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Éditorial

Pour des alternatives réellement démocratiques

Web-Rotonde
28 octobre 2013

– Par Ghassen Athmni –

Non, il ne s’agit pas d’un pamphlet contre les élections, un de ces mauvais textes qui vous disent de ne pas aller voter « parce qu’ils sont tous pareils », ni un de ceux où dégoulinent à la fois, en un tissu nauséabonde et indigeste, la fanfaronnade et les pires clichés nihilistes. C’est plutôt un constat implacable que nous impose la double sollicitation électorale de la semaine, celle de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa ainsi que celle de la Ville de Gatineau. Si le milieu étudiant semble connaître des alternatives intéressantes au stade embryonnaire, les municipalités et autres institutions étatiques ne semblent pas connaître un engouement citoyen permettant de préfigurer un vent de changement dans un futur proche.

Un enlisement définitif

Ce « désenchantement démocratique » habite en particulier les démocraties dites libérales, en témoigne la faiblesse des taux de participations à la majorité des votations, hormis épisodiquement celles de grande envergure. Particulièrement personnaliste, la démocratie représentative nourrit et se nourrit de la mégalomanie de la volonté de démarcation exacerbée. Elle génère autant au niveau de l’État, des parlements et des municipalités, qu’à celui des syndicats étudiants, une aliénation qui va dans les deux sens, les représentés ne se retrouvent jamais dans les représentants qui leur sont de plus en plus étrangers, et ces derniers sous le poids de leurs responsabilités, même avec les meilleures intentions, muent en bureaucrates en rupture totale avec leur mission première, les représentants au niveau de l’état deviennent des pions aux mains des industriels et des banquiers qui leur sont indispensables pour arriver à obtenir leurs positions et surtout pour s’y maintenir.

Les estimations prévoient une participation autour des 30 % à Gatineau, beaucoup moins sur le campus de l’U d’O. Dans les deux cas, la majorité ne sera aucunement représentée, ce qui « en remet une couche » quant à l’aspect définitif de la dérive de cette organisation des pouvoirs. Les mandats irrévocables ont réquisitionné le pouvoir constituant essentiel à la démocratie, et excluent pour plusieurs années ou plusieurs mois, les masses citoyennes ou étudiantes, de toute prise de décisions, ce qui force la démission générale.

Que faire?

Les idées neuves et brillantes ne manquent pas, il suffit d’ouvrir les yeux, il suffit de s’informer, ne pas avoir peur de l’inconnu, s’ouvrir à des courants ou à des idéologies différentes que celles qui dominent en ce moment. Le mot d’ordre c’est changer de paradigmes et d’indicateurs, pour enfin retrouver la politique non pas au sens que lui donnent les pontifes des clergés médiatiques et « intellectuels », ceux dont l’omniprésence nous étrangle au quotidien, mais plutôt dans son sens premier.

Il est primordial de ne pas se résigner et de ne pas « lâcher l’affaire ». Le système actuel repose sur la nécessité de travailler le plus possible et d’en consommer autant, ce que les étudiants expérimentent plus que d’autres, vu que même les études, avec leurs tonnes de matière encyclopédique, les centaines de pages à survoler hebdomadairement sans aller profondément, deviennent un obstacle à l’implication et à l’engagement citoyens, tellement que les élus étudiants ont besoin de gros salaires. Dès lors, aucun temps de réflexion n’est alloué. La démocratie réelle a besoin de beaucoup de temps et d’autant de débats que nécessaire. Les Assemblées générales sont une bonne occasion d’évoluer dans ce sens et nous venons d’apprendre que l’Université d’Ottawa pourrait bientôt s’en doter.

Autre élément indispensable à la solution : savoir s’informer. Alors que les médias s’autocensurent dans le meilleur des cas sous l’influence de ceux qui les financent, savoir accéder aux bonnes informations, en faire le tri, et finalement les synthétiser.

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