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Arts et culture

Quand la bédé sort de sa bulle

Web-Rotonde
7 février 2012

BANDE DESSINÉE

Katherine Sullivan | Journaliste

Les nouvelles courent vite ces jours-ci grâce aux médias sociaux comme Twitter et Facebook. On répète les mêmes phrases, on gazouille les mêmes nouvelles jusqu’à plus soif. D’autres préfèrent mêler art et nouvelles afin de créer un nouveau genre dans le monde de la bande dessinée : le bédéjournalisme. Les créateurs de Pour en finir avec novembre ont répondu aux interrogations de La Rotonde afin d’expliquer en quoi consiste le bédé-reportage.

André St-Georges et Sylvain Lemay, qui ont tous deux étudié dans le domaine de la bédé et des arts visuels, ont créé une bédé relatant les évènements d’octobre 1970, où quatre jeunes hommes avaient décidé de se lancer dans l’action terroriste. L’histoire se déroule surtout en Outaouais, des années 1970 jusqu’au lendemain du second référendum pour la souveraineté du Québec.

Au carrefour du reportage et de la fiction

André a fait quelques essais dans la bédé journalistique. Le but de son premier produit « publiable » était de « relater les faits de cet épisode, de l’expliquer et de faire comprendre l’impact qu’il a pu avoir sur les gens concernés ».

Avec l’aide de Sylvain Lemay, professeur à l’Université du Québec en Outaouais, il a publié, en novembre 2010, Pour en finir avec novembre aux éditions Les 400 coups. L’histoire en tant que telle est une œuvre de fiction, mais elle se déroule dans un contexte réel, en Outaouais pendant la crise d’octobre 1970. Lemay précise d’ailleurs que « cet ouvrage a nécessité beaucoup de recherche pour éviter les anachronismes et relater le plus fidèlement possible l’évolution de Hull dans les décennies qui ont suivi 1970 ».

Les artistes ont donc pris un art visuel et y ont ajouté une touche historique. La bédé de St-Georges lui a pris trois ans à illustrer, en raison de la recherche ardue exigée. « Le travail de recherche et de préparation derrière une bande dessinée s’apparente un peu à celui d’un journaliste, dans le sens qu’avant d’écrire l’article ou le reportage, le journaliste doit lui aussi fouiller, décortiquer, analyser, se documenter. La bande dessinée me permet de faire cela, sans la contrainte de la réalité. »

Bédéistes engagés

Les bédéjournalistes adoptent des styles variés. Certains préfèrent les chroniques, exposant leur réalité en présentant des faits vécus ou historiques. Le seul bédéiste à avoir remporté un prix Pulitzer est Art Spielgelman, avec Maus. Ce dernier a commencé sa carrière dans les années 1970 avec des œuvres éclatées, presque psychédéliques. Il a ajusté son tir lorsqu’il a voulu raconter l’histoire de son père, qui avait survécu à l’Holocauste. D’autres, comme Guy Delisle, Québécois vivant à Paris et auteur des Chroniques de Jérusalem, ont préféré chroniquer leurs expériences personnelles de voyage dans leurs bédés.

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