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Arts et culture

L’APCM rêve d’une ouverture franco-canadienne

Web-Rotonde
26 juin 2017

Arts et Cultures 

Par : Nicolas Hubert – Journaliste 

Au cours de cette période estivale aux douces odeurs de vacances, de festivals, de festivités en général et de décrochage scolaire en particulier (pour les plus chanceu.x.ses), l’Association des Professionnels de la Chanson et de la Musique (APCM) bat son plein et continue à se mobiliser pour nous partager le meilleur des artistes franco-canadiens. La Rotonde s’est entretenue avec le Responsable des événements artistiques de l’APCM, Thomas Kriner, qui revient pour nous sur la semaine des Trille Or, le Festival des Franco-Ontariens et les artistes à surveiller au cours des prochains mois

La Rotonde : Bonjour Thomas, organisée par l’APCM, la semaine des Trille Or s’est tenue du 1er au 6 mai dernier à Ottawa en adoptant une nouvelle formule, plus complète et ouverte à de nouvelles régions de la francophonie au Canada. Quelles conclusions tirez-vous de cette édition 2017? Est-ce que l’organisation de l’événement, son ouverture, sa médiatisation et l’affluence du public ont elles répondu à vos attentes?

Thomas Kriner : Par rapport aux Trille Or, le fait d’avoir changé la formule a vraiment apporté quelque chose d’intéressant. C’est la première année où on a ouvert toutes les catégories aux artistes de l’Ouest, alors qu’avant ils avaient seulement quatre catégories qui leur étaient réservées. Cela a amené un bassin d’artistes plus important au niveau des nominations et catégories, mais également une plus forte concurrence pour les artistes de l’Ontario tout en rehaussant le niveau artistique. Pour la première année, nous avons également ouvert à l’Est, sur quatre catégories réservées aux artistes acadiens. Cela amène également de nouvelles routes à nos artistes de l’Ontario grâce aux partenariats que nous sommes en train d’établir avec l’Acadie pour des tournées conjointes. Cette dynamique est vraiment enrichissante.

LR : Concernant ce processus d’ouverture des Trille Or, est-ce que l’APCM a un projet précis et un échéancier définis?

TK : Ce qu’on essaye de faire avec l’APCM et notamment avec le projet du gala des prix Trille Or, c’est de se positionner comme Franco-Canadien. Être un événement professionnel qui rassemble toute la francophonie canadienne. À long terme, nous aimerions effacer les barrières provinciales et être rassemblés sous une même bannière franco-canadienne. Mais cette ouverture est avant tout un processus de longue haleine qui renvoie à une réflexion sur une démarche progressive d’intégration des artistes de l’Est. Il faut comprendre qu’historiquement, le Gala des prix Trille Or est franco-ontarien, cela a pris neuf9 ans aux artistes de l’Ouest pour être à la même hauteur que les artistes de l’Ontario. On attend également de voir le retour de l’Acadie et voir dans quelle mesure les provinces de l’Est vont s’intégrer dans le projet. On souhaite une démarche collaborative sans outrepasser les propres structures culturelles acadiennes.

LR : Pour revenir plus précisément à cette édition 2017, est-ce qu’elle a répondu à vos attentes et objectifs?

TK : On est vraiment satisfait, on a eu à peu près 200 inscriptions de professionnels, qui se sont déplacés pour participer à l’événement. Avant les Trille Or s’effectuaient sur deux à trois jours d’activités alors que cette année nous l’avons planifié sur une semaine, avec des conférences, des laboratoires de travail sur des thématiques bien précises répondant aux besoins de l’industrie musicale. C’était intéressant de voir des professionnels du Québec, de l’Acadie ou de l’Ouest se déplaçant à notre événement pendant une semaine.

LR : En ce qui a trait à la médiatisation des Trille Or, qu’est-ce qui a changé par rapport aux dernières éditions?

