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Économie et deuxième vague ; à quoi s’attendre ?

Rédaction
28 août 2020

Crédit visuel : Pikist

Par Noémie Calderon Tremblay – Journaliste

Tandis que plusieurs pays comme l’Espagne, l’Allemagne ou la Corée ont dû reconfiner, les Canadien.ne.s se préparent et se demandent quel serait l’impact d’une situation semblable sur leur vie. Scénario catastrophe ou période difficile pour l’économie canadienne, Gilles Levasseur et Patrick Leblond, tous deux professeurs à l’Université d’Ottawa ont un avis différent sur l’effet qu’aurait une seconde vague de coronavirus sur le Canada et ses entreprises.

Selon un article de Radio-Canada « la question n’est pas de savoir s’il y aura une deuxième vague d’infections au coronavirus, mais plutôt quand elle se produira et quels seront ses effets ». Effectivement, les deux tiers des 170 experts en épidémiologie, en médecine et en santé publique ayant rempli un questionnaire en juillet dernier à Montréal jugent la possibilité d’une nouvelle vague très probable.

Toutefois, l’article indique que même si celle-ci a lieu, elle n’aura pas nécessairement la même force et les mêmes conséquences que la première : « les experts disent que la gravité de ses effets dépendra des mesures gouvernementales en place et du respect des consignes par la population. »

La perspective d’un reconfinement

À la question « quel est l’effet de la première vague de la pandémie sur l’économie canadienne ? », Patrick Leblond, professeur à la faculté des sciences sociales et l’École supérieure d’affaires publiques et internationales répond que « c’est assez simple, on a eu une décroissance économique. Cela est dû au fait notamment, que les consommateur.rices.s ont consommés beaucoup moins qu’à l’habitude, car ils ou elles étaient confinés à la maison et que certain.e.s d’entre eux ont perdu leur emploi et que du même coup, les entreprises ont moins investi ». 

Il souligne que l’aide gouvernementale a permis de compenser la perte de revenu d’une partie de la population et que depuis le début du déconfinement, il est possible d’observer une reprise économique graduelle.

Si durant la première vague, des aides gouvernementales ont été mises en place, selon Gilles Levasseur, professeur à l’école de gestion Telfer, ce ne sera peut-être pas le cas pour la prochaine. « Le gouvernement du Canada ne pourra plus se permettre d’offrir le même appui aux citoyen.ne.s, celui-ci devra effectuer des choix différents. Par exemple, l’état ne pourra plus continuer de subventionner l’assurance emploi et assurer les loyers pour les centres commerciaux ; les entreprises vont devoir fermer leurs portes. »

 Levasseur croit qu’il faudrait éviter une deuxième vague afin d’éviter des conséquences désastreuses à long terme sur l’économie. « Il faudrait que le gouvernement rende obligatoire les masques dans les rues et que du désinfectant soit accessible à tous les citoyen.ne.s », énonce-t-il. D’après lui, la deuxième vague serait beaucoup plus nuisible que la première.

Lebond quant à lui se rallie à l’avis des experts, et pense que l’impact d’une prochaine vague sur l’économie dépendra « de la façon dont elle sera gérée et de son ampleur. »

Les possibles conséquences

Dans le cas où les gouvernements devront encore une fois confiner une majorité de la population et fermer une partie de l’économie pour essayer d’aplanir la courbe du nombre de personnes infectées, Lebond explique que l’impact économique serait possiblement le même qu’au moment de la première vague. Que la relance de l’économie canadienne sera ainsi rallongée.

Un des problèmes avec le confinement, précise-t-il « c’est qu’on sait que plusieurs entreprises n’y ont pas survécu et que d’autres ne survivront pas au prochain ». Même une fois l’économie repartie et les sections de l’économie fermées, déconfinées, une partie des entreprises n’existent plus et cela met un frein à la croissance économique. Il faudra plus ou moins de temps pour rebâtir et reconstruire, de la force qu’aura la prochaine vague.

Les secteurs du transport aérien et celui de la santé mentale vivent des périodes difficiles, et la deuxième vague aurait sur eux un impact majeur à long terme, exemplifie-il.

Il ajoute que le système d’éducation est aussi ralenti ; les élèves ne reçoivent pas la même qualité d’enseignement à la maison qu’à l’école. De plus, le travail à la maison et la conciliation entre la famille et le travail avec le télétravail diminuent la productivité des citoyen.ne.s canadien.nes.

Selon Levasseur, « S’il y a une deuxième vague, ça va être une catastrophe pour plus de 25 à 40 % des entreprises au Canada au minimum ». Il s’attend à ce que le gouvernement ne puisse pas venir en aide aux citoyen.ne.s comme au moment de la première vague.

« Il ne faut pas paniquer et croire que le gouvernement va laisser les gens livrés à eux-mêmes. Oui, il y a un coût fiscal à long terme pour le Canada, mais celui-ci vaut la chandelle, car si le gouvernement ne fait rien, le coût économique, social et politique serait beaucoup plus grand ». Même s’il y a moins de marge de manoeuvre et plus de risques que lors de la première vague, le gouvernement fédéral aurait encore les moyens de venir en aide à ces citoyen.ne.s, dévoile-t-il.

Que le Canada soit prêt économiquement ou non, la possibilité d’une deuxième vague est grande. Celle-ci engendrerait une deuxième récession économique due à la fermeture de plusieurs entreprises qui auraient un impact à court, à moyen et à long terme sur l’économie canadienne. 

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