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Arts et culture

Un théâtre pour tou.te.s, peu importent les moyens

Stella Chayer Demers
27 septembre 2022

Crédit visuel : Nicholas Monette – Directeur artistique 

Article rédigé par Stella Chayer Demers – Cheffe du pupitre Arts et culture

Une ère de changement et d’inclusion s’annonce à la Nouvelle Scène (NS), qui a dévoilé en septembre sa nouvelle programmation pour la saison 2022-2023, ainsi que l’arrivée d’une billetterie flexible. Celle-ci permettra aux amateur.ice.s de théâtre de payer le prix qu’il leur plaît, et ce, même au montant de zéro dollar.

La nouvelle a été annoncée dans la foulée d’autres compagnies, comme le théâtre Cercle Molière et le Théâtre du Nouvel-Ontario, qui ont eux aussi adopté un système de billetterie dit « flexible ». Le changement est survenu après une réflexion commune entre les quatre compagnies résidentes et fondatrices de la NS (Théâtre de la Catapulte, Théâtre du Trillium, Vox Théâtre et Théâtre de la Vieille 17) et la NS elle-même.

Son but ? Rendre l’accès à l’art et la culture plus accessible à tou.te.s et à chacun.e, affirme Nicolas Formell, responsable de la billetterie à la NS.

Des billets gratuits, vraiment ? 

Deux semaines après le début de sa saison, la NS n’éprouve aucune inquiétude face à ses recettes ; elles restent sensiblement les mêmes. « Pour nous, pour l’instant […] c’est une belle réussite puisqu’on a plus de réservations, mais on a autant d’argent qui est rentré », se réjouit en effet Formell.

S’il y a des billets achetés pour zéro dollars, c’est que le contraire existe aussi, rappelle Pierre-Antoine Lafon-Simard, directeur artistique et général du Théâtre du Trillium. Ces billets achetés au prix fort, affirme Lafon-Simard, sont une occasion pour les membres du public de contribuer à la culture. « Quand on achète un billet à quarante dollars, on permet à deux personnes de prendre des billets à zéro dollar », explique-t-il.

Il n’y a pas non plus de limite au nombre de billets achetés gratuitement, bien qu’il faille tout de même réserver un billet. Il n’y aurait donc aucun problème, affirme Formell, si tous les billets étaient vendus au prix de zéro dollar, pour qui c’est un plaisir de voir tant de personnes venir à la NS.

Il rappelle également que les arts et la culture sont au Canada subventionnés. Cet argent « a surtout pour but de réduire le prix des billets », explique-t-il. Il donne comme exemple un billet de concert, qui peut facilement, dans les cas d’artistes très connus, atteindre des centaines de dollars. Le coût de ces billets paye, entre autres, le salaire de l’artiste et son équipe. Mais chez la NS, une grande partie de ce coût (qui permet de payer la location, les artistes, la main-d’œuvre, les décors, etc) est absorbée par ces subventions gouvernementales. Il était donc évident, pour lui et l’équipe de la NS, d’utiliser ce privilège pour redonner à leur communauté.

« Du beau et du bon monde »

La NS éprouve la volonté de rendre la culture plus accessible, et ainsi d’éliminer les obstacles à la consommation des arts vivants en français à Ottawa, précise Lafon-Simard.

Le public cible que la NS souhaite apprivoiser avec ce changement est en partie constitué de francophones immigrant.e.s. « On observe un fort afflux de nouveaux.elles membres de la communauté francophone, ce sont souvent des personnes issues des communautés de la diversité. […] On voulait que les nouveaux.elles arrivant.e.s, qui ont beaucoup de choses à gérer, aient accès à la culture, que ce ne soit pas seulement réservé à une élite économique », explique Lafon-Simard.

Les retombés de la pandémie 

Le milieu des arts vivants a été durement frappé durant la pandémie, ce qui rend d’autant plus importante la réponse du NS aux conséquences culturelles et économiques de ces deux dernières années, constate Lafon-Simard. L’équipe de la NS s’est rendu compte, lors de la pandémie, qu’elle avait un rôle social et communautaire important à jour, et même un devoir envers les artistes et artisan.e.s de la région, ajoute-t-il. Il trouvait ainsi intéressant de proposer une initiative « solidaire ».

L’inflation a rendu le loyer, la nourriture et le carburant plus cher ; le prix du divertissement n’est pas une exception. La billetterie flexible est, selon Lafon-Simard, une façon de motiver ce public à revenir dans les salles de théâtre.

La nouvelle programmation, un moyen d’explorer

La saison 22-23 de la NS annonce une nouvelle ère d’inclusion, non seulement par sa billetterie flexible, mais également par son effort conscient de diversifier sa programmation. Lafon-Simard informe en effet que dans cette programmation, dans laquelle figurent des artistes issu.e.s de la diversité, il est possible de trouver du théâtre pour tout âge et tous goûts. La seule constance de ce programme ? La qualité et le professionnalisme, répond-il. « On démocratise la culture, mais pas au détriment de la qualité, de la richesse ou de l’originalité de la programmation », explique-t-il. 

Le message qu’envoie la NS à son possible futur public est clair, et résumé simplement par Formell : « venez, et invitez quelqu’un ». La nouvelle billetterie flexible permet en effet au public de prendre des risques artistiques, et d’inviter les gens plus aisément. Par cette prise de risque sans conséquence monétaire, la NS offre à son public le privilège de découvrir.

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