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Arts et culture

Théâtre et septième art valorisés malgré la difficulté

Culture
10 avril 2021

Crédit visuel : Valérie Soares – Photographe 

Article rédigé par Marie-Ève Duguay – Journaliste 

Du 15 mars au 15 avril, Pierre Antoine Lafon Simard, Directeur artistique du Théâtre du Trillium, présente son projet Eject : Vidéoclub d’arts vivants. Créée en collaboration avec la Nouvelle Scène Gilles Desjardins et ses partenaires, l’initiative vise à soutenir les artistes qui ont durement été touché.e.s par la crise sanitaire. 

Lafon Simard confie qu’il s’est inspiré des anciens vidéoclubs pour mettre son projet sur pied. Il cherchait ainsi à « offrir une programmation qui diffère de ce que nous retrouvons sur Netflix », afin de supporter les artistes et leurs projets qui devaient déjà être présenté.e.s au Théâtre du Trillium avant la pandémie. Pour cinq dollars seulement, souligne-t-il, les gens peuvent avoir accès à une panoplie d’œuvres variées. 

Programmation hétéroclite

Le Directeur souligne que les participant.e.s au projet sont issu.e.s des quatre coins de la planète. Aux deux cinéastes français Gwendal Sartre et Fabien Zocco, se joignent Randa Maroufi, plasticienne marocaine, et Priscilla Guyartiste multidisciplinaire faisant le commissariat de six courts-métrages d’artistes provenant du Québec, de l’Ontario, du Nigéria et d’Israël. Les quatre intervenant.e.s s’entendent pour dire que leur programmation est foisonnante, et cherche à rassembler des publics différents.

Avec leur film Attack on the Sun, dont le dialogue a été généré par une intelligence artificielle, Sartre et Zocco rejoignent l’idée de diversité que cherchait à appuyer Lafon Simard avec Eject. « C’est la démarche poétique du film qui fait surtout rêver », ajoute-t-il. Zocco souligne que l’effet numérique et les dimensions poétiques du long-métrage permettent au film de sortir des carcans de la création.

Guy rapporte également que ses courts-métrages répondent à cet objectif, et que les œuvres de ciné-danse qu’elle présente offrent une expérience « autre des images auxquelles nous sommes habitué.e.s ». Elles explorent un rapport qui est plus sensoriel et, ainsi, diffère des histoires classiques puisqu’elles ne contiennent pas de protagonistes bien définis, dévoile-t-elle. L’artiste situe donc ses projets dans le domaine du « ressenti, et moins du narratif ». C’est dans un contexte similaire que s’inscrit le projet de Maroufi, qui rejoint le documentaire et la fiction en explorant la mise en scène des corps dans des espaces variés. 

Contexte de crise 

Maroufi rappelle que l’art est particulièrement important en cette période étrange qu’incarne la pandémie. Un projet comme Eject est en effet indispensable d’après Guy, puisqu’il sert à cultiver la curiosité et l’étonnement des gens. Cette dernière mentionne que la programmation devient une « petite bouffée d’air frais », en ces temps marqués les contenus numériques et la communication en ligne.

Les deux cinéastes français remarquent que si leur film a été produit en 2017, il demeure encore d’actualité aujourd’hui. Sartre révèle que le protagoniste s’y retrouve en « manque de relation humaine, et est persuadé d’être coupé du monde », faisant ainsi écho aux nombreuses périodes de confinement des derniers mois. Zocco renchérit en stipulant que la situation mondiale actuelle pousse les individu.e.s à perdre leurs liens sociaux au profit des relations virtuelles, et qu’Attack on the Sun cherche justement à démontrer le malaise créé par le monde numérique sur les esprits des individu.e.s.

Guy signale que le projet Eject et les œuvres qui y sont présentées permettent aux spectateur.ice.s de se redécouvrir, et rend les œuvres beaucoup plus accessibles pour les personnes de la région. « [Il] permet aux gens qui n’auraient pas les moyens d’aller voir des pièces [plus chères] au théâtre en temps normal, de découvrir des œuvres différentes de ce qui passe à la télévision », illustre-t-elle. 

Ontario français

Le Directeur artistique stipule qu’un projet de cette envergure est d’une grande importance pour les Franco-Ontarien.ne.s de la région. En effet, il voit en Eject un témoignage de la haute qualité des œuvres francophones qui sont présentées à Ottawa. Si l’initiative exhibe des « artistes et des grands films de reconnaissance mondiale », il remarque que les œuvres exposées ne relèvent pas du travail amateur et s’affirment fièrement dans un milieu minoritaire.

Lafon Simard incite ainsi tout le monde à visiter le site internet du projet, et à visionner les œuvres qui les interpellent. Il croit que c’est avec ce type de soutien que le milieu artistique franco-ontarien et les centres de diffusion locaux pourront réellement prospérer, malgré ces temps compliqués. 

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