
Une pétition de l’APUO pour briser le silence de l’administration
Crédit visuel : Hidaya Tchassanti — Directrice artistique
Article rédigé par Tom Chazelle Schulze — Journaliste
L’Association des professeur.e.s de l’Université d’Ottawa (APUO) a tenu une conférence de presse le jeudi 10 octobre. Lors de celle-ci, professeur.e.s et bibliothécaires à temps plein ont annoncé la remise d’une pétition majoritaire à l’administration centrale de l’Université d’Ottawa (U d’O), dans le cadre des négociations de leur nouvelle convention collecte.
Négociations en cours
L’APUO est en négociations collectives avec l’administration depuis le 12 juin dernier. Ces discussions visent à résoudre certains problèmes auxquels l’U d’O fait face depuis plusieurs années.
En effet, d’après un communiqué de presse publié par l’APUO, les conditions de travail et la gouvernance de l’U d’O sont en détérioration depuis de nombreuses années, entraînant ainsi un déclin de la qualité de l’éducation et de la recherche. Malgré cela, « l’administration refuse catégoriquement de négocier » affirme l’APUO.
En résultat, l’Association a lancé une pétition, qu’environ 70 % des membres ont signé. La pétition a pour but de faire réagir l’administration universitaire quant à l’urgence des négociations.
L’APUO explique que son souhait est de mettre fin au statu quo qui règne depuis bien trop longtemps au sein de l’Université d’Ottawa.
Frustrations d’ancienne date
Les professeur.e.s et bibliothécaires à temps plein ont entamé ces négociations en raison du refus par l’Université de réviser la convention collective, tombée à échéance depuis le 30 avril dernier. Cependant, les frustrations de l’APUO datent de bien plus longtemps que ça.
En effet, Dimitri Karmis, président de l’Association, et Jennifer Blair, agente de mobilisation et membre du comité de négociation, mentionnent que depuis une dizaine d’années, le ratio étudiant.e.s-professeur.e.s ne cesse d’augmenter. Parallèlement, les budgets pour l’assistanat d’enseignement sont en baisse depuis plusieurs années. Une situation qui rend, d’une part, la charge de travail plus importante pour les professeur.e.s, et d’autre part, détériore la qualité éducative ainsi que l’apprentissage des étudiant.e.s, affirment Karmis et Blair.
Karmis déplore également que les priorités budgétaires de l’administration ne se trouvent pas dans le soutien de l’éducation, mais semblent davantage orientées vers des plateformes automatisées, telle que Workday. Cette plateforme, dans laquelle l’U d’O aurait investi plus de 45 millions de dollars à en croire Karmis, se montre inefficace selon lui. Il affirme même qu’elle serait une perte de temps et d’argent et mentionne qu’un budget de 40 millions de dollars est alloué à des consultant.e.s externes.
Durant la conférence et en entrevue avec Karmis, les professeur.e.s et bibliothécaires se sont insurgés contre le fait que les décisions de l’administration universitaire se prennent de plus en plus de façon autoritaire, sans consulter la communauté universitaire, surtout depuis la pandémie. D’où les frustrations au sein du corps professoral, qui d’après Karmis, ont même provoqué des départs d’employé.e.s, soulignés lors de cette conférence.
L’APUO revendique entre autres la démocratisation des décisions administratives, notamment lors du choix d’un.e nouveau.elle recteur.ice ou d’un.e doyen.ne de faculté. Karmis souhaite un processus de ratification de la part de la communauté universitaire pour ces positions. L’idée serait que les propositions des comités de décisions soient ratifiées à au moins 60 % de la population universitaire.
Prochaines étapes
En date du 10 octobre, la pétition avait été signée par 863 des 1235 membres de l’APUO. Le 17 octobre ont également eu lieu des négociations appuyées par un médiateur externe, dans le but de faire avancer les discussions. Une manifestation de l’APUO est aussi prévue le 30 octobre. Les journées du 5 et 6 novembre sont quant à elles réservées pour une conciliation.
Le conseil administratif de l’Association a voté jeudi 10 octobre une politique et un budget de grève, qui servent de solutions de dernier recours. Dans le cas où les négociations avec l’administration n’avanceraient pas, l’APUO entreprendrait un vote de grève. D’après Karmis, les 1235 membres de l’APUO « enseignent 50 % des cours de premier cycle et 100 % de ceux de deuxième et troisième cycles », donc une grève aurait un impact considérable sur le fonctionnement de l’Université.
Karmis souhaite cependant rappeler que toutes ces décisions sont prises dans l’intérêt de la qualité éducative, donc pour le bien des étudiant.e.s. Il explique que les conditions de travail des professeur.e.s et les conditions d’apprentissage des étudiant.e.s sont corrélées. De plus, l’APUO est en contact avec les autres syndicats sur le campus et informera la population universitaire des prochaines étapes.