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Élections FÉUO : De 34 à 155 votes: le mystère du recomptage de votes

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27 février 2017

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Par Frédérique Mazerolle – rédactrice en chef

Alors que les résultats non officiels des élections générales de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) ont été révélés au public par l’entremise de la page Facebook de l’association le 11 février dernier, il faut croire que ce n’était que le calme avant la tempête. Suite à un troisième recomptage des votes, Jeffry Colin, du parti Arrangeons-ça, a été détrôné par son adversaire, Axel Gaga du parti Uni.e.s, à la vice-présidence aux affaires universitaires. L’écart initial, qui était de 34 votes pour Colin, s’est soudainement transformé en un écart de 155 votes en faveur de Gaga. Que s’est-il donc passé? Retour sur une période électorale qui n’en finit plus.  

Quand la technologie fait faux bond

Alors que la population estudiantine se remettait tranquillement des élections de la FÉUO, celle-ci publiait sur sa page Facebook les résultats du dernier recomptage des votes le 16 février. À première vue, rien ne semblait avoir dramatiquement changé… À une exception près.

En effet, les candidats au poste de vice-président aux affaires universitaires, Jeffry Colin et Axel Gaga, qui avaient respectivement 2 250 et 2 216 votes lors de la première parution des résultats non officiels, sont passés à 2 164 et à 2 319 votes, respectivement. Une marge d’erreur que personne ne semble pouvoir expliquer.

« On m’a dit que le nombre de votes enregistrés dans les machines de recomptage n’était pas le même que celui du second recomptage, qui a été fait à la main », explique Colin. « En gros, on nous a dit qu’il y avait eu des erreurs dans le recomptage par machine et que quelqu’un aurait accidentellement rentré de mauvais chiffres », précise-t-il.

La Rotonde a dès lors contacté la compagnie Election Systems & Software (ES&S) afin d’obtenir de plus amples renseignements sur le bon fonctionnement des machines. Glen Foote, le directeur des opérations de la succursale ontarienne d’ES&S, a maintenu que « plusieurs millions de dollars [étaient] investis dans les machines chaque année », mais n’a pas souhaité répondre à plus de questions. Il a cependant indiqué ne pas avoir été informé de problèmes au niveau du fonctionnement des machines de recomptage utilisées par la FÉUO.

Précisons qu’un recomptage peut être demandé seulement 48 heures suivant l’annonce des résultats non officiels. Selon les informations obtenues par La Rotonde, seuls les votes pour le poste de vice-président aux affaires universitaires auront dû être recomptés.

« Je respecte le processus démocratique et j’ai confiance que le Bureau des élections a fait son possible », déclare Colin. Il ajoute cependant vouloir que son cas serve d’exemple pour que le vote en ligne soit mis de l’avant dès les prochaines élections. Le candidat défait appelle également le Bureau des élections à procéder à un recomptage pour toutes les positions de l’exécutif afin de s’assurer de l’exactitude des résultats.

Si La Rotonde a tenté de contacter celui qui sera sans doute le prochain vice-président aux affaires universitaires afin de connaitre ses impressions, Axel Gaga n’a répondu à aucune demande d’entrevue.

Quand il y a anguille sous roche

Au-delà des difficultés techniques liées au recomptage des bulletins, un élément bien plus troublant pourrait expliquer le décalage entre les votes.

Jamie Ghossein, nouvellement élu à titre de représentant étudiant au Bureau des gouverneurs de l’Université d’Ottawa, était scrutateur lors des recomptages. « Il est presque impossible que les employés qui comptent les votes trichent, étant donné que les scrutateurs, moi compris, sont carrément derrière leur épaule à observer leur travail », commence par expliquer Ghossein.

À son avis cependant, le processus de recomptage final manquerait de transparence : « On m’a dit qu’on ne pouvait pas voir ce processus et que seul le directeur des élections pouvait s’en charger, même s’il n’y a pas de mention de cela dans les règlements [des élections] ». Après avoir insisté, Ghossein explique avoir été en mesure de voir les chiffres finaux.

« J’ai remarqué qu’à plusieurs endroits, certains nombres étaient barrés et remplacés par d’autres », a constaté l’étudiant, qui soutient qu’il ne s’agissait pas « de différences d’un ou deux votes ».

Cette opacité dans le processus de recomptage pousse Ghossein à considérer la nécessité d’un audit externe. À date de publication, le Bureau des élections n’a pas répondu aux demandes d’entrevue de La Rotonde. À suivre.

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