TK : Avant nous travaillons avec Radio Canada, qui était coproducteur de l’événement, mais cette année nous avons récupéré 100% de la production de l’événement et c’est TV5 Unis TV qui a racheté les droits de diffusion du Gala. Nous avons également effectué une diffusion multiplateforme pour tenter d’aller chercher les auditeurs autant sur internet que sur la télévision. Nous avons eu par exemple 10 000 spectateurs sur Facebook Live. En parallèle à la diffusion en ligne, la collaboration avec Unis TV nous offre une diffusion nationale, chose que Radio Canada ne nous permettait pas d’avoir.

LR : Cette diffusion nationale et multiplateforme renvoie-t-elle à votre volonté d’ouverture sur l’ensemble de la francophonie canadienne?

TK : Cela rentre en plein dedans. C’est un peu une stratégie imbriquée, mais c’était vraiment important pour nous, une fois producteur à 100% de l’événement, qu’une personne à Halifax, ou à Vancouver puisse nous suivre en direct sur le Gala des prix Trille Or. Unis TV a été très satisfait de la manière dont l’événement s’est déroulé et aimerait à nouveau être partenaire pour la prochaine édition. De même, l’APCM veut être de plus en plus présent dans les territoires anglophones et nous essayons d’intégrer de plus en plus l’industrie musicale anglophone dans notre événement. Par exemple, nous avons eu un panel en anglais sur comment les programmateurs de festivals anglophones invitaient des artistes francophones dans leurs événements, quelles sont leurs motivations, quelles sont leur critère de sélection?

LR : Est-ce que cette ouverture a eu un impact tangible sur l’attribution des prix au Gala des Trille Or et a-t-elle permis de faire découvrir de nouveaux talents francophones?

TK : L’ouverture aux artistes de l’Ouest canadien a permis par exemple la consécration d’Annick Granger, une artiste emblématique de la Saskatchewan très présente en Ontario qui a remporté quatre Trille Or. Cela vient récompenser une longue carrière de 15-20 ans. Mehdi Cayenne a également été récompensé alors qu’il marche très bien avec son nouvel album, mais là où je mettrais vraiment une pièce dessus c’est Ponteix, un groupe rock alternatif de la Saskatchewan qui a également remporté quatre Trille Or. L’ouverture à l’Acadie nous a aussi permis d’avoir une présence des artistes de l’Est tels que Caroline Savoie, Dans l’Shed, Joey Robin Haché, ce qui a été super positif pour l’énergie autour du Gala.

LR : Et qu’en est-il de la scène franco-ontarienne?

TK : Ça n’a jamais été autant prolifique en termes d’albums, de clips ou de singles. Nous n’avons jamais eu autant de production en Ontario. On a vraiment eu un spotlight par rapport à notre industrie, notre activité grâce au Gala des prix Trille Or où on a showcasé pas mal d’artistes. C’est super bénéfique! En parallèle nous avons également une stratégie d’internationalisation des artistes de l’Ontario sur des festivals en France ou en Europe. Tous les outils sont en place pour faire en sorte de propulser nos artistes. Après pour ce qui est de la réussite, cela est aussi du ressort de chaque artiste et de l’investissement mis dans leurs projets pour aller de l’avant.

LR : Plusieurs artistes proches de l’APCM ont également été programmés au Festival des Franco-Ontariens, que peux-tu nous dire à propos des prestations réalisées au cours de cet événement?

TK : Ce n’est pas l’APCM qui organise le festival, nous on est seulement partenaire sur plusieurs initiatives, notamment avec le projet Rond-point. On a également un kiosque de vente d’albums au sein du festival que nous essayons d’animer en invitant les artistes franco-ontariens à venir discuter avec leur public. Et pour la première année, on avait une petite scène à côté du kiosque où on a programmé quatre artistes dans les temps morts du festival, durant les changements de scène par exemple. Cela a été vraiment positif, car cela a permis d’amener du monde autour du kiosque, de faire découvrir des artistes que le festival n’avait pas initialement programmés et de vendre des albums.

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