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Éditorial

Repenser l’activisme

Web-Rotonde
3 novembre 2014

– Par le Comité Éditorial de La Rotonde – 

La tenue de l’Assemblée activiste des derniers jours ainsi que la venue des Assemblées générales, sur le campus de l’Université d’Ottawa (U d’O), donnent une voix aux étudiants et créent un moment propice pour réfléchir l’activisme. La nécessité d’actions directes s’opposant à l’establishment et la gouvernance élitiste de notre campus nous poussent à nous arrêter sur les barrières qui freinent les luttes estudiantines.

Sur un campus où il n’y a plus de lieu apte à rassembler la communauté étudiante, les défis sont nombreux pour unir les voix désireuses de remettre en question les assises de l’U d’O. Dans ce contexte, des initiatives comme celle de l’Assemblée activiste, que nous saluons, ont beaucoup à apporter à la communauté universitaire.

Revendiquer l’espace

Le discours d’Angela Davis, à l’ouverture de l’Assemblée, ouvre la porte à une réflexion importante sur l’activisme. Son témoignage nous laisse devant un constat difficile : l’invisibilité de nos problèmes.

Au coeur des contestations des Black Panthers aux États-Unis, alors que les luttes occupaient les rues, la nécessité de revendiquer était bien visible. Les injustices occupaient un espace au quotidien, un simple trajet d’autobus montrant l’étendue des inégalités de façon brutale. Les grands problèmes d’aujourd’hui, tels que la dette étudiante, ne sont pas aussi évidents.

Bien d’autres contestations souffrent de la même intangibilité. La situation est éloquente, notamment pour les enjeux qui ont maintenant une étendue mondiale, comme les problèmes environnementaux. Par exemple, le regroupement UOttawa sans fossile, qui milite pour un désinvestissement des sables bitumineux, témoigne de la problématique. Aucun étudiant n’est confronté à un lieu où il peut avoir un sens des conséquences qu’ont les investissements de l’U d’O, particulièrement dans le cas des compagnies minières et pétrolières. Les déchets toxiques des sables bitumineux sur la pelouse de Tabaret (maintenant en bonification) changeraient l’opinion de plusieurs.

Il est plus difficile de rejoindre les activistes dans leur quotidien si les causes à soutenir et les conséquences de l’inaction sont invisibles.

La dette étudiante, gonflée par les hausses des frais de scolarité que le Bureau des gouverneurs a adoptées lors des neuf dernières années, est un autre élément invisible. Aucun endroit n’est associé à la dette. Ainsi, il est plus difficile de trouver un lieu pour revendiquer et se mobiliser, d’où l’impératif d’entretenir des dialogues sur le sujet. Du même coup, de briser la honte qui y est associée.

Saisir l’occasion

L’idée que la contestation soit quelque chose de violent est au centre des difficultés que l’on éprouve pour mobiliser la communauté universitaire. Même si remettre en question dérange, il faut maintenant accepter que la passivité est beaucoup plus dérangeante. Repenser l’activisme qui entoure la communauté universitaire pour le voir comme un acte libérateur plutôt que condamnateur est inéluctable, considérant les principes de justice sociale que les activistes mettent de l’avant.

De plus, au coeur même des problématiques les plus stagnantes de l’U d’O, on trouve des barrières aux changements. Lorsque la haute administration explique que les membres du Bureau des gouverneurs n’ont pas à répondre aux questions des étudiants parce qu’ils occupent leur siège sans compensation monétaire, la distance entre étudiants et décideurs est plus qu’inquiétante. Cette relation est un frein important quant à la création de cet espace où les activistes peuvent s’adresser aux décideurs.

Les propositions de regroupements politiques qui se détachent de la norme en contestant le statu quo, telle l’Association des étudiantes et étudiants marxistes de l’Université d’Ottawa, tendent à ne pas être considérées assez sérieusement. Toutefois, il ne faut pas oublier que c’est en partie grâce à cette dernière, qui a mis en branle un référendum afin que nous puissions avoir la chance de nous exprimer lors d’Assemblée générale.

L’activisme doit être repensé car il ne doit pas être vu comme une lutte personnelle, malgré ce que des problèmes comme celui de la dette suggèrent. Comme le soulignait Angela Davis dans son ouverture de l’Assemblée, on ne peut être activiste lorsqu’on est seul.

Le 17 novembre, les premières Assemblées générales qui regrouperont tous les étudiants de premier cycle auront lieu au Centre des congrès d’Ottawa. Créons un espace pour une convergence des revendications.

L’Assemblée activiste est un premier pas, mais ces discussions ne peuvent s’entretenir que pour quelques jours, par une poignée de militants. Allez-vous vous joindre aux débats? Si elle est proposée, appuierez-vous la grève?

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