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Éditorial

Une rentrée rythmée par l’incertitude

Rédaction
8 septembre 2020

Crédit visuel : Pixabay

Par Caroline Fabre – Rédactrice en chef

Oh doux septembre, mois de la rentrée, du renouveau, des rencontres. Mois des nouvelles aventures, de la reprise, du retour à la routine quotidienne. Mois de l’espoir, de l’excitation, de l’enthousiasme. À la fois attendu et redouté, tu es, septembre, le mois de l’année qui incarne le changement. Et en cette année 2020, tu nous auras surpris à bien des égards. Au temps du coronavirus et de la distanciation sociale, des masques et des gels désinfectants, du télétravail et des cours à distance, comment vont se passer cette rentrée et ce semestre universitaires atypiques ?

Un campus fantôme 

À cette période de l’année se regroupent habituellement des étudiant.e.s surexcité.e.s, des familles émerveillées, des professeur.e.s angoissé.e.s. De quoi égayer votre coeur d’ermite, et vous tirer doucement de votre esprit vacancier, pour vous préparer à la rentrée.

Mais cette année diffère : peu d’effervescence sur le campus, pas de files à pertes de vue dans le centre universitaire UCU pour récupérer le mythique U-Pass. Pas de nouveaux.elles GeeGees en chandails colorés, pas de bracelet en plastique, pas de guide à la voix cassée, amusé.e par leur enthousiasme. Pas de mascotte défilant dans les allées interminables de l’Université d’Ottawa (U d’O), pas de musique non plus, pas de rires. Pas de festivités. Rien. Juste un campus désert, parsemé de flaques d’eau et de masques abandonnés sur le sol.

La semaine 101, semaine d’accueil emblématique de la rentrée n’est pas. À la place, elle est marquée par des activités en ligne. Rencontres en ligne. Concert en ligne. Et même souper en ligne. De quoi vous réjouir si vous détestez les bruits de bouche. Pas facile de créer des liens et de se faire des ami.e.s dans le contexte du coronavirus.

Merci aux organisateur.rice.s de la semaine d’avoir fait leur possible pour la rendre ludique et intéressante. Mais ne nous mentons pas, rencontrer des gens via des ice-breakers organisés lors de sessions Zoom, Teams ou Adobe Connect, c’est compliqué. Nous sommes des êtres sociaux et avons besoin de relations pour nous épanouir ; nous avons besoin de contact. Et au grand dam de certain.e.s, un ordinateur ne comblera pas cela. 

Avouons aussi que l’expérience universitaire sans copain.ine.s, c’est quand même bien moins amusant.

Un enseignement complexe 

L’enseignement à distance incarne un nouveau défi en de nombreux points. Pour les professeur.e.s, il représente un défi technologique. Comment enseigner efficacement en ligne, et capturer l’attention d’étudiant.e.s pendant parfois trois heures, alors que les distractions regorgent aux alentours ? Comment adapter son cours au format virtuel ? Comment évaluer adéquatement les étudiant.e.s, le tout, à distance ? Comment établir la proximité, la confiance-clé avec les étudiant.e.s, alors que tout se passe via une caméra ? Comment savoir s’imposer des limites de travail aussi, alors qu’il leur est demandé d’être connecté.e et joignable en tout temps ? 

Si chacun.e devra imposer ses propres limites, il leur faudra un certain temps d’adaptation pour trouver le rythme adéquat. Et du temps, nous n’en avons pas forcément.

Des inégalités marquées

En dehors de l’absence de contact social engendré par la virtualité de la session d’automne, d’autres problèmes se posent. Comment les étudiant.e.s internationaux.ales vont-ils réussir à suivre des cours à distance, avec un réseau parfois capricieux, et surtout, du décalage horaire ? Comment contrer les inégalités, à l’heure où la fracture numérique est belle et bien présente ? Comment se procurer les manuels de cours, parfois indisponibles, sur des formats numériques ? Comment rester concentré.e depuis chez soi ? Comment contrer les effets du décrochage scolaire, ou des lacunes de certain.e.s, accumulés suite à la fermeture des classes en présentiel, en mars dernier ?

L’Ontario a beau investir 18 millions de dollars dans l’embauche de personnel pour améliorer l’éducation à distance, il reste encore de nombreuses thématiques à résoudre. Mais bon, c’est visiblement le cadet des soucis du premier ministre Doug Ford, bien trop occupé à scander à qui veut bien l’entendre que le plan de relance de la province est le meilleur du pays. Pas sûr que tout le monde soit de cet avis-là, d’ailleurs.

Et niveau santé mentale ?

La santé mentale ; l’un des points « forts » de l’université se pose plus que jamais ce semestre. Ce n’est un secret pour personne, l’U d’O présente de réelles lacunes à ce sujet, et il sera intéressant de voir comment son administration réussira, ou non, à lutter contre cet aspect de l’enseignement à distance. Car à force de distanciation sociale vient l’isolement, et puisque la vie s’organise de loin, il est rapide de tomber dans la spirale infernale qu’il engendre. Quels seront les services mis en place, ou améliorés par l’université pour combattre cela ? 

Également, s’il est habituellement recommandé aux étudiant.e.s de séparer les différents aspects de leur vie, ce semestre fera exception à la règle. Travailler, étudier et vivre dans le même espace n’est pas sain. Mais sortir ne l’est pas non plus. 

Tant d’interrogations se posent pour le moment concernant ce semestre en ligne. Si émettre des hypothèses s’avère être la norme pour le moment, nous n’avons d’autre choix que d’attendre. Attendre, et voir si l’U d’O sera à la hauteur, ou si, une fois de plus, elle nous fera faux bond.

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