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Arts et culture

Un retour culturel coup de Krump avec Anima Darkroom

Emmanuelle Gingras
6 novembre 2021

Crédit visuel :  Courtoisie – Do Phan Hoi 

Critique rédigée par Emmanuelle Gingras – Vidéaste

Vous avez jusqu’à ce soir, le 6 novembre, pour retrouver vos cœurs, sûrement aigris d’un pouls artificiel, comme le mien, depuis bientôt deux ans. C’est à La Nouvelle Scène Gilles Desjardins que vous retrouverez votre enfant intérieur et que vous ferez la paix avec votre adulte actuel, grâce à Anima / Darkroom, au Krump et, surtout, à Lucy M. May et 7Starr, chorégraphes.

C’est pour célébrer un retour de saison que le Théâtre de la Catapulte et le Théâtre du Trillium co-accueillent la performance qui met en scène 7Starr, co-chorégraphe artiste montréalais de performance, expert du Krump et rappeur, même.

Ne vous fiez pas aux apparences ! Son corps imposant, sa voix tranchante et le rouge agressif qui scène n’est qu’un moyen de vous impressionner. Un peu comme le Krump d’ailleurs, danse confrontante, mais non-violente née de milieux défavorisés à Los Angeles, dans les années 2000.

Non, en fait, sur scène, vous y trouverez un interprète d’une générosité sans pareil. En énergie, en réceptivité, en humilité et… en dad jokes. À peu près tout ce dont nous avions besoin, après avoir consacré trop de temps à jongler avec soi, après s’être remis incessamment en question, au cœur d’une pandémie dévastatrice.

S’interrompre

Ce n’est pas pour rien que plusieurs définissent le Krump comme un art thérapeutique. Le corps pointe avec jugement, soi ou l’autre. Le corps récupère, un bébé ou un obèse écureuil (il faut y être pour comprendre). Enfin, le corps frappe, jusqu’à pénétrer ou en caressant, curieusement.

Et comme ces voix qui nous malmènent dans nos têtes et qui contredisent notre cœur (aussi connu sous le nom de la raison), la chorégraphie de M. May et 7Starr porte un regard sur elle-même. Entre les mouvements très introspectifs puis, la seconde d’après, libérateurs, ainsi que la musique qui interrompt les propos humoristiques de 7Starr, on se retrouve malgré nous devant un miroir de nos propres déblatérations.

Haha, les apparences

Que dire aussi de ces multiples masques par-dessus ces multiples émotions que nous portons tous et toutes quotidiennement ? La performance arbore la dualité de ses facettes qui nous définissent. Elle en rit, mais sans s’abstenir de les vivre.

Anima / Darkroom, ce n’est pas juste une lumière rouge dans un coin, ce n’est pas juste des projecteurs et de la fumée, ce n’est pas juste une autre performance contemporaine. C’est un ami, sur scène, qui brise les barricades qui définissent malheureusement notre humanité, au 21e siècle. Une pierre, deux coups ; le quatrième mur théâtral est lui aussi perpétuellement brisé, et le public est invité à communiquer et encourager l’interprète, sans honte. Adieu la prétention. Adieu le self-pity.

Seule chose terrible avec Anima / Darkroom, c’est de ne nous avoir accordé qu’une heure de prestation.

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