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Rompre avec le statu quo

Web-Rotonde
2 Décembre 2013

– Par Ghassen Athmni –

Alors qu’on pensait le débat clos depuis plusieurs années, voire plusieurs décennies, et qu’on croyait inamovible la situation du français au niveau universitaire en Ontario, voilà que le Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO) a réussi à le faire ressurgir. Si nous n’avons pas forcément de formule permettant de résoudre tous les manques et toutes les lacunes du postsecondaire francophone dans ce qui fut jadis le Haut-Canada, nous tenons à mettre en relief le fait que la situation actuelle n’est plus soutenable, que le statu quo ne peut plus durer et que des changements d’envergure doivent s’opérer illico presto. Au-delà de cette emphase sur le besoin d’actions concrètes, nous présenterons la manière dont nous concevons ces actions.

Ce qui semble faire avancer cette campagne, c’est d’abord le fait que le RÉFO ait su rallier à sa cause l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), institution qui fait figure de représentant de l’Ontario francophone dans son ensemble. La participation de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FÉSFO) est aussi primordiale, vu qu’il est important d’avoir l’appui et les perspectives de ceux qui sont essentiellement concernés par l’avènement d’éventuels changements dans le postsecondaire franco-ontarien. D’un autre côté et même s’il aurait été souhaitable que la caravane des États généraux visite la majorité des recoins où la langue française se préserve encore en Ontario, et aille solliciter plus de participants, le circuit emprunté, sur lequel figuraient les pôles de la francophonie ontarienne, et qui s’est arrêté dans toutes les grandes régions de la province, de Timmins à Windsor et de Thunder Bay à Ottawa, a certainement permis de recueillir les diverses aspirations de la communauté.

Des besoins non assouvis

Si la situation semble se décanter, c’est sans doute parce que ce que le gouvernement de l’Ontario offre au jour d’aujourd’hui est insuffisant. Il n’existe aucune institution universitaire à proprement parler qui peut se targuer d’être uniquement francophone, même l’Université de Hearst est fédérée à l’Université Laurentienne, qui elle est bilingue. À l’heure actuelle, les chiffres officiels indiquent qu’aucune région de la province ne bénéficie d’une offre en français atteignant la moitié des programmes. C’est à peine un tiers que l’on atteint dans l’est et dans le nord (respectivement 36 et 33 %) alors que dans le sud, le postsecondaire francophone est quasi-inexistant. Dans cette zone, le Collège Glendon, seule institution dispensant des cours en français, collège bilingue faisant partie de l’Université York, dont toutes les autres subdivisions sont unilingues anglophones, fait office d’îlot microscopique. Autant sur le plan des statistiques qu’au niveau des faits, les carences ne sont plus à prouver. Si le gouvernement vient de consacrer du financement pour remédier aux difficultés que rencontre le français dans le sud-ouest, on se demande quel sera le plan d’attaque, surtout qu’il semble y avoir unanimité sur le rejet d’un autre établissement bilingue.

Le réalisme s’impose

La Rotonde ne peut pousser la vanité jusqu’à proposer une carte de route. Simplement en tant que journal étudiant francophone opérant en Ontario, nous considérons qu’il est de notre devoir d’utiliser cette tribune pour débattre de la question. Plus d’une possibilité ont été évoquées, lors des consultations, dans les médias et au-delà. Selon nous, le plus important c’est de mettre un projet viable et solide sur la table, afin de pouvoir espérer des décisions favorables à Queen’s Park. D’une part, nous soutenons l’idée d’une institution qui viendrait combler les manques, et que la gouvernance de celle-ci se fasse par des francophones. D’autre part, nous ne saurions dire si une université unilingue serait viable ou non, à moins que la dite université ne doive abandonner quelques programmes importants sur son chemin. Certaines disciplines obligent le bilinguisme en raison de la réalité du marché du travail, pour avoir une université digne de ce nom, il faudrait peut-être composer avec ce paramètre. L’université franco-ontarienne, peu importe la forme institutionnelle qu’elle adoptera (un seul établissement, plusieurs campus, ou un réseau d’établissements distincts), ne doit pas être un trophée, un objectif politique, mais une vraie réponse à de vrais besoins, elle se doit, surtout d’améliorer l’offre des programmes en français, à titre d’exemple, il n’existe aucun diplôme en architecture qui peut se faire dans la langue de Patrice Desbiens. D’aucuns comparent la situation des Franco-Ontariens avec celle des anglo-québécois, qui ont la possibilité de fréquenter trois universités anglophones au Québec. L’intérêt de la comparaison serait beaucoup plus important si on se donne pour objectif, à long terme, d’avoir une institution qui rayonne au-delà de la communauté de manière à attirer les francophiles, et même au-delà de la province et du pays et à amener des francophones d’autres communautés à y poursuivre leurs cursus. Pour être viable, cette institution doit obligatoirement être un outil d’ouverture et de décloisonnement.

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