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Arts et culture

Critique de la première pièce du Club de théâtre de l’U d’O, Gatsby le Magnifique

Emmanuelle Gauvreau
14 novembre 2023

Crédit visuel : Courtoisie du Club de théâtre de l’Université d’Ottawa

Critique rédigée par Emmanuelle Gauvreau — Journaliste

Le Club de théâtre de l’Université d’Ottawa (l’U d’O) présentait du 8 au 11 novembre 2023 au théâtre Gladstone sa toute première pièce de théâtre à titre de nouveau club de l’Université. Quoi de mieux pour débuter que de monter Gatsby le Magnifique de F. Scott Fitzgerald, ce classique de la littérature américaine qui ne laisse personne indifférent.

Le Club de théâtre de l’U d’O s’engage à fournir aux étudiant.e.s l’occasion d’explorer leur passion pour les arts de la scène. Entièrement dirigé par des étudiant.e.s de l’Université, l’organisme aspire à produire des pièces de théâtre, des comédies musicales et des événements anglophones au profit des étudiant.e.s de l’U d’O et de la communauté théâtrale de la région.

Pour commencer la saison, c’est Sarah Cantin qui a assuré la mise en scène de la pièce d’environ une heure et demie. Rappelons-nous que Gatsby le Magnifique se déroule à Long Island dans les années 20 et suit le jeune et mystérieux millionnaire Jay Gatsby, qui tente de reconquérir son amour perdu, Daisy Buchanan. À travers les yeux du narrateur Nick Carraway, le public explore les thèmes de la richesse, de l’amour et de la corruption du rêve américain.

Le jeu : la plus grande force de la pièce

S’il y a bien une chose impressionnante, c’est la distribution profondément fidèle aux traits de caractère des personnages. Cela ne prenait pas beaucoup de travail d’interprétation : tout pouvait se lire grâce aux traits de caractère et physiques spécifiques à chacun.e des acteur.rice.s. À noter que la majorité de ceux.celles-ci a de l’expérience en théâtre ou étudie ledit domaine.

Andrew Lemieux dans le rôle de Nick Carraway appuie parfaitement la narration de la pièce avec son jeu à la fois franc et naïf. Il ne se laisse jamais influencer par les soupirs, les pleurs et les extravagances des autres personnages. Parmis celles.ceux-ci, on retrouve Tom Buchanan (Zachary Sieber), mari de Daisy Buchanan (Breanna Sirois), Jordan Baker (Madeline Hiltz), golfeuse célèbre ami du couple, ainsi que Jay Gatsby (Corgand Svendsen), dont l’amour secret et quasi enfantin avec Daisy est exaspérant.

La chimie entre les personnages est indéniable. Nos deux personnages principaux, Corgand Svendsen et Andrew Lemieux, ont une complicité et une vulnérabilité magnifiques. De même pour Svendsen et Breanna Sirois, dont les caractéristiques physiques détonnent, mais à qui on s’attache automatiquement.

Dans sa proposition de jeu, Svendsen opte pour un Gatsby dont on reconnaît certes la grande vulnérabilité, mais qui apporte le côté enfantin et insolite à un niveau parfois excessif. De même pour Breanna Sirois qui propose une Daisy légère et frivole, mais qui tombe parfois dans le piège de l’exubérance. Leurs excès respectifs se marient toutefois à merveille.

Zachary Sieber et Madeline Hiltz, dans leurs rôles secondaires, viennent parfaitement resserrer la boucle de la tension tout au long de la pièce. Hiltz, par sa présence hypnotisante, et Sieber, homme cocu trompant lui aussi sa femme, en restant ferme dans sa masculinité toxique. Les deux sont formidables.

La distribution est tout à fait la colle de ce spectacle, qui perdait de sa force dans certains choix de transitions et dans le travail technique.

Resserrer le tout ?

Sarah Cantin semble avoir tout misé sur l’interprétation dans son travail de mise en scène, ce qu’elle a fait à merveille. Toutefois, un resserrement aurait pu être fait en matière du rythme des transitions de scène.

Des choses aussi simples que de rendre plus rapide les transitions, ou alors d’ajouter de la musique pour éviter d’entendre les technicien.ne.s en train de déplacer les décors. Les seules choses qui semblaient pressées dans la pièce étaient les éclairages, fermant à quelques reprises sur les interprètes qui n’avaient pas encore terminé leurs scènes.

Il va sans dire qu’il est difficile de ne pas comparer la pièce au film de Baz Luhrmann, dont le rythme rapide donne l’impression que quelque chose pourrait s’effondrer à tout moment. Cette tension du rêve américain que l’on ne peut pas atteindre n’était pas très perceptible dans la pièce. Il aurait été à l’honneur de celle-ci de davantage miser sur cette tension.

Un peu plus d’excès, que ce soit dans la musique ou dans le rythme des transitions et des scènes, aurait permis au public de davantage s’immiscer dans le climat artificiel anxiogène qu’était, et est toujours, le rêve américain.

La prochaine production présentée par le club sera Heathers: The Musical, dates à venir.

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