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Victimes de maltraitances : le cas des personnes aînées franco-ontariennes
Crédit visuel : Archives
Article rédigé par Mireille Bukasa— Cheffe du pupitre Actualités
La Fédération des aîné.e.s et retraité.e.s francophones de l’Ontario (FARFO) est un organisme visant à défendre les droits des personnes âgées francophones de la province. Le Réseau de prévention de la maltraitance des aîné.e.s francophones de l’Ontario (RPMAFO), quant à lui, est une branche de la FARFO qui dénonce la maltraitance envers ces mêmes aîné.e.s. Denise Lemire, présidente du RPMAFO, s’est entretenue avec La Rotonde dans le but d’expliquer les procédures mises en place par l’organisme pour sortir les personnes âgées franco-ontariennes de ces situations d’abus.
La Rotonde (LR) : Quels types de maltraitance subissent les personnes aînées et quels sont les défis auxquels elles font face ?
Denise Lemire (DL) : La maltraitance peut être physique, émotionnelle, financière, romantique ou sous forme de négligence, de fraude ou d’arnaque. C’est un problème sérieux qui touche de nombreux individus dans notre province.
Les personnes aînées francophones, en particulier celles vivant dans des communautés où les services en français sont limités, rencontrent des difficultés majeures pour obtenir l’aide dont elles ont besoin.
La langue est souvent un obstacle majeur, les empêchant d’accéder à des services de soutien appropriés, à des lignes d’assistance téléphonique, à des ressources éducatives et à des informations cruciales sur leurs droits et les moyens de se protéger contre la maltraitance.
LR : Qu’en est-il de la campagne de sensibilisation pour la prévention des mauvais traitements envers les aîné.e.s ?
DL : Nous avons entamé une campagne de sensibilisation qui comporte différentes phases.
Lors de la phase 1, nous avons envoyé une lettre à une quarantaine de député.e.s francophones et francophiles afin de les sensibiliser aux défis en lien avec la maltraitance et de demander leur appui au soutien des centaines de milliers de personnes âgées victimes de formes insidieuses d’abus.
La phase 2, qui a été lancée le 21 octobre, vise le public en général, les centres de vie active, les organismes qui offrent des services aux personnes aînées, etc. Nous les invitons à écrire et même à rencontrer leur député.e local.e. Nous voulons inciter les député.e.s à prendre des mesures concrètes pour améliorer la situation des personnes aînées francophones et leur permettre d’accéder aux ressources et services nécessaires pour se protéger contre les mauvais traitements.
Pour la troisième phase, la FARFO s’est liée avec l’organisme Elder Abuse Prevention Ontario et participera à un événement annuel important le 26 novembre prochain : il s’agit de la Journée de sensibilisation, qui aura lieu à Queen’s Park.
LR : Que préconisez-vous pour venir en aide aux personnes aînées francophones ?
DL : Nous sollicitons l’appui des député.e.s pour cinq objectifs principaux :
Notre objectif premier est de renforcer les mécanismes de signalement et d’intervention. Nous voulons développer et promouvoir des systèmes de signalement disponibles en français, afin que les personnes aînées francophones puissent facilement accéder à l’aide dont elles ont besoin. Cela inclut la mise en place de lignes d’assistance téléphonique bilingues et la traduction des ressources et des protocoles en français.
Notre deuxième objectif est d’accroître le soutien financier des organismes qui offrent des services en français aux personnes aînées victimes de maltraitance. Cela comprend le soutien aux centres d’aide, aux services de counseling et aux programmes de sensibilisation disponibles en français.
Ensuite, nous voulons éduquer et former les professionnel.le.s de la santé et les soignant.e.s sur la diversité linguistique : le but est d’assurer que les travailleur.se.s sociaux.ales, les infirmières et autres professionnel.le.s reçoivent une formation sur les besoins spécifiques des personnes aînées francophones, y compris la reconnaissance des signes de maltraitance et la fourniture d’une aide en français.
Nous souhaitons également mettre en œuvre des politiques de prévention et de protection en français. Afin de surmonter les barrières linguistiques, il faut promouvoir des politiques qui garantissent que les services de prévention, les informations sur les droits des personnes aînées et les ressources de soutien soient disponibles en français.
Enfin, nous cherchons à favoriser une approche communautaire inclusive. Nous souhaitons encourager une collaboration entre les groupes de soutien aux personnes aînées, les associations communautaires et les services sociaux pour assurer la prise en charge des besoins et des services adaptés.
LR : Avez-vous déjà des réactions de la part des député.e.s qui ont reçu la lettre de la FARFO ?
DL : Il y a un grand intérêt de la part des député.e.s : près de 70 % d’entre eux.elles ont ouvert notre invitation dès la journée de l’envoi. Nous avons aussi eu quelques demandes de rencontres pour discuter davantage de la problématique.
Pour le public, il est encore trop tôt pour le savoir. L’invitation a été envoyée à 2 872 contacts à travers l’Ontario : 47,74 % l’avaient ouverte après 24 heures. Nous espérons obtenir une suite favorable. Nous invitons aussi le public à partager des témoignages en lien avec la maltraitance des personnes aînées sur le site internet de la FARFO.