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Éditorial

Plus qu’une lutte contre le racisme

Web-Rotonde
2 février 2015

– Par Marc-André Bonneau –

Le Centre de la Fierté, le Centre de ressource des femmes, le Centre des ressources autochtones, le Centre d’entraide et, bientôt, le Centre des étudiants racialisés ont une raison d’être évidente. Mais, dans cette lutte contre les préjugés et l’ignorance, il est dommageable d’isoler les problèmes. Tentons de réunir les communautés marginalisées plutôt que de les diviser.

Le mois de l’histoire des Noirs et le vote référendaire de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa sur la création d’un Centre pour étudiants racialisés proposent une réflexion sur le racisme, mais aussi sur les préjugés dans un sens plus large.

La Rotonde soutient le oui en faveur de la création du Centre. Mais ce dernier, ainsi que les autres Centres existants, devraient collaborer pour anéantir la discrimination sous toutes ses formes. Ceux-ci combattent un même problème : le refus de la différence. Ainsi, bien que le Centre nécessite son propre espace, ses activités devraient aussi rassembler les autres Centres de la FÉUO qui mènent des luttes analogues. Peu importe si les conséquences de cette logique se manifestent en fonction de la couleur de la peau ou du genre.

Isoler les problèmes contribue au maintien de divisions, alors que c’est précisément aux divisions que les Centres de ressource s’opposent. Établir un dialogue entre ceux qui souffrent de la violence en fonction de leur race et ceux qui sont rejetés sur les bases de leur conception du genre permettrait de cibler et de comprendre les préjugés. Dommage que cette approche semble toujours inexistante. La mise sur pied d’un nouveau Centre est l’occasion rêvée d’entreprendre ce dialogue. Profitons de l’occasion pour s’attaquer aux racines du problème, plutôt qu’à ses diverses manifestations.

Cette réorientation du combat contre les préjugés n’implique aucune question référendaire, aucune cotisation. Seules des initiatives concrètes et quotidiennes peuvent attaquer ce problème de tous les jours. Les groupes de discussion, la projection de documentaires et les soirées autour d’une tasse ou d’un verre sont des exemples d’initiatives qui permettraient d’établir des liens entre les organismes qui affrontent un même problème.

Bien qu’aucune campagne officielle ne s’oppose à la création du Centre, nous pouvons imaginer que celle-ci dénoncerait une possible « ghettoïsation de la communauté », craignant que ceux qui se sentent racialisé soient mis à l’écart. Or, en plus de faciliter l’intégration, le Centre a le potentiel d’accentuer un regroupement des ressources qui s’attaquent à différents préjugés. Cet effort permettrait non seulement de déconstruire cette culture malsaine plus efficacement, mais aussi de réduire le risque que les Centres de ressources se distancient de la société majoritaire.

Rassembler les communautés permet de réduire l’écart entre le « nous », ceux qui souffrent de marginalisation, et « les autres », qui ne sont pas impliqués dans les efforts qui s’attaquent aux préjugés.

Le besoin de créer des Centres de ressources pour ceux qui critiquent des préjugés bien enracinés met en lumière qu’il n’existe pas d’endroit où tous peuvent partager leur différence. Et même si les étudiants ne désirent plus s’approprier l’espace du campus, comme le souligne Alex Jürgen Thumm dans sa chronique de cette édition, un dialogue entre les minorités marginalisées est tout autant nécessaire. Peu importe la forme qu’il prend.

On ne peut mettre à bas l’écart entre norme et minorité qu’en faisant de la diversité une norme. Il est impératif de réunir, dans leurs activités et dans leur organisation, les Centres de ressources. Sans le faire, on les limite à une triste contradiction.

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