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Régime d’immersion en français : entre bilinguisme et multiculturalisme

Marina Toure
15 octobre 2022

Crédit visuel : Dom Fou – Unsplash

Article rédigé par Marina Touré – Cheffe du pupitre Actualités

Le bilinguisme est une fierté canadienne, qui fait partie intégrante du multiculturalisme canadien. L’Université d’Ottawa (U d’O) étant la plus grande université bilingue du monde, le programme d’immersion en français s’inscrit dans cette volonté de conserver le bilinguisme et d’encourager les étudiant.e.s anglophones à poursuivre leurs études en français.

Le régime d’immersion en français existe depuis près de 16 ans à l’U d’O. Il est né d’une volonté de se démarquer des universités concurrentes de la région et de permettre aux étudiant.e.s anglophones venant d’écoles secondaires qui offraient un programme similaire de continuer une partie de leurs cours en français, explique Marc Gobeil, directeur du régime d’immersion en français à l’U d’O. D’après Gobeil, le programme réunit près de 2500 étudiant.e.s, soit 7 % de la population étudiante anglophone de l’U d’O. Gobeil remarque qu’il existe une nouvelle tendance dans le régime d’immersion : ce sont de plus en plus des étudiant.e.s internationaux qui choisissent le programme.

Peter Noel, étudiant de troisième année en sciences biomédicales à l’U d’O et mentor du régime en immersion, indique que celui-ci lui permettait de combiner son envie de garder son bilinguisme, tout en étudiant la science dans la langue qu’il maîtrisait le mieux. L’avantage du régime d’immersion, c’est cette opportunité de faire au moins un tiers de ses cours en français tout en suivant le reste en anglais, continue-t-il.

Bataille pour le bilinguisme

Les deux intervenants affirment que le régime d’immersion en français peut être un défi pour les étudiant.e.s. En effet, bien qu’ils.elles doivent passer un test de langue afin de s’assurer « qu’ils et elles s’en sortiront en français », il n’en reste pas moins qu’ils.elles prennent des cours désignés pour les étudiant.e.s francophones, énonce Gobeil. Il s’agit donc d’un choix qui peut être coûteux pour les étudiant.e.s en termes de réussite scolaire. Cependant, le directeur du programme se veut rassurant : il y a plusieurs aides disponibles pour les étudiant.e.s, comme des bourses, des mentors et des cours d’immersion qui leur permettent de consolider leur compréhension lors des cours obligatoires de première année.

Ces cours en immersion ne sont pas obligatoires pour les étudiant.e.s, mais restent essentiels comme base pour la poursuite des études en français, ajoute Noel. Les étudiant.e.s en immersion suivront, pour la plupart, deux de leurs cours en français chaque semestre afin de satisfaire à l’exigence de 14 cours au minimum. Il s’agit donc de la meilleure manière d’assimiler les termes spécifiques des différentes disciplines en français, commente-t-il.

En 16 ans d’existence, le programme a accueilli près de 9000 étudiant.e.s, qui se sont inscrit.e.s à près de 8 000 cours offerts en français, informe Gobeil. Selon lui, ce programme permet d’assurer que la sélection de cours en français soit maintenue à l’U d’O. « Les classes de quatrième année sont souvent petites, ce sont les inscriptions de quatre ou cinq étudiant.e.s en immersion qui permettent de garantir l’offre », développe-t-il. Il s’agit selon lui d’une réalité dans plusieurs domaines d’études à l’U d’O.

Noel, dans ses propos, met en avant que certains domaines spécifiques au Canada ne permettent pas ou difficilement d’étudier en français. Gobeil, qui est franco-manitobain, dénonce les difficultés pour étudier en français dans les domaines scientifiques, alors que cela est selon lui plus facile dans les sciences sociales. Il ne croit pas que le régime d’immersion puisse être une solution au déclin du français dans la province, il s’agirait plutôt d’un « complément à d’autres solutions ».

Du bilinguisme au multiculturalisme

La participation de Noel au programme uOGlobal est, selon lui, l’une des plus marquantes dans son expérience d’immersion en français. Le programme réunit les étudiant.e.s sur des thématiques internationales à travers des ateliers. Il explique que l’un des avantages d’être bilingue « est de pouvoir faire de meilleures connexions interculturelles ». Sans sa connaissance du français, il ne pense pas qu’il aurait été capable de rencontrer autant d’autres étudiant.e.s et ami.e.s.

C’est une tendance qui est de plus en plus apparente dans les chiffres : Gobeil déclare qu’il y a près de 400 étudiant.e.s inscrit.e.s en automne 2022, une population qui ne fait qu’augmenter depuis 4 ans. Pour lui, il est intéressant d’observer comment des étudiant.e.s, dont le français est leur troisième ou quatrième langue, choisissent l’U d’O pour participer au programme d’immersion. Il s’agit selon Gobeil d’une preuve que le programme semble devenir une porte d’intégration, pour ces étudiant.e.s, dans la tradition du multiculturalisme canadien.

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