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Éditorial

Un autre jour, un autre scandale

Web-Rotonde
26 septembre 2016

Par Frédérique Mazerolle

Vous vous réveillez tranquillement mercredi matin, prêt à commencer la journée du bon pied. Alors que vous êtes en train de savourez votre déjeuner, tout en sirotant votre café, vous prenez d’assaut votre ordinateur portable, arpentant vos divers médias sociaux.

Ah, vous dites-vous, il serait bien temps que je regarde mes courriels! Qui sait, vous en aurez peut-être reçu un de la part d’un professeur vous annonçant l’annulation d’un de vos cours pour la journée!

Malheureusement, aucune notification de ce genre n’apparaît. Ce sera alors un autre courriel qui attirera votre attention. Ledit message vient du Service d’appui au succès scolaire (SASS) de l’Université d’Ottawa, avec lequel vous faites ou avez fait affaire dans le passé. Vous pensez d’abord que le message n’est qu’un de ces messages génériques envoyés à toutes et tous.

Vous avez tord. Une mauvaise surprise vous attend.

Selon le courriel qui vous a été envoyé par l’Université, on aurait égaré vos informations personnelles. Vous lisez les prochaines lignes avec attention. On y indique que « votre numéro d’assurance sociale (NAS) ainsi que d’autres informations permettant de vous identifier se retrouvent sur au moins un des documents sauvegardés sur ce disque externe ». Oups.

Perdu, volé, égaré, qui sait

Durant les quelques minutes que vous accordez à la lecture de ce courriel, le mot se propage et l’incident est sur toutes les lèvres : le SASS aurait « égaré » les informations personnelles de centaines d’étudiant.e.s, ancien.ne.s comme actuel.le.s, qui étaient enregistrées sur un disque dur externe.

Pouff. Plus de disque dur. Il s’est envolé, tel un sac d’épicerie dans le vent.

Pour vous, c’est la panique. Vos informations, à commencer par les détails les plus intimes liés à votre santé, pourraient possiblement avoir été divulguées au grand public. Votre numéro d’assurance sociale est en train de flotter sur quelconque écran et ne semble pas vouloir redevenir exclusivement autre. »De là, votre confiance en l’institution qu’est l’Université d’Ottawa dégringole de plus belle.

L’Université de tous les scandales

L’enjeu, qui est déjà énorme en soi, ne se limite pas tout simplement à ce pauvre incident. Vous connaissez la chanson. L’Université d’Ottawa n’est certainement pas étrangère aux scandales.

Du renvoi du professeur de physique Denis Rancourt en raison de conflits d’idéologie à la suspension de l’équipe de hockey masculine en rapport avec des allégations d’agression sexuelle et en passant par la poursuite judiciaire intentée contre l’U d’O par l’Association des professeurs de l’Université d’Ottawa (APUO) concernant des hausses de salaires considérées comme illégales, le nom de l’Université ne cesse d’être souillé.

Par contre, la tendance reste la même quand l’U d’O fait face à un scandale : silence, explications politiquement correctes, mise en place d’un comité quelconque et adoption d’une politique souvent inefficace. On passe le balais et on passe à autre chose. Next, suivant.

Mais pourquoi, oh pourquoi l’Université n’est-elle pas en mesure d’agir avant que le vase ne déborde? Qu’est-il donc arrivé au bon vieux proverbe : « Mieux vaut prévenir que guérir ? » S’est-il envolé, comme le maudit disque dur ?

Pour les huit dernières années, l’U d’O a été sous le règne d’Allan Rock. Pour ces mêmes 8 ans, et malgré tous les efforts du recteur pour rehausser l’image de l’U d’O, l’Université a fait face à une multitude de situations grotesques ayant entaché sa réputation. En bon homme politique, Rock n’a jamais eu de difficultés à dire une chose et son contraire, à contourner les problèmes et laisse derrière lui des failles structurelles et administratives qui pourraient bien mener à un carnage futur. 

Sur cette note, pouvons-nous espérer qu’un changement dans la gestion des crises pourra être amené par le nouveau recteur Jacques Frémont? Seul le temps, ou le présent scandale, saura nous le dire.

Mais ne vous inquiétez surtout pas, parce qu’en bout de ligne, « [l]’Université est vraiment désolée de la situation ».

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