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Arts et culture

Au creux du Nord

Culture
14 janvier 2020

Crédit visuel: Alexandre Gaillez

Par Noémie Calde­ron-Trem­blay – Jour­na­liste 

 

Unikkaaqtuat offrait une plongée unique dans les mythes fondateurs inuits à travers le théâtre, le cirque, la vidéo et la musique. La production de 90 minutes, présentée du 9 au 12 janvier 2020, marquait la rentrée hivernale du théâtre autochtone au Centre national des arts (CNA).

Unikkaaqtuat, signifiant en inuktitut « histoire des temps anciens ou nos légendes », est le fruit de la rencontre entre la troupe de cirque inuite Artcirq, la compagnie de cirque Les 7 doigts de la main et la compagnie de production Taqqut. Cette rencontre artistique interculturelle a eu pour objectif de célébrer et de rendre hommage à la culture inuite.

La trame narrative simple émergeait de la fable qui suit : lors d’un séjour à l’hôpital, un jeune inuit reçoit une série de cassettes comportant des enregistrements vocaux de son grand-père. Il les écoute et se laisse emporter par les histoires qu’il raconte.

Le spectacle était divisé en plusieurs tableaux où l’univers merveilleux des mythes fondateurs côtoyait la réalité stérile de la chambre d’un patient. À plusieurs reprises, le malade se retrouvait dans l’imaginaire des récits et les personnages du récit intégraient le milieu hospitalier.

Renouer avec l’intangible

La pièce comprenait quelques brefs dialogues, mais la grande majorité du spectacle reposait sur les images poétiques. Le sens des mythes fondateurs y était perçu abstraitement par les spectateurs non initiés. Ce dernier se laissait alors guider et en imaginait la signification.

L’esthétique du spectacle était construite autour des illustrations de l’artiste inuite, Germaine Arnaktauyok. Celles-ci tapissaient l’écran numérique placé au fond de la salle, et facilitaient ainsi l’immersion dans l’imaginaire inuit. De plus, ces oeuvres répondaient aux tableaux vivants créés par les artistes sur la scène. 

Au niveau technique, la mise en scène comportait quelques maladresses. Les enchaînements manquaient, dans certains cas, de finesse et de subtilité. Les artistes semblaient parfois négliger la précision, en tombant trop tôt ou en ne sautant pas suffisamment haut. Lors de ces moments moins précis, ils riaient de bon coeur, accentuant le manque flagrant de rigueur déjà relevé.

Avec la loupe du critique, le sens de l’oeuvre ne semblait pouvoir être dégagé dans sa totalité. Toutes les courtes histoires présentées portaient en effet autour de la question de l’apprentissage, du jeu de l’initiation et de la naissance d’un homme ou d’un monde.

La nature y vibre

La pièce s’est démarquée par d’habiles jeux d’ombres, de saisissants chants de gorge et des artistes circassien.ne.s reproduisant avec fluidité et aisance le mouvement d’animaux du Nord comme les chiens de traineau, les lièvres ou encore les ours polaires.

Le spectacle anima une salle chargée d’émotions, d’applaudissements et des voix de spectateurs qui se joignaient aux chanteurs sur la scène.

À noter qu’Unikkaaqtuat a été jouée en première mondiale, et a permis d’exporter à la fois un savoir, mais aussi des traditions immémoriales sur les grandes scènes du Canada et à l’international.

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