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Arts et culture

Projet Orpheus : du mythe au chant

Jessica Malutama
19 novembre 2024

Crédit visuel : Courtoisie

Article rédigé par Jessica Malutama — Cheffe du pupitre Sports et bien-être

L’École de musique de l’Université d’Ottawa (U d’O) présentera le 23 novembre prochain un opéra novateur inspiré du mythe antique d’Orphée et Eurydice. Le Projet Orpheus entend provoquer la rencontre de différentes époques et styles, en incluant une dimension corporelle riche, invitant l’auditoire à une immersion totale dans la beauté intemporelle du mythe. 

L’histoire d’Orphée et Eurydice a inspiré de nombreuses œuvres d’opéra au fil des siècles, informe Christiane Riel, professeure à l’École de musique de l’U d’O, à la tête du secteur Chant. Le Projet Orpheus entend revisiter ce grand classique de la mythologie grecque à travers des extraits de l’Orfeo de Monteverdi, de l’Orphée et Eurydice de Gluck et de la comédie musicale Hadestown de Mitchell. Le spectacle, dirigé par Riel, réunit des étudiant.e.s de la section opéra, du programme vocal de l’école ainsi que des professionnel.le.s du milieu des arts. Cette année, la prestation, qui se tiendra dans la salle Huguette-Labelle au pavillon Tabaret, propose une mise en musique marquée par une diversité stylistique et chorégraphique à la convergence d’époques variées. 

Une interprétation multidimensionnelle du mythe

Le Projet Orpheus se distingue par une approche artistique alliant jeu, chant, danse, et orchestration. Divisé en quatre actes, il explore ces moments clés du mythe : le mariage, la mise au tombeau, la descente aux Enfers, la traversée des Enfers et le Chemin du retour. La variété des styles musicaux et des mouvements dansés est au cœur de cette création qui mélange les époques et les genres. 

Aube Urbancic, pianiste et directrice musicale du projet, a travaillé en collaboration avec les étudiant.e.s ainsi que la chorégraphe et metteur en scène Anna Theodosakis pour coordonner les aspects musicaux de la pièce. L’orchestre, qui accompagne les interprètes, comprend une flûte, un piccolo, un tambour, ainsi que deux pianistes, dont un qui joue un piano électronique capable de reproduire des sons variés allant de la trompette à la harpe. Ces choix éclectiques soulignent la richesse du répertoire et soutiennent de manière cohérente l’ensemble de la pièce, partage Riel.

Au croisement de diverses époques et sensibilités 

Riel fait savoir que le choix du mythe a été guidé par la diversité d’œuvres écrites autour de celui-ci. Pour elle, chacune d’entre elle est caractéristique de son époque : « L’Orfeo de Monteverdi, composé au début du 17e siècle, se caractérise par sa prosodie chantée d’une façon très déclamatoire, avec un accompagnement minimal qui fait ressortir l’expression émotionnelle du texte. L’œuvre de Gluck, écrite au milieu du 18e siècle, offre de grandes envolées lyriques. Hadestown de Mitchell nous transporte dans une univers complètement différent et actuel où les styles folk, jazz et blues se marient », affirme-t-elle.

Cette variation stylistique notable dans la musique se reflète aussi dans la physicalité du jeu interprétatif et les danses, avancent Urbancic et Riel. La directrice artistique exprime qu’elle souhaitait intégrer différents types de mouvements et d’expressions corporelles, au-delà de la gestuelle baroque traditionnelle, afin de donner de la diversité à la performance. L’objectif était de ne pas se limiter à la danse classique, mais d’offrir une expérience véritablement dansante, incorporant plusieurs styles, énonce-t-elle.

L’art du chant et le mouvement

Le Projet Orpheus n’est pas seulement un exercice musical : il représente également une exploration physique et sensorielle pour les interprètes. La danse et le chant, combinés dans cette production, permettent aux étudiant.e.s d’explorer plus profondément la technique vocale qui sollicite de manière importante le corps. Riel, elle-même soprano ayant eu une carrière de chanteuse classique à l’international, fait remarquer que le chant nécessite une grande maîtrise technique et un ancrage corporel profond. Pour elle, le chant classique est un art vibratoire : pour bien chanter, il faut que le corps soit tellement libre que la vibration puisse se transmettre au public. 

Urbancic et Riel expliquent que ce projet est avant tout une invitation à la découverte. « Amener les étudiant.e.s à découvrir quelque chose en eux.elles, c’est mon but en tant que professeure », raconte Riel. En retour, les deux femmes espèrent que le public pourra se laisser porter et être touché par la performance. « Ce que nous faisons n’est pas une réhabilitation du mythe, mais une invitation. Venez, amusez-vous, laissez-vous emporter par l’expérience où que vous soyez rendu.e.s dans votre propre vie ! », lance Riel.

L’art opératique, une expérience à partager dans un cadre moderne

Pour Urbancic, l’une des clés du Projet Orpheus est de créer une expérience collaborative et collective, tant pour les étudiant.e.s que pour le public : « L’atmosphère de soutien mutuel entre les étudiant.e.s se reflétera dans la performance finale ». Selon elle, l’opéra, souvent perçu comme un art ancien, préserve sa pertinence à notre époque et elle espère que le public saura y trouver du sien et de la beauté. 

Le spectacle, qui sera joué à guichet fermé, n’est que la première étape d’une série d’initiatives à venir. En mars 2025, les étudiant.e.s du secteur vocal de l’École de musique de l’U d’O se lanceront dans l’interprétation de deux contes musicaux pour enfants : Cendrillon de Pauline Viardot et Alice aux pays des merveilles. La musique du dernier conte, mêlant jazz et comédie musicale, à la particularité d’être écrite pour des chanteur.se.s d’opéra, informe Riel. 

Le Projet Orpheus et ceux à venir témoignent de l’engagement de l’École de musique de l’U d’O à offrir un espace d’expérimentation et de réflexion pour ses étudiant.e.s, tout en invitant le public à découvrir l’opéra sous un angle nouveau et surprenant, dans un contexte moderne.

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