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Un Canadien risque la déportation

Web-Rotonde
13 janvier 2014

Photo courtoisie

 

 

 

 

 

 

 

– Par Sinda Garziz –

Vendredi dernier, le collectif « Personne n’est illégal d’Ottawa » et le comité de soutien « Justice pour Deepan » ont organisé une soirée de levée de fonds qui servira à payer le tournée de Deepan Budlakoti. Le jeune homme de 23 ans, né au Canada, fait face à la déportation en Inde par le gouvernement canadien, là où il ne serait également pas reconnu comme citoyen. Budlakoti fera prochainement le tour de quelques villes canadiennes pour raconter son histoire, dans l’espoir de susciter le soutien et la sensibilisation de la société canadienne au sujet de la gravité de l’application du règlement de la double peine à l’égard d’un citoyen canadien. La Rotonde était parmi les invités et a pu rencontrer l’un de ses avocats ainsi que les activistes qui ont organisé l’événement.

Deepan Budlakoti est né à Ottawa, issu de parents originaires d’Inde et qui, à leur arrivée au Canada, ont travaillé comme domestiques pour l’Ambassade indienne. Ayant passé toute sa vie sur le sol canadien, Budlakoti a été accusé, en 2010, d’appartenir à un réseau de trafic de drogue et d’armes et a purgé une peine de trois ans en prison. C’est durant sa période de détention qu’il y a eu une remise en question de la légalité de l’obtention de sa citoyenneté canadienne, 23 ans plus tôt. « Les gardiens de la prison lui ont posé beaucoup de questions relatives à l’arrivée de ses parents au Canada, ainsi que les dates de la période durant laquelle ils ont travaillé pour l’Ambassade indienne. Ils avaient une volonté explicite de remettre en cause sa citoyenneté et cette volonté est due à une attitude raciste », affirme Zoe Maggio, membre du comité de soutien « Justice pour Deepan ».

Il faut savoir qu’au Canada, la citoyenneté est acquise par un droit du sol. Donc toute personne née sur le sol canadien a le droit à la citoyenneté canadienne. Il y a toutefois une disposition dans la loi sur la citoyenneté qui prévoit des exceptions aux personnes nées de parents travaillant au Canada pour les gouvernements étrangers ou pour les agents diplomatiques. Affirmant que M. Budlakoti est né lorsque ses parents travaillaient encore pour l’Ambassade indienne, le gouvernement canadien lui a ainsi retiré sa citoyenneté en 2013 à sa sortie de prison, après l’avoir reconnu comme Canadien durant 23 ans et lui avoir délivré à deux reprises un passeport canadien.

Yavar Hameed, l’un de ses avocats, explique que « pour commencer, le règlement de la double peine ne s’applique que sur les migrants ayant obtenu la citoyenneté canadienne en arrivant au Canada et ayant commis des crimes graves. Deepan n’est pas un migrant, car il est né au Canada et a un certificat de naissance qui le prouve. Puis, l’argument utilisé par le gouvernement peut être mis en cause avec la déclaration publiée par un ancien haut-commissaire de l’Inde au Canada, qui a affirmé que le père de Deepan a cessé de travailler pour lui, quatre mois avant la naissance de Deepan. Enfin, même si cette déclaration ne serait pas prise en considération, il faut savoir que la déportation ne s’applique que sur les personnes ayant une double nationalité, mais pas sur une personne sans citoyenneté. Deepan ne possède pas une citoyenneté indienne, vu qu’il est né et a vécu toute sa vie ici au Canada et que le gouvernement indien ne le reconnaît pas comme citoyen. Donc dans ces conditions, le Canada ne peut pas le déporter », affirme-t-il.

Dans quelques jours, M. Budlakoti entamera une petite tournée dans quelques villes canadiennes grâce aux fonds qui ont été amassés durant la soirée de vendredi. Cette tournée aura pour but de rencontrer des groupes et des associations militant pour les droits des immigrants et contre la double peine et d’autres organisations défendant les droits de l’homme, pour raconter son histoire et essayer de susciter le soutien des Canadiens afin de mettre plus de pression sur le gouvernement canadien.

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