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Salles de sieste à l’Université d’Ottawa : Quand bien-être rime avec malaise.

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1 février 2016

Meriem Chine et Clémence Labasse

Après de longues soirées d’études, des nuits bien arrosées ou parfois même une combinaison des deux, nombreux sont les étudiants qui vendraient un rein pour avoir l’opportunité de se reposer sur leur campus. Alors que tout récemment l’Institut de Technologie de la Colombie-Britannique (BCIT) a inauguré dans ses locaux sa première salle de sieste, La Rotonde a décidé de faire le point sur l’intérêt potentiel de celles-ci sur les campus universitaires. Et il semblerait que les experts soient unanimes…

La sieste, un remède pour les grands et les petits.

« Il n’y a que des avantages aux siestes. » Voilà ce dont est persuadé Joseph de Konnick, professeur émérite à l’École de psychologie de l’Université d’Ottawa (U d’O) et ancien président de la Société Canadienne du Sommeil.

Non seulement une sieste permet de rattraper quelques heures de sommeil perdues, mais la relation positive entre sommeil, concentration, efficacité et acuité intellectuelle a été prouvée par bon nombre de recherches au fil des ans. Une sieste de 15 minutes, par exemple, serait suffisante pour permettre jusqu’à trois heures de concentration intense. À l’inverse, le café, solution préférée des étudiants, ne donne au cerveau que l’illusion de l’éveil; illusion qui ne dure généralement pas plus de 30 minutes et qui ne remédie pas à la fatigue accumulée.

La promotion du sommeil et l’U d’O : une relation contradictoire

Dormir serait la voie de la réussite. C’est tout du moins ce que relatait La Gazette, bulletin de l’U d’O, dans un article daté du 12 août 2015. Dans celui-ci, l’auteure soulignait l’importance négligée d’un sommeil régulier et de bonne qualité, chez les adolescents et les jeunes adultes.

Pourtant, les services de succès ne semblent pas vouloir mettre une telle emphase sur le sujet. Depuis maintenant plus de deux ans, le Service d’appui au succès scolaire (SASS) de l’U d’O a pour évènement phare une soirée intitulée « La longue nuit contre la procrastination ». Lors de cette nuit blanche tenue, selon les organisateurs, « à titre préventif » au Centre d’aide à la rédaction de travaux universitaires (CARTU), les étudiants sont encouragés à veiller pour finir leurs travaux scolaires et pour en apprendre plus sur les clés du succès scolaire. Lors de l’édition d’octobre, aucun atelier de prévention ne discutait de l’importance du sommeil pour le succès, relation pourtant soulignée quelques mois auparavant dans la Gazette.

« Il est aberrant que ce genre de soirée soit tenue et que l’on encourage les étudiants à écourter leur sommeil », s’est d’ailleurs offusqué de Konnick. « J’essaye à tout prix de lutter contre la tenue de ces évènements. »

Interrogée sur la possible mise en place future de salle de sieste sur le campus, l’administration a déclaré ne pas vouloir répondre.

Et le bien-être des étudiants de l’U d’O dans tout ça?

Au vu du manque de considération de l’institution pour le bien-être de ses étudiants, il semble de mise de constater ce que ceux-ci en pensent directement.

Selon Roméo Ahimakin, vice-président aux communications de la Fédération des étudiants de l’U d’O (FÉUO), le sommeil et les salles de sieste ne seraient pas des enjeux sur lesquels les étudiants ont manifesté de l’intérêt, et donc, ne font pas partie des priorités de la FÉUO. Ahimakin a par ailleurs précisé que des discussions avaient eu lieu sur le sujet, il y a quelques années, mais qu’elles n’avaient pas abouti. La raison? Les inquiétudes de l’établissement quant à la protection de l’intimité des personnes ainsi que des préoccupations sur la surveillance de telles salles.

Dès lors, le sujet a disparu de la liste des revendications étudiantes et l’importance de la sieste a été reléguée aux classes de maternelle.

 

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