect et l’égalité.
Cet incident était survenu à un moment peu propice pour l’Université. Au même moment, des allégations de viol collectif ont plané au-dessus de l’équipe de hockey masculine de l’U d’O, résultant en une suspension qui se poursuivra cette saison.
Les semaines d’initiation et les activités à connotation sexuelle ont souvent été liées. Dans les dernières semaines, l’Association étudiante de la Faculté de droit de l’Université Laval a fait les manchettes lorsqu’une étudiante s’est plainte des paroles inappropriées d’une chanson grivoise.
Mme Roy affirme que la Semaine 101 de la FÉUO fera exception, puisque l’éducation et la dénonciation des comportements liés à la culture du viol y joueront un rôle important.
« On a beaucoup d’initiatives pour la prochaine année qui vont faire ce travail-là, d’éducation, la nuit, la rue, les femmes sans peur, c’est notre première activité pour la Semaine 101. Par ailleurs, on encourage les guides à partager ce message-là, de ne pas hésiter, d’aller voir les gens et de dire que ces comportements ne sont pas appropriés », explique-t-elle.
L’Association compte tenir des ateliers en résidence pour éduquer les étudiants de première année à cette réalité. La FÉUO compte aussi sur la collaboration des corps fédérés et du Syndicat des professeurs.
Selon Mme Roy, il y a maintenant une nouvelle dynamique sur le campus. « On sent vraiment qu’on est unis sur le campus en ce moment. Contrairement aux années précédentes, il y avait peut-être des gens qui n’aimaient pas trop participer aux formations. Les corps fédérés sont vraiment unis avec la FÉUO parce qu’ils sont très impliqués et proactifs », mentionne la présidente.
Il n’en reste pas moins qu’avec deux scandales à connotation sexuelle ayant secoué l’Université dans les cinq derniers mois et avec la présence d’une Semaine 101 indépendante, la culture du viol demeurera un sujet sensible pendant la rentrée scolaire.