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Une hausse des frais de scolarité prévue par l’Université d’Ottawa

Dawson Couture
31 mai 2022

Crédit visuel : Dawson Couture 

Article rédigé par Dawson Couture – Journaliste

Le 30 mai, le Syndicat des étudiant.e.s de l’Université d’Ottawa (SÉUO) a dévoilé que le Bureau des gouverneurs de l’Université d’Ottawa (U d’O) œuvre à une augmentation des frais de scolarité pour les étudiant.e.s de l’extérieur de l’Ontario. Le nouveau barème de l’U d’O augmenterait les frais de scolarité des étudiant.e.s domestiques non-ontarien.ne.s de cinq pour cent, des étudiant.e.s internationaux.ales de cinq virgule cinq pour cent et des étudiant.e.s internationaux.ales nouvellement admis de sept pour cent.

Lors de la conférence de presse, le président du SÉUO, Armaan Singh, a dénoncé la stagnation du financement provincial pour l’éducation postsecondaire comme source principale des augmentations. Singh estime qu’il est injuste que « l’Université équilibre ses budgets sur le dos des étudian.t.e.s ».

Une consultation insuffisante ?

Après avoir entendu des soupçons d’une hausse des frais de scolarité, le SÉUO a débuté le 18 mai une campagne de lettres dirigées à la provost et au recteur de l’U d’O. En dépit des lettres de plus de 4 700 étudiant.e.s pour s’opposer à leur proposition, Singh souligne que l’administration refuse toujours de répondre à leurs préoccupations. 

D’après lui, la provost, Jill Scott, a préféré l’inviter avec son collègue et commissaire à la revendication du SÉUO, Chelsey-Lynn Rousselle, à une réunion privée le 26 mai. C’est lors de cette rencontre, ajoute-t-il, que la provost a annoncé qu’une hausse des frais de scolarité ferait partie de la prochaine proposition budgétaire. Malgré leurs contestations, le Bureau des gouverneurs a déposé le nouveau budget avec la hausse de frais le 30 mai.

La province a annoncé le 23 mars qu’elle prolongerait le gel des frais de scolarité pour les étudiant.e.s ontarien.ne.s pour l’année universitaire 2022-2023. Rousselle suggère toutefois que l’U d’O cherche à exploiter pleinement les lignes directrices du gouvernement provincial envers les étudiant.e.s étranger.ère.s. Selon iel, celles-ci permettent aux institutions postsecondaires d’augmenter les frais des étudiant.e.s canadien.ne.s non-ontarien.ne.s de cinq pour cent et des étudiant.e.s internationaux.ales de manière illimitée. 

L’U d’O suit l’exemple de l’Université de Toronto et l’Université de Trent qui ont annoncé le 31 mars une augmentation des frais de scolarité de deux à trois pour cent, malgré les objections des étudiant.e.s. Pour Singh, cela est signe d’un problème systémique causé par la négligence du secteur postsecondaire et des étudiant.e.s par la province. 

Un impact disproportionné

La décision de l’U d’O est d’autant plus choquante pour Singh, considérant le surplus budgétaire de 41,7 millions de dollars qu’elle a accumulé pour l’année académique 2020-2021. La lettre ouverte confirme qu’avant la pandémie, 54 pour cent des étudiant.e.s canadien.ne.s de premier cycle avaient déjà des dettes d’environ 28 000 dollars à la fin de leurs études.

Tout en reconnaissant l’effet universel de ces augmentations, Rousselle a soulevé l’impact déséquilibré sur les étudiant.e.s francophones à l’U d’O. En 2020-2021, 5 800 étudiant.e.s québecois.e.s fréquentaient l’U d’O, sans compter les centaines de Canadien.ne.s et non Canadien.ne.s francophones sur le campus. 

Iel met en évidence l’hypocrisie de l’administration qui se dit pro-francophone, mais qui a déjà augmenté les frais de scolarité pour les étudiant.e.s internationaux francophones de 10 pour cent l’an dernier. En tant que fier.ère acadien.ne et étudiant.e hors province, le.la commissaire à la revendication exprime sa déception totale : « J’ai choisi l’U d’O en raison de sa dévotion au bilinguisme. Ceci marque une nouvelle attaque sur la francophonie en Ontario. »

Singh ajoute que les hausses de frais affectent davantage les populations défavorisées et racisées sur le campus. Lors de son discours, il a affirmé que l’U d’O allait dans la mauvaise direction en multipliant les obstacles à l’éducation, notamment pour les étudiant.e.s autochtones.

Singh fait remarquer que la hausse des frais entraînera un accroissement de la dette étudiante et obligera à plusieurs étudiant.e.s d’abandonner leurs études ou choisir une autre école. Cette dernière peut ne pas être une option valable pour plusieurs francophones, précise Rousselle, en raison du choix limité d’institutions postsecondaires à leur disposition en Ontario. 

L’union fait la force

Suite à de multiples contestations il y a exactement un an, l’U d’O a dû abandonner une proposition qui aurait augmenté les frais de scolarité pour les étudiant.e.s hors-province par trois pour cent. Singh espère de nouveau que la pression du corps étudiant, sous la forme d’une campagne de lettres et d’une lettre ouverte au président et à la provost de l’U d’O, pourrait avoir un impact similaire.

Le manque de consultation et de financement de la part de l’U d’O et de la province a galvanisé des dizaines d’acteur.rice.s à soutenir la campagne #uODitNon du SÉUO. Lors de la conférence de presse, la présidente de l’Association des professeur.e.s de l’U d’O, Susan Spronk, et le président de l’Association des professeur.e.s à temps partiel de l’U d’O, Luc Angers, ont affirmé.e.s leur soutien indéfectible aux étudiant.e.s. Singh ajoute que plus de 20 associations étudiantes, cinq syndicats du comité universitaire et plus de 20 étudiant.e.s élu.e.s ont signé leur lettre ouverte.

En complément à la lettre, Singh et son équipe font valoir le pouvoir démocratique que détiennent les étudiant.e.s ontarien.ne.s lors des élections provinciales le 2 juin. En guise de manque de financement, constate le président du SÉUO, « il faut voter pour des candidat.e.s et des partis qui travailleront pour nous ». La députée provinciale libérale, Lucille Collard, et la candidate du Nouveau Parti démocratique (NPD), Lyra Evans, ont toutes les deux participé à la conférence pour réitérer leur solidarité avec le SÉUO et les plus de 38 000 étudiant.e.s de premier cycle qu’il représente.

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